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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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l’autel sans prendre celui de trop goûter ses burettes… »
     
    L’éclat métallique d’un vireton entre deux merlons du donjon attira trop tardivement mon attention. Le carreau d’arbalète siffla. Il me transperça les chairs de part en part avant d’achever sa course mortelle en s’incrustant entre deux pierres, à la base du rempart. Les plumes de l’empennage vibrèrent, puis s’immobilisèrent.
    Le cri que je poussai couvrit le chant d’un merle qui sifflait sa mélodie, perché sur les remparts. La silhouette, vaguement aperçue là-haut sur les créneaux du donjon, avait disparu.
    Raoul d’Astignac, accompagné de deux écuyers qui appartenaient à Romuald Mirepoix de la Tour, se précipita dans la salle des Gardes. Cinq ou six soldats y jouaient aux cartes à la lumière huileuse et fumante des calels, me fut-il rapporté plus tard.
    Alors qu’ils gravissaient les premières marches de l’étroit escalier en caillemaçon, ils se heurtèrent à quelqu’un qui les descendait vivement. L’homme, Julien Liorac, l’un des bourreaux de Marguerite, portait l’épée et l’écu. Il ne tenait aucune arbalète en main et prétendait avoir été alerté par un cri. Pendant qu’il orinait par les mâchicoulis.
    Lorsqu’ils parvinrent sur la terrasse du donjon, ils découvrirent une arbalète qui montait la garde, seule, adossée au mur, sagement posée sur son étrier. Mais point d’homme d’armes, point de guetteur.
    Revenus sur leurs pas, ils se saisirent de Julien Liorac, le désarmèrent et le conduisirent par-devant moi qui recevais, pour la deuxième fois en moins d’un jour et d’une nuit, les soins de Marguerite. Ma blessure s’était révélée sans gravité. La flèche avait traversé le gras de la cuisse qui saignait abondamment. L’hémorragie avait été jugulée par un solide garrot.
     
    Marguerite découpait le tissu de mes chausses pour nettoyer la plaie à l’aide des électuaires et autres baumes dont elle avait le secret. À la vue du sergent, l’un d’iceux qui lui avaient passé la corde autour du col, ses cheveux se dressèrent sur sa tête.
    J’interrogeai le gaillard, qui bien évidemment nia l’évidence. Fouillé à corps, on découvrit sous sa chainse de grossière étoffe cardée, une petite bourse qui contenait trois gros, sept deniers et six écus d’or. Une bien belle solde pour un homme qui ne percevait que deux ou trois deniers par jour ! Le suspect se déclara économe et prétendit naïvement attendre des explications sur les raisons pour lesquelles on s’était assuré de sa personne.
    Le capitaine d’armes ne put jurer que Julien Liorac était de garde. Le nouveau registre d’apostage était à jour la veille au soir, mais la page d’icelui jour avait été arrachée. J’étais confronté à un dilemme : relâcher un criminel ou punir un innocent.
    J’optai pour la deuxième solution et ordonnai d’enferrer l’homme au cachot, le temps de poursuivre l’enquête, bien décidé à réunir les preuves qui le confondraient. Le sergent d’armes protesta énergiquement, mais se garda fort adroitement de nous menacer. Son dos lui cuisait encore des trois coups de fouet qu’on lui avait administrés.
    Décidément, cette place était un véritable nœud de vipères. J’avais toujours eu ces reptiles en horreur. Or, ils grouillaient parmi les pierres délicieusement chaudes de nos murs.
     
     

     
     
    Quelques heures plus tard, appuyé sur un bâton de pèlerin, béquillé et boitillant, je me présentai devant la chambre de dame Éléonore de Guirande. J’avais passé outre aux conseils de repos que Marguerite avait tenté de m’imposer.
    René le Passeur montait la garde. Il m’avoua avoir quitté son poste, tôt le matin, peu après moi, assailli par un mauvais sentiment. Élastre de Puycalvet, qui passait non loin, l’avait remplacé jusqu’à son retour, me dit-il en levant sur moi des yeux inquiets. Je ne pouvais lui reprocher d’avoir désobéi à mes ordres. Sans sa perspicacité et sa prompte intervention, Marguerite se balancerait à l’heure qu’il est au bout d’une corde.
    Je priai René de vérifier l’heure au cadran solaire, dans la cour. La maîtresse des lieux, l’épouse du baron de Beynac dont j’avais grande hâte à faire la connaissance, me recevrait une heure avant sexte, m’avait-elle fait savoir la veille.
     
    Je collai une oreille discrète sur la porte et ne perçus qu’un léger frottement suivi

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