Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
Vom Netzwerk:
serpette. Peut-être croyait-il détourner l’attention de sa calvitie. Il ignorait que le contraste n’en était que plus saisissant et renforçait l’aspect glabre et luisant de ce qui avait été un cuir chevelu.
    « J’ai deux arbalétriers à mes ordres, à dix pas, dont les carreaux sont pointés sur vous, s’exclama-t-il non sans arrogance. Vous ne m’impressionnez pas, qui que vous soyez ! »
    — Bigre, c’est fâcheux ! Levez donc le chef ! Non, non ! Pas à dextre, voyons ! À senestre ! Vous devriez savoir où se trouve l’archère qui surplombe la porte ! Et ne faites aucun autre geste ! Alors ? N’apercevez-vous point le carreau d’une arbalète viser votre cœur ?
    « Elle est certes de modeste dimension et ne peut transpercer une armure de plates qu’à moins de cent pieds. Mais si je ne me trompe, messire capitaine, vous ne portez ni armure ni simple haubert sous votre cotte d’armes ? À quelle distance pensez-vous vous trouver céans ? »
    Raoul d’Astignac leva un menton qu’il avait fort et blêmit. René le Passeur, mon sergent d’armes, se tenait à l’intérieur de la chapelle Saint-Jean. Il pointait son vireton à moins de dix pieds du capitaine d’armes, à l’abri d’une meurtrière sise au-dessus de l’entrée latérale sur le parvis de laquelle je me tenais. Le brave René était certes moins adroit au tir qu’au maniement de l’épée, mais le capitaine d’armes n’était pas censé le savoir.
    « Bien, messire ! Votre religion est-elle faite ou bien voulez-vous tâter de la pointe de son fer ou du tranchant du mien, à la parfin ? Ordonnez incontinent à vos hommes de débander leur instrument et de déverrouiller la corde de la gâchette avant de la poser à leurs pieds.
    « Attention ! Doucement, très doucement… » lui enjoignis-je d’une voix calme, en détachant bien chacune des syllabes.
     
    Après un instant d’hésitation, le capitaine pria ses gens d’armes d’obtempérer. En obéissant, le plus grand et le plus fort des deux soudoyers écrasa malencontreusement la queue de détente. Elle libéra la noix qui retenait la corde sur l’arbrier.
    Le carreau siffla, transperça son pied jusqu’à l’empennage en se fichant dans le sol. L’homme poussa un hurlement sauvage et tenta de se dégager. Le capitaine d’armes sursauta et son visage se décomposa. Sa bouche se tordit en un rictus surprenant pour un accident aussi fréquent au demeurant. À croire qu’il avait été lui-même victime de la maladresse de son arbalétrier.
    La hampe du carreau était solidement clouée au sol. La tentative qu’icelui fit pour extraire en vain le vireton, élargit la blessure. Une tâche rougissait le cuir de sa botte et s’élargissait. Ses hurlements redoublèrent. Ils ne tarderaient pas à alerter le reste de la garnison. Il convenait de faire vite, mais avec prudence.
    « Votre homme est bien maladroit, capitaine, mais je ne vois là que simple navrure ! » dis-je en rengainant mon épée.
    La suance ruisselait sur mon front et sur mes sourcils, me piquait les yeux, ravinait sur mes joues et dégoulinait sur mon col. Elle devait creuser des sillons blanchâtres sur la crasse qui s’était accumulée au fil des heures (et des jours ?) passées dans les souterrains.
    Ma brigandine était déchirée en plusieurs endroits, mes chausses en loques et mes heuses couvertes de poussière. J’étais bien peu reluisant et devais plus ressembler à un mendiant sorti des portes de l’enfer qu’à un fringant écuyer du baron de Beynac.
     
    Mes yeux s’accoutumaient progressivement à la forte lumière. Je les essuyai d’un revers de la main et brandis sous son nez, qu’il avait en bec d’oiseau, le parchemin scellé que je portais entre ma chainse et ma brigandine.
    « Voici mon ordre de mission, capitaine. Il est paraphé par messire Fulbert Pons de Beynac, premier baron du Pierregord et sire de Commarque. Prenez-en connaissance si vous savez lire. Il vaut aussi sauf alant et venant pour mon sergent d’armes et pour Marguerite, une jeune lingère qui nous a accompagnés.
    « Les ordres du baron sont clairs : ils placent dorénavant cette garnison sous mes ordres. Et vous aussi, messire d’Astignac. Il vous est mandé expressément de m’obéir en tous points, en tous lieux et en toutes circonstances. Sous peine de trahison et de félonie envers le baron. Or, vous n’êtes point félon, n’est-il pas, messire

Weitere Kostenlose Bücher