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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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d’un bruit de succion et de dégorgement, un peu semblable à celui d’une éponge qu’on pressait et qu’on gonflait dans un baquet rempli d’eau avant d’en caresser délicatement la peau d’un corps. Dame de Guirande faisait-elle ses ablutions si tard ?
    En attendant le retour de mon sergent d’armes, je fis les cent pas devant la porte. À la lumière tremblotante et sensible au moindre souffle d’air des falots, dans lesquelles des mèches trempaient dans un bain de suif, j’étudiai le blason armorié écartelé aux armes des Beynac et des Guirande.
     
    Sur la porte était plaqué un écu armorié : parti , burelé d’or et de gueules de dix pièces et au lambel d’or, à la croix cléchée aux mêmes , vuidée de sable. Il est vrai que depuis trois ans, les blasons armoriés, j’avais appris à en lire d’aucuns, sans pouvoir toujours identifier les familles auxquelles ils appartenaient.
     
     

     
     
    René m’indiqua l’heure : environ onze heures, passées d’un quart. Je frappai à la porte. Point de réponse. Je récidivai en martelant le battant au point de me briser les doigts senestres.
    Une voix revêche au timbre de Cerbère, à l’intonation aussi douce que celle d’une lame qu’on aiguise sur une pierre à fusil, grinça, puis aboya à travers la porte :
    « Dame de Guirande souffre de la fièvre d’Acre et vous prie de ne point la déranger sur l’heure. De passer votre chemin et de ne pas venir l’importuner avant demain ! »
    Ah oui ! Fièvre tierce le soir, fièvre d’Acre le matin ! Et pourquoi ne pas attendre les calendes grecques ? Je saisis le loquet, tournai la clef dans la serrure et ouvris à la volée la lourde porte de chêne pour découvrir un spectacle qui n’aurait laissé indifférent aucun homme normalement constitué.
    Dame de Guirande se dressait de dos, totalement nue, à contre-jour. Une dame qui aurait pu être ma mère par l’âge et ma sœur par le corps. Une chevelure brune et mouillée chutait en cascade sur des épaules puissantes : une taille fine, des cuisses voluptueuses, des fesses callipyges, de longues jambes fines et… deux petites fossettes au creux des reins. Par le Sang-Dieu, qu’elle était belle pour une femme de son âge !
    Je me délectai à l’idée de devoir cuisiner à feu doux cette délicieuse et perfide créature, la noble épouse du baron de Beynac. J’eus cependant tort de penser sortir vainqueur sans dommage de la joute que je m’apprêtais à livrer : un simple tournoi à plaisance en champ clos. Je n’avais pas imaginé un corps à corps féroce, en pleine campagne. Dans un village fortifié. Dans une chambre.
    Une servante tenait à bout de bras une ample chainse blanche, finement ourlée de fils de soie, d’argent et d’or.
    « Vous êtes bien matinal et bien haut à la main, messire Bertrand Brachet de Born. Ne vous seriez-vous pas trompé de chambrée ? Damoiselle de Guirande, ma nièce, fait retraite chez les moniales.
    — Vous êtes bien dévergognée, ma Dame ! Vous présenter ainsi à moi !
    — Vous n’étiez point prié de forcer ma porte, messire, me répondit-elle d’une voix rauque, grave, en détachant parfaitement chacune des syllabes.
    — Vous n’étiez pas censée sortir du bain à l’heure où vous m’avez donné audience, ma Dame, répondis-je en jetant un œil sur le clepsydre qui indiquait onze heures passées d’un quart.
    — Ne soyez point chatemite, mon ami. Le spectacle qui s’offre à vous, à mon corps défendant, serait-il si peu ragoûtant, au point de vous déplaire ? » répliqua-t-elle en esquissant un léger pas de côté, en fléchissant légèrement les genoux, en rabattant sa chevelure sur sa poitrine et en cambrant les reins pour permettre à sa servante, de fort petite taille, de lui passer la chemise.
    La position qu’elle prit alors, par l’émeuvement qu’elle suscita en moi incontinent, restera gravé dans ma mémoire à tout jamais.
    Mes yeux glissèrent sur sa nuque, pour s’attarder sur ses fesses arrondies, élargies, rondes et outrageusement provocantes, avant de se fixer sur la superbe et lourde mamelle en forme de poire que j’aperçus de trois-quart, un bref instant, lorsqu’elle releva les bras pour permettre à sa servante de lui enfiler le long vêtement de caslin. Je me ressaisis péniblement, la voix pâteuse, la salive sèche :
    « Il m’est agréable de voir, ma Dame, que vous n’êtes point atteinte de

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