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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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d’aucuns devaient changer de camp à chaque fois qu’un compain était occis, tous les champs de bataille deviendraient des tournois-mêlées comme ceux d’antan où l’on ne pouvait plus, paraît-il, distinguer amis et ennemis !
    « Ne croyez-vous pas messire… messire… au fait comment vous nomme-t-on, messire ? m’enquis-je en toisant l’émissaire du comte de Derby.
    — Je suis le chevalier Géraud de Castelnau d’Auzan ! »
    Un Gascon, me dis-je. Des yeux de bovin, fortement écartés, la paupière lourde, le poil noir, un nez de fouine aux narines étroites et pincées, la mâchoire de travers, des dents de cheval jaunes et ébréchées, les oreilles ; les oreilles je ne les voyais pas sous le bacinet. Mais elles auraient été en chou-navet que cela ne m’aurait pas étonné. Fin de race.
    « Ne seriez-vous pas au service du sire de Castelnaud de Beynac ? » Ma question provoqua un moment de stupeur dans l’assistance. L’émissaire gascon, pris sans vert, en fut un instant décontenancé. J’en profitai pour l’acculer tout de gob :
    « Vous en portiez bien les couleurs, il y a trois ans, si je ne trompe, lorsque vous tentâtes ès qualités de me soustraire à mon maître, le baron de Beynac ? {xxxii}
    — Castelnaud n’a rien à voir en cette affaire. J’agis sous la foi de mes convictions et reconnais le roi Édouard pour mon suzerain légitime, et dénie l’usurpateur Philippe.
    — Oyez, oyez messires chevaliers, comme une rumeur peut être dénuée de tout fondement : je croyais bien que notre voisin de Castelnaud-la-Chapelle était à la solde du roi d’Angleterre ! » ironisai-je en éclatant de rire pour rallier mes compains à mon tour de passe-passe. Quelques sourires fleurirent sur leurs lèvres. Le vent pouvait tourner en ma faveur. Il suffisait du souffle d’un ange. Je saisis l’occasion pour couper court aux états d’âme :
    « Messire d’Auzan, nous allons débattre de votre proposition sur le champ. Entre nous. Je vous prie de bien vouloir prendre notre réponse ce jour d’hui avant sexte ! » tranchai-je en tournant les talons.
     
    Le fringant émissaire du comte de Derby, le félon chevalier Géraud de Castelnau d’Auzan, avant de claquer le mézail sur le bacinet et de tourner bride, hucha à oreilles étourdies :
    « Avant sexte ! Et pesez les termes de votre réponse sur le trébuchet de la vie et de la mort !
    — De grâce, messire, veillez plutôt à ce que vos écuyers n’oublient point de baisser la hampe de leur lance en franchissant la barbacane, cette fois ! Nous ne souhaiterions point tapisser notre salle d’armes d’une bannière aux armes des léopards d’Angleterre ! Ce trophée acquis sans gloire nous ferait bien piètre honneur ! » m’exclamai-je sans relever l’injonction.
    Ils franchirent le passage de la herse, lances couchées, sous les applaudissements de mes compains, sous leurs quolibets et quelques sifflets. Le désastre avait été évité d’extrême justesse.
    Un nuage passa dans le ciel. L’ombre de mon ange gardien planait sur moi.
     
     

     
     
    « Oh, oh ! Il me plaît à voir que vous avez retrouvé votre superbe, messire Bertrand ! Par Saint-Georges, je commençais à désespérer ! Vous voir ainsi prostré ces derniers jours, vous ! Vous, le fringant damoiseau, notre chef de guerre ! Tant mieux ! N’est pas poltron qui veut ! » tonna le chevalier Guillaume de Lebestourac, la gueule bellement fendue d’un sourire carnassier qui dévoilait des dents d’une blancheur éclatante. L’effet de la reuglisse de Marguerite certainement.
    « Mon bon chevalier Guillaume, plutôt que de me barrer le passage de votre imposante stature, puis-je vous demander de réunir vos compères en la salle du Conseil ? Et prier ce chevalier qui a combattu aux côtés du roi de Bohême lors de la bataille de Crécy de bien vouloir, en sa qualité de doyen, ouvrir le débat sur la conduite que nous devons tenir.
    « Sa sagesse apazimera les esprits les plus échauffés en attendant que je vous rejoigne. La chose sera faite avant tierce. J’ai, sur l’heure, une affaire de grande importance à régler.
    — Notre doyen par l’âge serait-il devenu votre ami ou votre compère en chevalerie ?
    — Je n’ai que faire d’un ami, messire Guillaume, j’ai besoin d’hommes intègres et féaux au comte du Pierregord et à notre roi Philippe. » À voir la mine chagrine du chevalier, je

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