Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
Vom Netzwerk:
dextre, à la fois fière et émue. Revêtue d’une magnifique robe.
    — Oui !
    — Savez-vous comment elle se nomme ?
    — Oui ! Fleur de vie, répondirent plusieurs femmes.
    — Marguerite, tu m’avais caché ce surnom, lui dis-je plus bas.
    — Vous ne me l’aviez point demandé, messire mon mari, murmura-t-elle en rougissant, avant que je m’adresse à nouveau à mes ouailles :
    — Qui est-elle ?
    — Une lingère, une simple lingère !
    — L’aimez-vous ?
    — Oui, nous l’aimons beaucoup : elle soigne et panse dextrement nos enfants, répondirent de nombreuses manantes.
    — Tant mieux ! Moi, je ne l’aime pas ! Je ne l’aime pas pour les soins qu’elle me prodigue ! Je l’aime d’amour ! Au point de la marier ! Notre curé qui se tient céans devant vous nous a uni ce jour devant Dieu ! Ne voyez-vous point qu’elle porte l’habit jaune des mariées comme il sied à l’automne ?
    — Quoi ? Un noble écuyer aurait marié une simple lingère ?
    — Oui, j’ai marié une simple lingère. La fleur de ma vie  ! En liant mon sang au sien, je vous prouve la fidélité et l’estime que je porte même aux gens les plus humbles de par leur naissance !
    — Sauf votre respect, messire, nous avons du mal à gober la farcerie de ces épousailles, ricana l’un des manants.
    — Vous ne le croyez pas, car vous n’avez pas encore trouvé aussi belle femme à votre convenance si je ne me trompe, maître Raymond ! Car vous viviez bien à pot et à feu, avant de perdre votre compagne ? Seriez-vous un tantinet jaloux ? Je me suis laissé dire que vous fréquentiez assidûment la lingerie et les cuisines. Et non point pour aider nos servantes, mais pour tenter de les paillarder ! »
    Il s’en suivit un grand éclat de rire. Sur mon invitation, le curé brandit le registre de la paroisse de Commarque et déclara qu’il nous avait unis une heure plus tôt, selon les règles de notre Sainte-Mère l’Église et par-devant témoins.
    Le silence qui suivit fut vite rompu par un tonnerre d’applaudissements.
    « Alors, le croyez-vous à la parfin ?
    — Oui, messire Brachet, nous vous croyons. Que Dieu vous bénisse, Fleur de vie, euh, pardon, Dame Marguerite et vous ! rugit une forte femme.
    — Nous décompisserons l’ennemi nous-mêmes si nos hommes sont trop lâches pour oser combattre ! clama une autre.
    — Oui, nous taillerons en pièces l’Anglais et le Gascon félon », surenchérit le chef d’une des cohortes que j’avais personnellement entraîné.
     
    Une voix grave s’était élevé soudain. Le chevalier Guillaume de Lebestourac entonnait l’un de nos chants du Pierregord. Un léger murmure l’avait accompagné peu à peu. Il avait enflé rapidement, repris par toute l’assemblée, avait envahi la chapelle, était monté jusqu’aux voûtes :
     
    Vent de fronde
    Gronde, gronde
    Contre l’Anglais
    En le duché
    Et le Gascon
    En la comté.
    À moi nobles Francs !
    Serrons les rangs !
    Hissons bannières !
    Partons en guerre,
    Déployons penons
    Sans vider l’arçon !
     
    Pour les occire,
    Pour les descharpir,
    Formons échelons,
    Chargeons à l’outrée
    Ennemis anglais
    Et traîtres félons !
     
    Faisons grand foison
    Des bras, des heaumes
    De tous ces Cochons !
    Hors le royaume,
    Pour tous les bouter
    Et à tout jamais !
     
    À mort les Anglais !
    Vive le duché
    Que roi Edouard,
    Ce porc, ce gros lard,
    Veut faire Sienne,
    Gens d’Aquitaine !
     
    Il suffit parfois de peu de choses pour rétablir la confiance et exalter le courage de ceux qui doutent. Un chant de sédition par exemple, entonné à propos.
     
     

     
     
    L’air était froid, humide. Il pénétrait sous la chaude brigandine noire que j’avais enfilée. Noir, je l’étais d’ailleurs de la tête aux pieds. Mais c’était tout juste si mes pieds, je pouvais les voir à présent. Un chevalier noir. De noir vêtu.
    Elle est cependant étrange, cette faculté de pénétrer l’obscurité lorsque les yeux s’y accoutument. Tels ceux d’un chat comme Cloc, qui verraient mieux, selon d’aucuns, la nuit que le jour. Je n’en avais cependant pas les pupilles fendues et l’ouïe aussi fine. Et le brouillard s’épaississait.
    Je serrai la poignée de mon épée d’estoc. Elle aussi était froide. Mais rassurante. Celle de mon braquemart aussi. Entre ma brigandine matelassée et le bliaud de grosse toile que j’avais enfilé à même le corps, ma cotte de

Weitere Kostenlose Bücher