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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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portefeuille et en tirait un acte en blanc portant le seing de Robespierre, surmonté des mots : « Pleins pouvoirs ». Il en prit encore trois autres de même forme. Le premier était revêtu de la signature de Collot-d’Herbois, le second de celle de Saint-Just, le troisième de celle de Billaud-Varennes. Tous ces pouvoirs étaient donnés au nom du Comité de salut public et du Comité de sûreté générale. Diégo les réunit tous les quatre et les plaça sous les yeux de Carrier qui, stupéfait et atterré, n’osait bouger de place ni prononcer un mot.
    – Tu vois, continua Diégo, que je suis en mesure. Je puis te faire jeter en prison si bon me semble, et si tu osais attenter à ma liberté, le Comité t’en demanderait compte. Donc, oublions ce petit mouvement de mauvaise humeur et concluons. Je vais être clair et précis. Tu voles ici ; je prétends voler avec toi. Seulement, nous organiserons la chose sur un pied plus convenable. Tu entends ?
    – Oui ! répondit Carrier, qui reprit courage en voyant la tournure que Diégo donnait à la conversation.
    – Malgré mes pouvoirs, tu pourrais me nuire en faisant égorger le marquis de Loc-Ronan, et c’est cette circonstance qui me décide à parler comme je le fais. Tu as dû songer déjà que ce qui se passe ne peut durer. Il arrivera un moment où la réaction renversera le pouvoir. Ce jour-là, nous serons tous perdus. Il s’agit simplement de parer à l’événement en s’y prenant adroitement d’avance. Nous sommes en position, profitons-en. Engraissons-nous, enrichissons-nous, pillons, prenons, et, l’heure venue, sauvons-nous !
    – Les aristocrates sont ruinés ! répondit Carrier.
    – Pas tous, et les négociants ne le sont qu’à demi !
    – Mais ce Loc-Ronan ?
    – Ce Loc-Ronan, entre nos mains, nous rapportera trois ou quatre millions. Aide-moi, et je t’abandonne un tiers, quelle que soit la somme.
    – Je veux moitié ! dit Carrier en se levant.
    – Allons donc ! Te voilà revenu à de bons sentiments !
    – Est-ce conclu ?
    – À une condition.
    – Laquelle ?
    – J’aurai moitié des rançons.
    – Je ne partage pas seul.
    – Bah ! laisse-moi faire, et nous garderons tout pour nous deux.
    – Soit.
    – C’est convenu ?
    – Arrêté.
    – Je savais bien que nous finirions par nous entendre.
    – Eh bien ! va vite à l’entrepôt ; assure-toi que ton ci-devant n’est pas mort, et dépêchons.
    – Tu es pressé maintenant ?
    – Autant que toi. Mais, continua Carrier en réfléchissant, explique-moi comment nous pourrons tirer quatre millions du marquis ?
    – C’est très simple. Il est marié ; sa femme l’adore et cette femme, qui est religieuse maintenant, possède une énorme fortune. Cette fortune, réalisée il y a deux ans, n’a pu sortir de France. Elle est enfermée dans quelque coin du département d’Ille-et-Vilaine. Je ne sais pas où, mais j’ai des données certaines qui me permettent d’être sûr du fait. En passant à Rennes, j’ai fait incarcérer l’ancien notaire de la famille, et, pour racheter sa liberté et sa vie, il m’a raconté cela. L’imbécile ne m’a rien caché, et lorsque j’ai vu qu’il avait défilé son chapelet, je l’ai laissé marcher avec les autres.
    – Il est mort ?
    – Certainement.
    – Très bien ! s’écria Carrier qui comprenait mieux que personne cette manière de procéder.
    – Or, le marquis et sa femme étaient hors de France, continua Diégo, et ils y sont rentrés depuis deux mois. Le marquis est en prison, mais sa femme a échappé.
    – Où est-elle ?
    – À La Roche-Bernard.
    – Qui l’a conduite là ?
    – Un diable incarné nommé Marcof, frère naturel du marquis.
    – Marcof ! murmura Carrier. Hermosa m’a parlé plusieurs fois de cet homme.
    – Imprudente ! dit Diégo entre ses dents.
    Carrier ne l’entendit pas.
    – Tu comprends, continua l’Italien, que dès que la religieuse saura son mari en danger, elle sacrifiera tout pour le sauver.
    – C’est probable.
    – Toute sa fortune y passera.
    – Et ensuite ?
    – Ensuite nous déporterons verticalement le cher marquis.
    – Adopté.
    – Tout ce qu’il nous faut, c’est qu’il consente à me donner une lettre pour sa femme, lettre dans laquelle il lui dira seulement qu’il est en prison et qu’il va être jugé.
    – Et il y consentira ?
    – J’en réponds.
    – En ce cas, agis vite, et n’oublie pas

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