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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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ces échelles d’assaut à verge centrale, ou lancer des grappins sans attirer notre attention au moment où ils avaient heurté la pierre des créneaux ?
     
    Épée brandie, ils furent bien surpris de n’y voir aucun défenseur. Une première volée de flèches, décochée à tir tendu à moins de trente pieds par les meilleurs de nos archers paysans, surprit les premiers assaillants et en occit une bonne douzaine.
    Leur corps, tantôt s’affala entre les merlons, à cheval sur les créneaux, tantôt chut en arrière, précipité dans le vide, pour se desrochier deux cents pieds plus bas sur les rochers talutés.
    Une deuxième volée affoua les brûlots que nous avions disposés tout au long du chemin de ronde, aveugla ceux qui prenaient pied sur les remparts. Ils devinrent des cibles parfaites même pour les plus piètres de nos tireurs.
    Mais les chanlattes d’assaut restaient en place et un nombre de plus en plus grand de chapels de fer se hissait par-dessus les murs en vagues successives. Une nouvelle volée de flèches les cloua sur place.
    Ceux qui suivirent enjambèrent le parapet et se ruèrent sur les premiers défenseurs qui, enfreignant mes ordres, avaient gravi les escaliers et se précipitaient à leur rencontre sur le chemin de ronde.
    Les archers paysans que j’avais placés en contrebas ne pouvaient plus tirer sans risquer d’occire ou de blesser leurs compains. La vague godon balaya nos trop téméraires et insoumis valets et sergents d’armes. Plusieurs d’entre eux baillèrent leur témérité et leur désobéissance de leur vie.
     
     

     
     
    Guillaume de Lebestourac me rejoignit au pas de course. Il se dressa à mes côtés. Je le suppliai :
    « Messire Guillaume, faites selon l’ordre de bataille dont nous étions convenus ! De grâce ! Que quiquionques ne montent sur les créneaux ! Nos archers paysans ont fait merveille jusqu’alors. Ils briseront l’ennemi en les ajustant comme des lapins s’ils ne craignent pas de toucher l’un des nôtres !
    —  Moderato cantabile , moderato diabolicum   ! Au diable votre plan, messire Bertrand ! J’ai besoin d’exercice ! Je vais de ce pas en descoleter plus d’un ! » rugit-il en desforant et en gravissant quatre à quatre les premières marches du chemin de ronde.
    Dommage qu’une telle agilité, qu’une telle science des armes ne puisse être asservie, regrettai-je. Aucune parole ne pourrait, je le savais, contraindre ce merveilleux chevalier au chef par trop écervelé à en faire d’autres manières qu’à sa tête. Làs ! Amaury de Siorac se précipita à son tour, sans crier gare, sans me demander mon avis.
    La bataille tournait mal. Le plan ingénieux que j’avais conçu pour piéger l’Anglais risquait de s’effondrer comme château de cartes et se retourner contre nous, sans que je puisse mobiliser mes cohortes mobiles d’archers et d’arbalétriers.
     
     

     
     
    Un corps sanguinolent, transpercé par les pieux de la herse, bouffait le purin. Les sabots de fer lui avaient brisé les reins au moment où il franchissait le passage, dès que j’avais déclenché la mécanique de la fermeture.
    Assez curieusement, les pieux avaient épargné les lys de France de son surcot. Il n’en avait pas été de même des léopards d’Angleterre. L’or me sembla avoir viré au rouge écarlate de leur champ de gueules. Le malheureux, cloué au sol, gisait dans une mare de sang. Son heaume avait roulé sous ce qu’il avait pris pour un assommoir et qui n’était qu’un modeste encorbellement.
    À deux pas devant lui, dans la pénombre, l’homme qui avait réussi à franchir la herse avant sa fermeture, se dressait, interdit, sans bouger. Il me semblait reconnaître (je n’en crus pas mes yeux), René le Passeur. Il me fixait de ses yeux vairons sans parvenir à m’identifier.
    Et pour cause. Nous avions tous les quatre, Romuald Mirepoix, Guy de Vieilcastel, Élastre de Puycalvet et moi, le visage noir. Marguerite nous avait enduit la face de suie, de charbon et de cendres de bois, en un mélange savamment dosé de suif et de glu. Tels des esclaves sortis des geôles des négriers d’Afrique, nous étions méconnaissables.
    La lumière des torches éclairait d’un jeu d’ombres et de lumière nos visages hallucinés. Une forte senteur d’urine et de purin montait du passage situé sous la chapelle. Son odeur aigre nous piquait atrocement les narines.
     
     

     
     
    Nous entendions le cliquetis

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