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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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l’innocenter de la propagation de la pestilence. Mais pas nécessairement du meurtre du chevalier de Sainte-Croix survenu bien avant notre départ outremer, en la chapelle de la maison forte de l’Ordre de l’Hôpital construite près du village de Cénac, et peu éloignée de son château de Castelnaud.
     
     

     
     
    Complies sonna à la cloche de la chapelle. Un son cristallin étouffé par la chape de plomb qui tombait sur notre village et ses habitants. C’était étrange. J’avais en effet ordonné au sacristain de ne plus sonner la cloche de nuit.
    Aucun autre bruit. Le silence, épais, dense comme le brouillard, retomba sur nous. L’air était lourd, pesant. Terriblement angoissant. Mais il ne se passerait vraisemblablement rien avant le lendemain. À l’heure des laudes. Dame Éléonore de Guirande pourrait reposer en paix, là où je l’avais conduite. Sa sinistre servante, Annette, aussi.
    J’en étais là de mes pensées lorsqu’une forte odeur de fumier, de bouse de vache, d’urine et de purin me saisit soudainement les narines. Des chevaux hennirent dans leur stalle, suivis du meuglement des vaches et du bêlement des moutons dans leur enclos. Nos meilleures sentinelles criaient à l’arme.
    Aucun doute possible. L’ennemi approchait. À pas de loup. En grand silence.
     
     

     
     
    Munies de provisions de bouche, de deux pintes de vin et de quatre pintes d’eau, de quelques vêtements chauds, de calels et de coutils rembourrés de laine et de crin, la baronne et sa lugubre servante ne manqueraient de rien. Enfin, pendant quelques jours. Sauf si le siège devait perdurer.
    D’aucuns penseront qu’en les guidant dans la crypte qui menait aux souterrains, j’avais ainsi introduit la louve sur le chemin de la salle capitulaire de ce que je pensais être une ancienne commanderie templière.
    Le risque, en vérité, était faible que ces dames y parviennent, les chevilles reliées entre elles par une chaîne qui limitait considérablement leurs déplacements.
    Et quand bien même y seraient-elles parvenues ? Elles n’auraient vu que des cénotaphes, deux bancs circulaires taillés autour d’une table ronde et poussiéreuse. Car j’avais pris soin, lors de mon incursion dans les souterrains, de recouvrir les uns et les autres d’un mélange d’argile et de résine aux endroits où j’avais gratté la surface pour découvrir la présence de chiffres et de signes cabalistiques.
     
     

     
     
    Un bruit d’enfer. Le sol trembla sous mes pieds. Une hurlade brève mais épouvantable, suivie d’un râle d’agonie me glaça le sang. Je venais de trancher la corde qui commandait à distance la fermeture de la herse.
    J’embouchai l’olifant pour corner trois sons brefs. Puis je huchai à gueule bec : « À l’arme ! À l’arme ! » Le tocsin ne sonna pas. Le tocsin ne devait pas sonner, c’était mon ordre.
    Aussitôt, le village de Commarque s’illumina de dizaines, puis d’une centaine de feux. Le mélange de soufre, de poix et de paille fraîche s’embrasait malgré l’humidité, crevant le brouillard, découvrant un spectacle d’une inoubliable beauté. D’une terrifiante et mortelle beauté.
     
    Un homme en armes était parvenu à franchir le passage juste avant que la herse ne mordît le sol. Il se tenait devant moi, à contre-jour des torchères, à dix ou douze pas, surpris, les yeux hagards, ébloui par la lumière des feux qui grésillaient autour de l’enclos. Un enclos formé d’une palissade de solides pieux finement épointés. Je crus reconnaître cet homme, non sans stupéfaction. Ce n’était pas celui auquel j’avais pensé.
    De là où je me tenais, mon attention fut détournée par le sifflement aigu des flèches décochées par nos défenseurs, les cris poussés par les assaillants qui prenaient pied sur le chemin de ronde entre la Maison à contreforts et la Tour Jehan des Escars.
     
     

     
     
    Le chevalier Romuald Mirepoix de la Tour me bouscula en pénétrant par le seul passage resté franc à l’intérieur de l’enclos.
    Sur les créneaux, sur les hourds qui renforçaient nos défenses entre la Tour-porte et la chapelle, entre la chapelle et la Maison au four, Godons et Gascons montaient à l’assaut avec une agilité surprenante. Cette avant-garde était composée de troupes d’élite beaucoup plus dangereuses que je ne l’avais imaginé.
    Comment diable avaient-ils bien pu gripper le roc avant d’y poser leurs chanlattes,

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