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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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regard. Des perles de cendre inondaient son visage, lui conférant une pathétique beauté.
    Elle se tenait toujours prostrée à mes pieds, les bras levés vers moi, en un geste d’oblative imploration. J’eus honte derechef du traitement que je lui infligeai, mais il était trop tard pour la prendre en pitié.
    « Vous avez répondu à la première question. Le mot de passe, à présent, ma Dame, le mot de passe !
    — Un mot de passe ? Quel mot de passe ?
    — Il n’est plus temps de tergiverser, ma Dame. Vous n’ignorez pas que la production de l’ordre de succession et des lettres à changer ne suffisent point pour faire reconnaître les droits de ma sœur Isabeau ! Vous l’avez lu avant moi !
    « Vous savez qu’il faut, en outre, écrire ou prononcer un mot de passe transmis par tradition orale pour attester que l’on n’agit pas sous la contrainte. Vite, vite ! Il n’est plus temps d’atermoyer. Votre vie en dépend, insistai-je vivement.
    — Je l’ignore, mon bel ami.
    — Vous avez grand tort, ma Dame ! Si vous l’ignoriez, vous n’auriez pas répondu “je l’ignore”. L’ignorer, c’est reconnaître qu’il existe.
    — Ma nièce Isabeau, craignant ce jour-là pour sa vie, il y a fort longtemps, a simplement prononcé ces trois mots : sustine et abstine. »
    Il me semblait avoir déjà entendu cette maxime. Mais aussi loin que je fouillais dans ma mémoire, je ne parvins pas sur l’heure à m’en souvenir. Or il existait, selon les écrits que j’avais découverts, une suite à ce mot de passe qui devait ouvrir la clef du fabuleux trésor des hérétiques albigeois. Détenu depuis un demi-siècle par ses ultimes banquiers, probablement les chevaliers de l’Ordre de Sainte-Marie des Teutoniques.
    Aussi surenchéris-je très vite dès qu’elle eut prononcé son acte de soumission :
    « Cela ne suffit point, il faut connaître la réplique qui doit être donnée.
    — Je ne sais rien de plus. Je le jure sur les Évangiles. Fais de moi, ce que te plaira, mais je ne puis dire ce que je ne sais. Peut-être mon fils Arnaud, ce renégat, l’aurait-il appris ? »
    Je fis entrer Marguerite à nouveau et je fis part à la baronne des sentiments que m’inspirait son fils après avoir enquêté sur les circonstances de la cécité de ma sœur :
    « Votre fils Arnaud ? Les filles qu’il ramasse sentent si fort le fumier qu’un bain ne suffirait pas à le débarrasser de leur odeur. Les défauts dont vous, ma Dame sa mère l’avez paré, grouillent comme les vers sur une charogne. Loup il est, loup il restera !
    — Les loups, les loups ! En as-tu seulement descharpi pour en parler avec autant de suffisance ? se révolta Éléonore.
    — Non point. Mais l’homme peut dresser sur leurs voies des pièges dans lesquels ils se précipiteront avant de se rembucher, s’ils sont tendus d’adroite façon. Car ils sont moins dangereux que les ours bruns. Et votre fils n’est pas un ours. Il n’en a ni le courage ni l’intelligence.
    « Aidez-moi, ma Dame, à mettre la main sur Arnaud de la Vigerie et vous vivrez assez longtemps pour épouser votre chevalier servant. Et jouir, si toutefois elle y consent, d’une part de la fortune de votre nièce. Vous aurez en outre le privilège d’assister au jugement de votre fils.
    — Fais de moi ce que voudras, mais de grâce, protège ma nièce !
    — Ces dernières paroles vous honorent, ma Dame. Je vous en rends grâce. Nous la protégerons si nous réussissons à attirer votre fils honni devant le tribunal que je lui réserve. Devant le tribunal que je réunirai pour le confondre. Avant le prononcé de la sentence. Devant mon tribunal. » Devant le Tribunal de l’ Ombre.
     
     

     
     
    « Relevez-vous, baronne. Une dame de votre rang ne s’agenouille point devant un simple écuyer.
    — Vous êtes plus qu’un simple écuyer, messire Brachet de Born (elle avait repris le vouissoiement). Vous êtes paré de tous les charmes de la nature et en prime, de belle et intelligente perspicacité. Vous avez su tantôt m’accabler, tantôt me flatter pour me faire avouer ce que j’avais enfoui au plus profond de moi. Vous êtes d’une adresse redoutable. Je vous hais et vous aime à la fois !
    — Vous aimez trop chaudement et haïssez trop froidement. Vous semblez oublier qu’en vertu de cet esprit de chevalerie dont vous avez parfois douté, et quelles que soient les bouffonneries auxquelles je me suis prêté en

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