Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
Vom Netzwerk:
grinçaient aussi fort que les dents des malheureux qui hantent le purgatoire. Encore aurait-il fallu que les âmes aient des dents. Il manquait décidément un peu de suif pour graisser les portes qui donnaient accès aux passages les plus secrets de la forteresse.
     
    Une bonne demi-heure s’écoula avant que Michel de Ferregaye nous invitât à descendre les dix marches de l’étroit escalier qui s’enroulait sur lui-même autour d’une forte colonne centrale, tel un gigantesque limaçon dans sa coquille.
    Je profitai de ces instants pour vérifier les bagages de mes compains de route. René ne suait plus comme un fauve. Il avait taillé sa barbe rousse, ses cheveux et revêtu des habits forts usés, mais d’une propreté immaculée.
    Le brave sergent était plus chargé que la mule du pape : outre une petite arbalète que lui avait confiée Étienne Desparssac et la targe ronde qu’il portait dans le dos, il avait, comme Arnaud et moi, passé le ceinturon du fourreau de son épée d’estoc sur l’épaule et sous l’aisselle. À la mode des guerriers d’antan. Son poignel et sa dague étaient simplement glissés au côté, sous sa ceinture, bloqués par leur quillon.
    Pour équilibrer le tout, comme il se doit pour une bête de bât, il portait autour du col, qu’il avait aussi fort que celui d’un taureau, un gros sac en toile de caslin huilé qui contenait l’essentiel de nos provisions de bouches pour trois jours et trois nuits. Qu’il vienne à disparaître et nous subirions plus grande disette qu’au château.
    Arnaud avait renoncé à ses chainses et autres bliauds en soie pour revêtir, comme nous tous, une brigandine matelassée enfilée sur un épais doublet de grosse toile. Nos chausses de grosse laine étaient maintenues par des jarretières. En guise de bottes, nous avions chaussé des heuses souples et lacées qui montaient au-dessus des genoux.
    Marguerite et moi portions chacun sur l’épaule des cordes à nœuds d’une longueur de vingt coudées, et des peaux de mouton pour nous protéger pendant la nuit du froid humide qui ne manquerait pas de sévir.
    Je lui avais confié mon aumônière. Elle renfermait une pierre à feu, de l’amadou et une pierre à briquet pour affouer les torches. Elle portait dans son bissac deux calels en métal, sortes de chilindres dont le couvre-chef était en forme de cône, percés d’un grand nombre de petites croix, un peu comme le mézail d’un bacinet.
    Ils serviraient d’éclairage de secours si notre provision de torches s’épuisait : il suffisait d’enchâsser une chandelle de suif à l’intérieur, de l’allumer puis d’en refermer la porte pour diffuser une maigre lueur abritée des vents coulis.
    Marguerite avait chaussé de fragiles mais souples brodequins en cuir de veelin. Elle s’était munie d’un simple bâton de berger en bois de hêtre que surmontait, en son chef, un instrument qui ressemblait à un petit marteau d’armes et n’était autre qu’un outil d’artisan, m’apprit-elle.
    Un tranchant d’un côté, un marteau de l’autre, le tout surmonté d’une longue pointe aussi effilée que l’alène d’un cordonnier. Un instrument utile, une arme efficace aussi, gloussa-t-elle en me regardant de ses beaux yeux qui étaient passés de la couleur des châtaignes à celle des noisettes.
    Nous étions tous équipés d’outres en peau de bouc pour nous désaltérer. Arnaud, René et moi disposions d’une lancegaye, sorte de pique monté sur une courte mais forte hampe d’environ six pieds.
    J’avais conservé sur moi notre sauf-conduit et le pécule que le baron m’avait confié : “Ces cent vingt florins d’or t’aideront à délier les langues, m’avait-il affirmé. Fais largement savoir que tu n’es pas pleure pain, mais prends garde. On pourrait tenter de mettre la main dessus cette bougette sans te bailler le moindre renseignement ! Sois celui qui achète et non point celui qui vend !”
     
    Michel de Ferregaye ouvrit enfin la lourde porte cloutée et bardée de fers. Il nous donna le signal du départ et nous souhaita bonne chance. Par superstition, nous ne répondîmes pas.
    Nous allumâmes deux torches de résine. Je portais la première, Arnaud la deuxième. Nous nous encordâmes, René et moi, à toutes fins utiles en laissant six coudées entre nous. Marguerite et Arnaud préférèrent garder leur liberté de mouvement. Elle eut grand tort.
    Les marches étaient encore ruisselantes, bien

Weitere Kostenlose Bücher