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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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votre présence (je pensais à la cérémonie sacrilège du melioramentum que je lui avais administrée), j’ai fait vœu de vous protéger.
    « Si Dieu le veut. Et si Foulques de Montfort le peut. Mais votre vie est encore entre mes mains. Accordez-moi belle et noble confiance, et je me porterais fort de votre sauvegarde. Un dernier geste et… »
    La baronne avait perdu sa superbe. Avant que je n’eusse le temps d’achever ma phrase, elle s’était effondrée à mes pieds, telle Marie-Madeleine au pied de la Croix, et baisait mes chausses de ses larmes.
    Je la pris dans mes bras, la serrai contre moi et lui donnai la colée sous les yeux ahuris de Marguerite, avant de poursuivre avec plus de douceur :
    « Baronne, le temps nous fait défaut. Je vous l’ai déjà dit. Je vais de ce pas défendre votre cause et ester en votre faveur devant le Conseil de nos chevaliers pour qu’ils ne vous livrent point à Castelnaud de Beynac.
    « Auparavant, il importe que soit consigné par écrit et par-devant témoins ce dont vous m’avez instruit. À savoir votre témoignage sur les agissements de votre fils Arnaud. Marguerite a bonne et fidèle mémoire.
    « Elle vous le dictera en présence des chevaliers Guillaume de Lebestourac et Romuald Mirepoix de la Tour, votre frère en l’hérésie, que je vais quérir. Elle a reçu de vous nobles et magnifiques leçons de savoir. Elle saura s’en montrer digne.
    « Sans oublier ce mot que vous copierez de votre main et que je lui ferai parvenir dès que je connaîtrais l’endroit où il s’est réfugié, ajoutai-je en tendant à ma petite lingère le manuscrit que j’avais préparé à l’attention d’Arnaud. Apposez votre paraphe et votre petit sceau sur ces deux parchemins après en avoir entendu lecture de sa bouche.
    « À présent, je vous salue et prends congé. Je dois me rendre de ce pas en la salle du Conseil pour calmer les esprits les plus échauffés et prier les chevaliers Guillaume et Romuald de vous rejoindre incontinent. »
     
    En proie à un léger doute sur la réelle soumission de la baronne, je fis rentrer Clic et Clac dans sa chambre : elle ne craignait désormais aucune intrusion impromptue ; ils veilleraient sur elle, lui dis-je, n’obéissant qu’à Marguerite et moi.
    Sur le pas de la porte, je me retournai : Marguerite s’activait déjà, préparant peau de veelin, encre et plume. Elle prenait place sur le faudesteuil devant l’écritoire de la baronne pour y consigner les déclarations qu’elle avait ouïes.
    « Baronne Éléonore, pardonnez-moi, j’oubliais : votre charmante élève ne l’est plus. Elle sera mon épouse par-devant Dieu et le curé, avant none, ce jour. Dès qu’elle sera allée à confesse. Hâtez-vous mes dames ! Nos heures avant l’assaut anglais nous sont petitement comptées ! » dis-je en revenant sur mes pas. Clic et Clac, mes dogues, frétillèrent de bonheur. Ils approuvaient une décision qui laissait les deux femmes stupéfaites, à voir le teint de cire de l’une et la rougeur qui envahissait le visage de l’autre.
    En quittant définitivement la pièce, je lançai de dos avec désinvolture :
    « Si Marguerite le souhaite encore ! Depuis le temps que je lui demande de m’épouser ! Se décidera-t-elle une bonne fois, à la parfin ? »
     
     

     
     
    Le petit Conseil que j’avais réuni se terminait à peine que la cloche de la chapelle Saint-Jean sonna sexte. Les ambassadeurs du comte de Derby, d’une ponctualité exemplaire, se présentaient derechef devant la barbacane à l’heure dite.
    Les débats avaient été chauds. Que dis-je chauds, houleux. La plupart des gens du Conseil souhaitaient livrer la baronne pour faire l’économie d’une bataille, sans se poser de questions sur les raisons de cette étrange requête. L’auraient-ils soupçonnée d’hérésie ? Voulaient-ils profiter de l’occasion pour se débarrasser d’un esprit jugé dangereusement encombrant ?
    Mais j’avais fourbi mes armes et, en l’absence du capitaine d’armes qui surveillait l’apostage des gardes, j’avais tenté de les convaincre de l’efficacité du plan que j’avais conçu. Les écuyers n’étaient point céans, non plus. Je m’étais arrangé pour les occuper aux ultimes préparatifs de défense de la place.
    À deux doigts d’un vote qui faillit bien être fatal à la baronne, j’étais parvenu à rallier la majorité des pairs à mes vues, grâce au soutien que

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