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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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que l’eau de la source ait été momentanément déviée lors de l’ouverture de la vanne. Elles étaient surtout gluantes. De petites mousses verdâtres étaient incrustées dans la pierre. Elles rendaient notre progression dangereuse {xi} .
    Après avoir descendu les marches du premier puits, nous parvînmes, à la queue leu leu, à l’entrée du passage. Marguerite fermait la marche. Je huchai une nouvelle fois à ceux qui me suivaient, de prendre garde au piège qui les guettait et de veiller à ne pas poser le pied sur la planche qui se trouvait au centre. Marguerite ne l’entendit-elle pas ?
     
    Parvenu au seuil du piège mortel qui nous attendait, il me fut impossible d’en discerner les contours tant l’obscurité était profonde. J’approchai ma torche du sol. Un courant d’air glacé en rabattait la flamme vers moi. En me penchant prudemment, je parvins à éclairer le passage. Il était moins haut que ne le laissaient penser les plans que m’avait montrés le baron de Beynac.
    D’apparence paisible bien qu’encore un peu humide, la planche piégée s’encastrait parfaitement entre les marches en pierre des deux puits et invitait nonchalamment à prendre appui sur icelle. Que Dieu nous en garde !
    René était dans mon dos. Je lui montrai le danger. Il acquiesça sans un mot et donna du mou à la corde qui nous reliait. Je pris mon élan et, courbé, je sautai l’obstacle. Je faillis bien glisser sur la pierre, de l’autre côté et choir en arrière sur la planche. Je me rattrapai in extremis et dis aussitôt à René d’attendre avant de le franchir.
    À l’aide de ma dague, je grattai vivement la mousse qui s’était accumulée sur la pierre. René en fit de même de son côté. Je gravis ensuite la première marche de l’escalier suivant pour permettre à René d’enjamber à son tour le passage sans me heurter à l’arrivée. Jusque-là, tout s’était bien passé.
     
    Vint le tour d’Arnaud, puis de Marguerite. Arnaud prit son élan et sauta. Sa torche dut heurter le plafond du passage. Elle tomba à ses pieds, grésilla, puis s’éteignit au contact de la mince couche d’eau qui recouvrait encore le piège en dégageant un petit nuage jaunâtre et dense. De là où j’étais, je ne vis qu’une partie de la scène par-dessus l’épaule de René, mais j’entendis un retentissant : « Par les cornes du diable ! »
    Arnaud ricana puis gloussa. Il était sain et sauf, du bon côté. Je gravis deux marches de plus. À présent, du fait de l’arrondi de l’escalier, René dans mon dos, je ne pouvais plus voir ce qui se passait derrière moi.
     
    Marguerite, qui suivait Arnaud, tenta-t-elle de récupérer la torche ? Glissa-t-elle ? Heurta-t-elle le plafond du passage en tentant de le franchir ? Je ne sus. Nous entendîmes seulement un hurlement de terreur qui nous glaça le dos, suivi d’un barbotage vif, désespéré. Et d’un bruit atroce de succion.
    René obstruait le passage. L’étroitesse des marches m’interdisait tout retour en arrière. Il aurait fallu faire vite, très vite pour tenter de l’extraire du piège mortel dans lequel elle avait chu et j’étais impuissant pour me porter à son secours.
    Je hurlai à gueule bec : « Arnaud ! Arnaud ! Par Dieu, sauve Marguerite ! » Pour toute réponse, j’entendis avec effroi des cris déchirants, désespérés et de plus en plus étouffés. Ceux qui sortaient de la gorge de ma jolie Marguerite.
    Elle devait se débattre pour tenter de s’arracher aux eaux glauques qui l’aspiraient. Vainement. La pauvrette était d’une adresse exceptionnelle pour gripper. Mais elle ne savait point nager. Quand bien même l’aurait-elle su, elle n’aurait jamais pu se hisser hors du piège monstrueux qui s’était refermé sur elle.
     
    Jolie fleur à peine éclose,
    N’attendait rien de vie morose
    Sauf à suivre un prince charmant,
    S’il n’était point cuistre ou manant.
     
    La planche était en fait composée de deux battants articulés par des charnières situées de part et d’autre sur le passage. Si par malheur on posait le pied sur l’un d’eux, la trappe s’ouvrait sous le poids du corps qu’elle portait. La victime était déséquilibrée en avant ou en arrière, glissait inévitablement et se trouvait engloutie dans les abysses de la caverne gorgée d’eau.
    Sitôt libérées du poids qui pesait sur elles, les planches reprenaient une position horizontale sous l’effet du principe

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