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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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deux hommes est un ci-devant.
    – Oui.
    – Quel est son nom ?
    – Que t’importe ?
    – Dis toujours.
    – Je le veux bien, d’autant mieux que tu ne le connais pas.
    – Enfin ?…
    – Le ci-devant marquis de Loc-Ronan.
    – Et Jocelyn ?
    – C’est son domestique.
    – Ah ! ah ! continua Carrier poussé par cet instinct de l’homme de loi qui flaire une bonne affaire et des victimes innocentes à dépouiller. Ah ! ah ! fit-il encore.
    – Que signifient ces exclamations ? demanda Diégo avec impatience.
    – Elles signifient que je crois avoir deviné tes intentions.
    – Je ne comprends pas.
    Carrier regarda autour de lui en baissant la voix :
    – Nous partagerons ! dit-il.
    – Quoi ? répondit Diégo avec étonnement.
    – Allons, ne joue pas au plus fin avec moi. Parlons nettement ; nous nous moquons tous deux d’un aristocrate de plus ou de moins ; tu t’occupes de celui-là, donc il y a quelque chose à en tirer, j’en suis sûr.
    – Tu crois ?
    – Certainement.
    – Tu te trompes.
    – Impossible !
    – Si fait, te dis-je !
    – Alors je le ferai noyer ce soir.
    Diégo fit un geste violent.
    – Et la lettre de Robespierre ? dit-il.
    – Elle est confidentielle, elle protège un aristocrate, Robespierre la reniera. Je ferai noyer ce soir les prisonniers, et je défie de me faire rendre compte de mes actions.
    – Renard !… murmura Diégo.
    – Ancien procureur, mon cher !… répondit Carrier qui avait tout à fait dépouillé le nouvel homme pour faire place à l’ancien. Je ne sais rien et je sais tout. Réfléchis maintenant, et parle. Nous sommes seuls, tu n’as rien à craindre.
    – Eh bien ! veux-tu être franc ?
    – Oui ; personne ne nous entend et je puis nier mes paroles.
    – À la bonne heure !
    – À notre aise, alors.
    – Si demain tu trouvais un million à gagner pour te faire royaliste, que répondrais-tu ?
    – As-tu donc des propositions à me faire ?
    – Suppose-le.
    – Impossible !
    – Pourquoi ?
    – Les royalistes ne me prendront jamais parmi eux.
    – Si l’on ne te demandait seulement qu’à les aider en ayant l’air de les persécuter… comprends-tu ?
    – Je commence.
    – Que ferais-tu ?
    – Je n’en sais rien.
    – Allons donc ! s’écria Diégo avec emportement ; puis baissant la voix il ajouta : Est-ce que tu vas vouloir jouer au républicain avec moi ? Est-ce que tu vas continuer ton rôle de patriote ? Niaiserie que tout cela !… Tu es homme d’esprit ; tu te moques pas mal des principes de la République, pourvu que tu en retires des avantages. Si tu t’es fait révolutionnaire comme tous les autres, c’est parce que tu ne pouvais pas être noble ! Tu tues les aristocrates pour t’enrichir de leurs dépouilles ! Est-ce que tu crois que je ne connais pas l’histoire des rançons ?
    – Je défends la République ! répondit Carrier en pâlissant de colère.
    – Oui, tu la défends, comme dans les Abruzzes je défendais l’asile où étaient entassées mes richesses. Tu l’aimes comme on aime ses vices.
    – Citoyen Fougueray !…
    – Tu vas me menacer de me faire arrêter ?
    – Oui, si tu continues ! s’écria le proconsul devenu furieux en se voyant démasqué.
    Diégo haussa les épaules.
    – Je te croyais intelligent, et tu n’es qu’un égorgeur stupide ! répondit-il.
    – Tu vas payer tes paroles ! hurla Carrier en se dirigeant vers la porte.
    Diégo tira froidement un pistolet de sa poche et en appuya le canon sur la poitrine du proconsul.
    – Un pas… un mot, tu es mort ! dit-il tranquillement.

X – À BON CHAT BON RAT
    Carrier se laissa tomber sur le divan près duquel il se trouvait. Le misérable tremblait comme un enfant. Diégo remit son pistolet dans sa poche, et, toujours impassible, se croisa les bras sur la poitrine en écrasant son interlocuteur d’un regard de mépris.
    – Tu n’es qu’un lâche ! lui dit-il, et tu veux faire le bravache. Tu n’es qu’un misérable fripon, et tu veux jouer au bandit ! Tu ignores à qui tu parles. Est-ce que tu crois qu’un homme comme moi serait venu stupidement se jeter dans tes griffes sans avoir à sa disposition le moyen de les rogner. Je t’ai fait voir mes pouvoirs d’envoyé du Comité de salut public. Je t’ai montré la lettre de Robespierre, il me reste à te communiquer un autre document.
    Tout en parlant ainsi, Diégo avait atteint de nouveau son

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