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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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d’Archimède et scellaient définitivement le tombeau de leur victime. Il était dès lors impossible à quiquionques de lui porter secours, sauf à y perdre eux-mêmes la vie.
    J’imaginai le pire. Les yeux exorbités, ma petite lingère tenterait peut-être de rejoindre la surface, se heurterait à la planche, la grifferait jusqu’à s’arracher les ongles. À bout de force et à bout de souffle, les poumons sur le point d’éclater, ne pouvant retenir plus longtemps sa respiration, sa bouche s’ouvrirait sur ses délicieuses petites dents d’une blancheur virginale.
    L’eau s’infiltrerait avidement dans ses poumons et mettrait un terme à son agonie. La malheureuse s’abandonnerait dans les bras de son Créateur.
     
    Sans avoir eu le temps de recommander son âme à Dieu.
     
    Requiescat in pace.

La biche de Cérynie, ou le signe du Cancer dans la constellation du zodiaque.
     
    Le troisième des douze travaux d’Héraclès
     
     
     
     
    Chapitre 3
    Dans les souterrains, entre Beynac et Commarque en l’an de grâce MCCCXLVIII, du VIIème au IIIème jour des calendes de juillet {xii} .
     
    René le Passeur, chargé comme il l’était, ne pouvait se retourner. Il vit une larme perler à mes yeux. Dans l’obscurité du puits, en fait, il ne vit rien. Moi, je la sentis couler sur ma joue.
    Dans un geste d’affection, il posa une main sur mon épaule. René était moins simple que je l’avais imaginé. Il ressentait mon désarroi, ma peine, ou quelque chose d’autre.
    À son contact, je huchai à gueule bec : « Marguerite ! Marguerite ! » Mon impuissance à lui porter secours me soulevait le cœur que j’avais gros. J’étais désarmé, impuissant. Dans mon for intérieur, je hurlai : “Par tous les saints de l’enfer : Non ! Non ! Sur ma vie !” Dans une sorte d’état second, mon esprit planait entre ciel et terre. Comme un gerfaut surveillant sa proie. Avant de fondre sur elle.
    Mais il n’y avait pas de gerfaut. Ni de proie, non plus. À plus jamais. La pauvrette était engloutie dans les abîmes d’un méchant piège. D’un piège dans lequel je l’avais ensevelie faute d’avoir su guider ses pas. Je crus entendre Arnaud ricaner :
    « Bertrand, si je lui sauve la vie, elle est à moi ! » Je crus rêver.
    Il récidiva : « Bertrand, si je lui sauve la vie, elle est à moi ! » Je n’entendis, sur le coup, que deux mots : « Vie… À moi ! » Dans un ultime sursaut de conscience, je me révoltai :
    « Que Dieu ait son âme ! Onques, moi vivant, tu ne l’aurais possédée !
    — Allons, allons, Bertrand ! Ne chante point pareille fredaine ! » me répondit Arnaud en s’esbouffant. L’écho résonnait son rire grotesque :
    « Tout va bien ! J’ai réussi à lui saisir la main ! Une belle œuvre en vérité, ce piège ! Mortel ! Mais beau ! Si je n’avais pas été là… »
    René, notre sergent d’armes, était parvenu à descendre une marche à la reculade. Je fis aussitôt de même et, tournant la tête, je vis Arnaud de dos, accroupi, un genou au sol. Il tendait la main. Devant lui. Il tentait de hisser quelque chose. Une main secourable. Était-ce Marguerite ?
    « Tout va bien, mes amis, tout va bien ! » s’écria Arnaud, hilare, en se redressant, les reins cambrés. Son dos masquait le seuil de l’escalier. René ne pouvait s’effacer davantage, sans risquer de le heurter. Nous étions toujours impuissants, condamnés à subir les caprices du héros de ce jour. Le coquardeau le savait. De caprices, il ne se priva point :
    « Marguerite est saine et sauve ! Elle me doit la vie ! Elle l’a reconnu ! Elle s’est promise à moi ! Elle est aussi mouillée que si elle avait oriné dans ses chausses ! Il ne serait d’ailleurs pas impossible que ce fut le cas… »
    Mon cœur battait à tout rompre : Arnaud aurait-il réussi à hisser ma petite Marguerite, ma douce lingère, avant qu’elle ne disparaisse dans la trappe ? Ce serait là grand miracle. Qu’Arnaud l’ait sauvée, j’en étais bouleversé. Et profondément mortifié aussi. Pourquoi n’avais-je pas été là ? Au bon endroit ? Au bon moment ? Mais Arnaud avait parfois des plaisanteries scabreuses. Lui avait-il vraiment sauvé la vie ? Je vins à en douter :
    « Marguerite ! Es-tu sauve ?
    — Oui, oui ! messire Bertrand. Par la grâce de Dieu ! Oui ! » s’exclama-t-elle avec des sanglots dans la voix.
    — Non point par la grâce de

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