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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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d’aucuns parmi les plus preux des chevaliers m’avaient apporté in extremis.
     
    « Seule une sournoise traîtrise pourrait vous permettre d’enlever cette place, messire de Castelnau d’Auzan ! Vos échelons d’assaut, votre multitude n’emporteront dans leur reflux que les corps des braves gens que votre fendant orgueil et votre suffisance auront conduits à la mort.
    « Nos défenses sont solides, nos murs bien rehordés, nos vivres abondants et nos gens, pour peu nombreux qu’ils soient, sont déterminés à vous décompisser.
    « Adieu, messire, portez notre parole au comte de Derby et à ses maréchaux. Dites-leur qu’ils passent leur chemin avant de passer les pieds outre sous nos remparts.
    « D’autres places plus belles et mieux fortifiées que la nôtre vous ouvriront tout grand leurs portes et vous bailleront rançon sans coup férir. Nombreux sont ceux qui sévissent en notre belle comté, qui sont plus prompts que nous à se rallier à mauvaise cause. »
    La voix était un peu chevrotante. Ce n’était pas la mienne, mais celle de notre doyen, le chevalier couvert de balèvres. Il récitait sa leçon avec une belle conviction. En forçant un peu.
    Je me tenais à deux pas d’icelui et en avais décidé ainsi avec l’accord de tous pour des raisons aisées à comprendre. En espérant que l’ennemi tomberait dans le piège préparé de longue date et que je venais de lui tendre. Mordrait-il goulûment l’hameçon ? L’avenir proche ne devait pas tarder à nous fixer.
     
     

     
     
    Une légère brune tombait sur le camp ennemi à l’heure des vêpres. À l’est, dans le ciel, point de lune. Une lune noire. Une opportunité que les Anglais pourraient bien saisir. Pour tenter d’investir la place.
    Je me tournai vers le chevalier de Lebestourac. Guy de Vieilcastel se tenait à dextre, Élastre de Puycalvet à ma senestre, et Amaury de Siorac entre le chevalier et moi. Je leur fis signe de la main. Tous s’approchèrent. Aux questions que je leur posai à voix basse, ils opinèrent du chef.
    C’était étrange. Un silence de mort planait sur le village désert. Aucune torche, aucun feu n’éclairait la place. De là où nous nous tenions, nous ne pouvions plus voir les gardes qui étaient apostés sur le chemin de ronde.
    La brume s’épaississait à présent. La nuit était opaque, inquiétante, envoûtante. Aucun cliquetis d’arme, aucun mouvement ami ou ennemi. Chevaux et bêtes reposaient paisiblement.
    Puis, les premiers feux s’allumèrent dans le campement adverse. Trois, cinq, douze, une vingtaine de feux furent affoués les uns après les autres. Leurs flammes perçaient avec difficulté les ténèbres, d’un halo jaune et blanc à l’aspect irréel.
    L’avant-garde anglaise prenait ses quartiers de nuit au grand complet. Or donc, rien ne se passerait sans doute avant la levée du jour.
     
     

     
     
    Quelques heures plus tôt, juste avant le dîner, une délégation de chefs de famille s’était présentée à moi. Ils m’avaient appris que d’aucuns parmi eux avaient ouï la sommation que nous avait faite l’émissaire des Anglais. Ils craignaient pour leur vie. Leur moral faiblissait et quelques-uns envisageaient de fuir le combat en quittant la place, quitte à se livrer aux Anglais ou aux Gascons.
    J’avais aussitôt réuni les manants, hommes et femmes en la chapelle Saint-Jean pour les haranguer en présence des chevaliers et des écuyers de la garnison :
    « Bonnes gens, vous doutez de notre victoire. Vous doutez de notre capacité à décoper nos ennemis. N’êtes-vous point des hommes libres ?
    — Si, répondirent-ils en chœur, mais…
    — Accepteriez-vous encore le servage que notre saint roi Louis a aboli et que l’Anglais veut vous imposer ?
    — Non ! Nous ne le voulons pas, mais…
    — Préférez-vous vivre sous le joug de l’Anglais ou du Gascon félon ?
    — Non, nous sommes des hommes libres, mais…
    — Voulez-vous que votre femme soit saillie comme une truie ?
    — Non !
    — Souhaitez-vous que vos chaumières soient brûlées, vos vignes arrachées, votre bétail enlevé pour engraisser les soudoyers ?
    — Non !
    — Et vos champs incendiés, vos cultures ravagées ?
    — Non ! Mais…
    — Et vos enfants réduits à l’esclavage ?
    — Non, nous ne le voulons pas !
    — Cette femme, la reconnaissez-vous ? dis-je en désignant du doigt, le bras tendu, celle qui se tenait à trois pas à ma

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