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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Bien que leurs piqûres fussent moins douloureuses que celles de la belle châtelaine, ne tarderais-je pas à apprendre à mon détriment.
    Je jetai un œil sur la clef de voûte. Les diablotins qui l’ornaient et semblaient la soutenir à bout de bras rompirent le charme qui lutinait mes esprits. Dame Éléonore de Guirande ne m’avait pas quitté des yeux.
     
    « Alors, messire Brachet, cette pièce est-elle à votre goût ? J’ai cru comprendre que nous devrions y passer de longues heures. Le temps que vous ayez reçu réponses aux questions que vous ne manquerez pas de me poser. À moins que votre visite en cette place n’ait d’autre but que de mettre un peu d’ordre dans l’organisation de nos défenses ?
    « Prenez siège et installez-vous séant. Annette, je te prie de nous laisser à présent. Si messire Brachet le permet, le sergent d’armes bougon qui campe devant ma porte pourrait t’aider à sortir ce baquet ? »
    J’ouvris la porte et priai René de bien vouloir le faire, en lui précisant qu’il prenne son dîner si tôt après : il ne disposait que d’une petite heure avant de rejoindre son poste.
    « De quel malheureux accident avez-vous été victime pour être garrotté de la sorte et boiter comme un roussin qui aurait perdu un fer ? s’enquit perfidement la baronne.
    — Une simple maladresse, ma Dame. À moins que vous n’ayez une autre explication à me donner ?
    — Je n’avais pas ouï dire que vous fussiez maladroit ; enfin, pour un gaucher.
    — Je ne doute pas que vous connaissiez parfaitement les circonstances de cet accident. Votre servante, Annette, bien que d’un naturel revêche, doit avoir bonne oreille et bonne langue.
    « Quelques pouces plus haut et je n’aurais pas été sous le charme de votre présence, ma Dame. Mais six pieds sous terre. Sans pouvoir savourer les herbes communes par la racine.
    — Sous des aspects un peu rustres et encore mal dégauchis, vous ne manquez ni d’humour ni d’esprit. Il me plaît. Je craignais terriblement de m’ennuyer en votre présence.
    « Pourrions-nous reprendre cette aimable et brillante conversation après le dîner, messire Bertrand ?
    — Oui, bien sûr. Si toutefois vous n’opposez pas quelque mauvaise fièvre, ironisai-je. J’aurais mauvaise grâce à forcer votre porte derechef, ma gente Dame. En attendant, ne m’en veuillez pas si je la loque à double tour. Je n’obéis qu’aux ordres.
    — Un soudard, encore un soudard ! Que le diable les emporte ! N’oubliez cependant point, mon ami, de me faire porter à dîner. Et à boire. Je crains que ma cruche ne soit évaporée.
    — J’y veille sur le champ et vous ferai porter ce que vous n’avez certainement pas manqué de commander aux cuisines. Sachez cependant que j’ai ordonné que les portions soient diminuées de moitié, pour des raisons que vous comprendrez aisément. Et deci en avant, nous cornerons désormais l’eau à sexte et à complies.
    — Cela tombe bien à propos : je dîne peu et soupe léger. Si vos obligations de lieutenant de la place, sur ordre de messire mon époux, ne vous retiennent pas à d’autres tâches moins ingrates, rejoignez-moi à partir de none. J’aurais grand plaisir à reprendre cette conversation et à parfaire connaissance avec mon nouvel écuyer servant », susurra-t-elle mielleusement, tout en effeuillant d’un geste las une rose fraîchement cueillie.
     
     

     
     
    Le dîner, pris en présence de mes compains d’armes et de leurs épouses, se déroula dans un silence monacal, mais non point hostile, me sembla-t-il. Il ne manquait qu’un chantre pour nous faire la lecture des Évangiles.
     
    Quelques heures plus tard, peu de temps avant l’office dont j’avais ordonné la célébration, nous nous rendîmes, Raoul d’Astignac et moi, dans le cachot où Julien Liorac avait été enferré sur mon ordre.
    Nous eûmes la désagréable surprise de constater que la porte de la cellule n’était pas verrouillée. Une odeur écœurante nous saisit la gorge.
    À la lumière de notre torche, nous ne discernâmes rien d’autre qu’une forme indéfinissable allongée sur une table à tréteaux. Nos yeux s’accoutumèrent peu à peu à l’obscurité.
    Nous nous approchâmes. La paille craquait sous nos bottes. Le capitaine d’armes me précédait. Il me heurta violemment du chef, en se tournant, pris de violentes nausées et plié en deux.
    Ce que je vis me souleva le cœur au point

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