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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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chevaliers de la place, qu’ils appartiennent au seigneur de Commarque ou au baron de Beynac, ou à quiquionques de se joindre à nous.
    « Vous donnerez lecture à belle et haute voix de mon ordre de mission afin que nul n’en ignore. Demain à prime, nous vérifierons ensemble l’apostage des soldats et le registre des rondes.
    — Mais nous n’avons point tel registre, messire !
    — Or donc, désormais nous en aurons un ! Faites-le tenir dès maintenant. Veuillez en outre placer un garde devant la porte de la chambre où loge dame Isabeau de Guirande et la prier de s’y tenir et de ne point la quitter jusqu’à la visite prochaine que je lui rendrai dès demain matin. Vous lui ferez servir ce soir de quoi souper et une demi-pinte de la boisson de son choix.
    « Vous pouvez disposer à présent. Et n’oubliez point : je veux voir tout mon monde à l’heure où sonneront les vêpres à la cloche de notre chapelle, précisément. Et qu’il ne manque personne.
    « Marguerite ! René ! Vous pouvez me rejoindre céans. La place est sûre. N’oubliez pas de vous signer en passant par-devant l’autel », clamai-je, en relâchant les muscles de mon col et des épaules que j’avais aussi bellement noueux que les racines d’un vieux noyer.
     
    Les premiers curieux s’approchaient prudemment, attirés par les gémissements et les plaintes lugubres que poussait le colosse aux pieds d’argile alors que Raoul d’Astignac tentait vainement de briser la hampe du carreau qui le clouait au sol.
     
     

     
     
    Par le Sang-Dieu, que ce bain était bon ! L’air était chaud, mais sec et pur, l’eau agréablement tiède. René et moi, nous débandions nos muscles dans les baquets que des pages avaient portés dans une petite cour intérieure.
    Après moult frottements de la tête aux pieds, au savon mol et à la brosse en chiendent aussi douce que la soie d’un sanglier, l’eau était devenue plus crasse que la suie dans un conduit de cheminée.
    Les pages avaient vidé les baquets, dressé de nouveaux linges propres et versé à notre demande une eau plus fraîche. L’eau ne manquait pas : une source se déversait près les murailles, que l’on puisait à l’aide de seaux pour alimenter une citerne. Son débit était moins rapide en raison de la sécheresse qui sévissait depuis plusieurs semaines, mais suffisant pour abreuver hommes et bêtes et permettre le toilettage.
    Le ciel n’était strié fort haut que de quelques filaments blancs et argentés qui ne laissaient pas envisager un changement de temps avant plusieurs jours. Il était doux de profiter de cette magnifique fin d’après-midi, après avoir vécu le sombre cauchemar des souterrains.
    Dans quelques heures, dès ce soir, je ferais la connaissance de ma gente fée aux alumelles, Isabeau de Guirande, dame de mon cœur et nièce de l’épouse du baron de Beynac. La damoiselle de ma vie, mon Graal personnel.
    J’avais suivi la trace de ma chimère depuis ce jour de janvier de l’an de grâce 1345, où elle m’était apparue en songe dans une grotte imaginaire près la vallée de la Beune {xvii} .
    Elle prendrait enfin vie sous mes yeux après plus de trois ans de recherches acharnées, au cours desquelles j’avais essuyé les moqueries d’Arnaud, le silence ou le dépris d’aucuns, tels le sire de Castelnaud, et les paroles mystérieuses du baron de Beynac lors de notre entretien en la librairie de la forteresse.
     
    Le corps détendu, les paupières fermées, je pensais aux dernières heures d’angoisse qui s’étaient écoulées après la disparition d’Arnaud.
    Nous avions huché son nom à oreilles étourdies. En vain. Arnaud s’était évaporé. J’en aurais été plus attristé si René n’avait pas constaté qu’il manquait une corde à nœuds, trois torches, une miche de pain noir, deux pintes d’eau et le reste du jambon. Marguerite semblait soulagée ; je ne pouvais l’en blâmer :
    “Puisse le Seigneur me pardonner de me réjouir céans du départ de l’un de nos hôtes ! avait-elle murmuré.
    —  Sauf à en connaître les secrets, nul ne peut sortir de ces souterrains”, m’étais-je néanmoins inquiété. René qui s’était toujours accoisé, avait prononcé une sentence inattendue venant d’un homme bourru, peu enclin à exprimer ses sentiments :
    “Puisse l’poids d’sa vanité l’craser dans quelque cul-de-basse-fosse !”
    J’en étais resté coi. J’aurais dû le réprimander. Je

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