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La Marque du Temple

La Marque du Temple

Titel: La Marque du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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j’y tiens. Sa vengeance serait terrible et je redoute les tourments sur ma chair.
    — Admettons, mais tu n’as rien à m’apprendre que je ne sache déjà », lui dis-je en lui tournant ostensiblement le dos et en faisant mine de rejoindre mes compains.
    Marguerite se tenait séante et regardait tristement l’espingale se dérouler comme un ruban. Elle ne voulait danser et tournoyer qu’à mon côté.
    Mathieu me rappela vivement :
    « Attendez, messire, attendez. Si je vous parlais du sire de Castelnaud de Beynac et de messire de Sainte-Croix, feu le commandeur de l’Ordre de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem pour l’Aquitaine ? Deux habitués des lieux… »
    Je me figeai sur place. Il ne pouvait mieux attirer mon attention deci en avant.
    « Oui, pour sûr ? Et alors, les connais-tu ? Non, tu mens !
    — Non, messire, je ne mens pas ! Sur ma vie, dit-il en esquissant un furtif signe de Croix. Douteriez-vous de ma sincérité ? Quel intérêt aurais-je à vous mentir, moi, un simple arbalétrier qui ne vit que de son talent…
    — Alors, parle ! Qu’as-tu à m’apprendre que je ne sache déjà ? » lui répondis-je un ton plus haut. Mais l’homme suivait son idée, d’une voix larmoyante :
    « … Et de sa maigre solde. Pour entretenir une femme acariâtre et trois enfants…
    — J’avais cru ouï dire que deux d’iceux étaient morts à la naissance, répliquai-je sans en avoir la moindre idée, mais en délaçant les cordons de mon aumônière.
    — Làs, vous dites vrai, les soins du barbier et de la ventrière ne m’ont pas permis de sauver la vie de ma bien-aimée, ni celle de mes jumeaux. Je n’ai d’ailleurs jamais su s’ils étaient de moi. Mais le barbier m’a ruiné. Il était plus gourmand que compétent. Je vois bien là qu’on ne peut rien vous cacher », me susurra-t-il dans le creux de l’oreille.
    Je plongeai la main dans ma bougette et en sortis un écu. L’écu brillait d’un bel éclat que je fis miroiter au clair de lune. L’homme ne le quittait pas des yeux. Ce qu’il me révéla alors me laissa interdit :
    « Le sire de Castelnaud de Beynac, cousin du baron, a rendu une dernière visite au chevalier Mirepoix de la Tour, la veille ou l’avant-veille du jour où le chevalier de Sainte-Croix a été occis. Ce dernier était d’ailleurs arrivé en nos murs ce jour-là, peu de temps avant.
    — Comment as-tu pu reconnaître les armoiries de ces seigneurs ? Sais-tu seulement lire ?
    — Que nenni, messire. Je ne sais point lire. Mais nous ne pouvions l’ignorer : ils sonnaient du cor à leur arrivée et annonçaient leurs titres et leurs couleurs. Messire Raoul d’Astignac, notre capitaine d’armes, nous ordonna de lever prestement la herse et d’ouvrir les portes de la barbacane à leur approche.
    — Dame de Guirande les aurait-elle rencontrés aussi ? Auraient-ils tenu conciliabule en sa présence ?
    — Je ne crois pas. Je l’aurais vu. J’étais dans la salle des Gardes ou de faction à cette époque-là.
    — Comment peux-tu te souvenir précisément du jour de l’assassinat du chevalier Gilles de Sainte-Croix ?
    — Le prévôt de Sarlat était venu enquêter à Commarque. Il voulait savoir qui était présent en notre village, l’avant-veille des nones de mars, très précisément. »
    La date était précise : elle correspondait parfaitement à celle du jour où le chevalier hospitalier avait été lâchement occis en sa maison forte de Cénac. L’avant-veille des nones de mars, le 5 mars de l’an 1345. Le seing et le sceau qui figuraient sur la minuta apostolica avaient été établis à quatre jours des nones de mars de la même année, soit deux jours avant que le chevalier de Sainte-Croix ait été lâchement occis.
    « La veille, ma compagne, avec qui je vivais à pot et à feu…
    — Ta vie en concubinage ne m’intéresse pas, rétorquai-je.
    — Je disais donc, la veille, à trois jours des nones de mars, ma compagne avec qui je vivais à pot et à feu… était morte en couches. Comment pourrais-je l’oublier ?
    — Le commandeur Gilles de Sainte-Croix a-t-il aussi rendu visite à la châtelaine ?
    — À ma connaissance, il n’était jamais reçu par la baronne. Elle le fuyait même dès qu’il venait quérir sa nièce, Isabeau de Guirande. Cette dernière l’accompagnait dans les visites et les soins qu’il prodiguait aux lépreux en la maladrerie de la ville de Pierreguys. Elle est

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