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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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deux rives du fleuve Rhône, parvenus à la tour Philippe le Bel qui commandait le passage de la rive senestre du fleuve à sa rive dextre, près le fort Saint-André, nous étions derechef en terre royale. Placée sous la protection du roi, notre troupe s’était renforcée d’une douzaine de sergents d’armes aux couleurs des lys de France.
    Les écuyers et les sergents massiers, dont les cottes et les houssures des chevaux étaient aux armoiries de la tiare pontificale, aux clés de Saint-Pierre et aux lys de France, firent dès lors grande merveille dans les villes que nous traversâmes et lors de notre arrivée au château de Beynac.
     
     

     
     
    Ce ne fut qu’entre matines et laudes, après avoir réfléchi et comparé ces informations les unes aux autres, que j’osai reprendre la parole. Je leur fis part des doutes qui m’assaillaient sans que je parvinsse pour autant à dénouer tous les fils de ce que je ressentais comme un écheveau complexe.
    Le chevalier de Montfort en fut profondément bouleversé et devint plus blanc qu’une esparge : la queue verte et la tige blanche. Le baron de Beynac demeura impassible. J’étais pourtant loin de connaître tous les tenants et les aboutissants de cette sombre affaire.
    Or donc, pour faire éclater la vérité, j’étais parvenu, non sans moult difficultés, à convaincre mes deux interlocuteurs de me laisser dorénavant poursuivre mon enquête sur d’autres voies et dans d’autres lieux.
     
    Je ne sais plus combien de temps plus tard, notre entretien s’était terminé en tête-à-tête avec le baron. J’en avais exprimé le souhait et le fier chevalier de Montfort s’était retiré, dents serrées, tout en s’inclinant aussi roide qu’un pique.
    Le baron avait manifesté un geste de mauvaise humeur : il aimait que les gentilshommes s’inclinassent bas devant lui, bien qu’il eût certainement préféré l’hommage de lignages plus élevés que le sien. Il avait cependant saisi le coude du chevalier avec une étonnante douceur et l’avait conduit vers la porte de la librairie.
    J’avais alors pris ma respiration et, le fixant droit dans les yeux, je lui avais enfin posé la question qui me chagrinait jour et nuit depuis notre retour, faute d’avoir reçu d’icelui quelque explication spontanée :
    « Messire, vous connaissiez les armes d’Isabeau de Guirande.
    En vertu de quel droit ou pour quelles obscures raisons n’avez-vous jamais encouragé ma quête ? N’était-elle point noble et courtoise ? Pourquoi n’avez-vous pas reconnu qu’elle vivait à quelques lieues d’ici en votre seigneurie de Commarque ?
    — En vertu des droits de tutelle que j’exerce sur toi, mon fils. Et en vertu d’autres raisons que tu comprendras bientôt : Dame Éléonore et moi sommes unis par les liens sacrés du mariage. Or donc, je la soupçonne de moult félonies. Elle me hait. À toi de m’en apporter dorénavant les preuves.
    « Quant à Isabeau, ne t’avais-je pas laissé entendre, avant ton départ pour les terres d’Orient, que tu connaîtrais un jour la vérité ? Lorsque tu verras Isabeau de Guirande, tu comprendras les raisons qui me poussaient à ne pas te jeter dans ses bras. » Au moment où j’allais ouvrir la bouche pour obtenir quelque explication à ces derniers propos bien sibyllins, le baron leva la main et me pria, de grâce, de ne plus lui poser de question.
    Il s’approcha de moi, me prit la tête entre ses mains, posa un baiser sur mon front avant d’y tracer le signe de la Croix. Puis il bénit la mission dont il venait d’accepter que je sois investi, non sans réticence de sa part. Geste d’affection qui me surprendrait toujours venant d’un homme aussi réservé. Je sus alors que j’étais parvenu à mes fins.
     
     

     
     
    La nuit avait été longue. La matinée fut courte. Courte mais périlleuse. Nous ne savions pas ce qui nous attendait dans les heures et les jours à venir. Ni ce qui devait emporter l’un d’entre nous. Dans une mort horrible.
    Un bruissement assourdi se fit entendre : Michel de Ferregaye, le capitaine d’armes, rouillait le treuil et levait la vanne de l’écluse. Elle était commandée par ce jeu complexe de poulies et de chaînes qui plongeaient à l’intérieur de deux puits plus étroits que des conduits de cheminée.
    Deux chaînes reliaient le treuil à la partie supérieure de la vanne plombée, six pieds plus bas. Les gonds, les poulies et les chaînes

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