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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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incontinent, pourraient bien être écourtées avant que nous n’atteignions un âge aussi avancé que le vôtre. Les Godons n’hésiteraient pas à faire grand’foison de nos valets, de nos sergents, de nos écuyers ou des chevaliers bacheliers qui ne pourraient leur bailler rançon.
    « Leurs coutiliers les saigneront au défaut des plates s’ils sont capturés, ou les passeront au fil de l’épée s’ils se rendent. Les femmes seront forcées par les soudoyers. Avant d’être égorgées. Les petiots, qui attendaient de prendre vie, seront occis avant que la ventrière ne les ait mis au monde.
    « Est-ce la fin que nous souhaitons pour nous et nos enfants ? Il est vrai que vous, messire Mirepoix de la Tour, n’avez guère eu l’occasion de vivre pareilles batailles où les deux camps deviennent aussi enragés qu’une meute de loups !
    — Ce que vous dîtes est tristement vrai, messire Brachet. Ce sont là choses horribles, mais non point folles. J’étais de Crécy, dans la bataille du roi de Bohème – que Dieu ait son âme ! – j’y ai perdu mes deux écuyers et n’ai dû la vie sauve qu’à forte rançon qui m’a ruinée », intervint un chevalier entre deux âges dont le visage était couturé de moult balèvres.
    — Non, non, nous ne le voulons pas ! s’exclamèrent plusieurs écuyers. Plusieurs parmi nous ont leur épouse en ces maisons, et certaines d’icelles sont grosses.
    — Alors, armons-nous et préparons-nous à déboter et à décoper d’éventuels assaillants, messires ! Nous sommes en état de guerre. Ne l’oublions pas, même si l’epydemie qui ravage notre comté nous accorde semblance de trêve ! Les Godons seront sans pitié s’ils font mainmise sur le château et sur nos personnes. Nous-mêmes, accordons-nous grâce à nos ennemis s’ils refusent une reddition ?
    « Notre devenir dépendra de notre courage demain, et de notre préparation au combat, dès ce jour d’hui. Tant que la pestilence sévira en notre contrée, nous n’aurons rien d’autre à craindre. Personne ne commettrait la folie de chevaucher par pechs et combes. Mais, par Saint-Bruno, l’epydemie peut s’éteindre du jour au lendemain. Alors, les chevauchées reprendront de plus belle.
    « Dans un pays ravagé par la pestilence, la famine risque de sévir. Les hordes affamées et assoiffées d’Édouard de Woodstock pourraient bien déferler sur nos campagnes, piller ce qu’il restera de récoltes et les maigres réserves de nos manants, enlever nos confortables châteaux. Lorsque germent les graines de la colère et de la faim, qui peut répondre des routiers ? »
    J’exposai ensuite les détails de mon plan. René le Passeur s’assurerait de l’adresse des gens d’armes. Il maniait mieux l’épée que l’arbalète, précisai-je (le capitaine d’armes ne put réprimer un léger sourire). Les écuyers se chargeraient d’enseigner aux valets et aux serviteurs la façon de repousser les chanlattes d’assaut sur les créneaux à l’aide de longues fourches.
    La pierraille ne manquait pas à l’intérieur des enceintes. Il convenait d’en réserver le plus possible à proximité des mâchicoulis du donjon, de la barbacane, et de disposer de seaux que l’on remplirait d’eau bouillante, le moment venu. Un jeu de poulies et d’élingues permettrait de hisser sur les remparts les cailloux et les récipients préalablement remplis et chauffés à blanc.
    La matinée serait consacrée de tierce à sexte à l’inspection des travaux de défense. L’après-midi, de none aux vêpres, à l’entraînement au corps à corps.
    « En plein soleil ? questionna un écuyer. Ce n’est pas une vie !
    — La vie, c’est la mort : imaginez un corps de bataille de cent lances, soit environ trois cents combattants sous nos murailles. Ou plus du double. Nous devrions combattre à un contre dix, voire à un contre vingt !
    — Ne pourrions-nous pas nous entraîner à la vesprée ?
    — Si les Anglais nous attaquent, il n’y aura pas de repos. Nous devrons être prêts à repousser leur assaut, de jour comme de nuit. Mais peut-être préférez-vous jouer aux dés le reste du temps, messire ? » L’écuyer détourna le regard. Je poursuivis :
    « Je sais ne pas être le bienvenu parmi vous, mais…
    — Détrompez-vous messire Brachet, intervint le chevalier qui avait combattu aux côtés du roi Philippe et du roi de Bohème à la bataille de Crécy. Vous nous donnez là

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