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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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qu’à cinq heures nous serons à la place du département.
    – Je n’y manquerai pas. Mais je ne veux pas agir aujourd’hui ; je veux seulement m’assurer que le marquis vit encore. Je prétends le laisser durant quelques jours, afin que l’exécution de tes projets porte la terreur dans son esprit et me le livre complètement. Quant à toi, dresse une liste de ceux qu’il y a encore à rançonner dans la ville.
    – Elle sera faite.
    – Et demain, nous commencerons à empocher.
    – C’est cela ! Les noyades et les mitraillades feront bon effet et rendront les parents plus coulants en affaire. C’est parfaitement imaginé.
    Et les deux hommes se serrèrent la main et se séparèrent. Carrier retourna près de ses maîtresses. Diégo descendit vivement et rejoignit Pinard qui l’attendait.
    Le sans-culotte prit familièrement le bras de l’envoyé du Comité de salut public.
    – Veux-tu aller aux prisons ? lui demanda-t-il.
    – Est-ce que tu n’as pas des ordres à donner pour les noyades et les mitraillades de ce soir ? répondit Diégo.
    – Bah ! ils sont donnés depuis longtemps.
    – Alors, allons chez toi.
    – Soit.
    Tous deux se dirigèrent vers le Bouffay.
    – Eh bien ! fit Pinard après un léger silence et en parlant avec précaution, de manière à ne pas être entendu des rares passants qui longeaient les murailles, eh bien ! mon brave, es-tu content ?
    – Enchanté.
    – Ça marche alors ?
    – Supérieurement.
    – Carrier en est ?
    – Parbleu ! je te l’avais bien dit.
    – As-tu été obligé de montrer tes pouvoirs ?
    – Oui.
    – Et… qu’est-ce qu’il a dit ?
    – Rien.
    – Il les a crus bons ?
    – Je lui avais montré un pistolet avant, et ça l’avait rendu stupide.
    – Alors il ne doute de rien ?
    – Il me croit bel et bien envoyé du Comité ; tu avais si parfaitement imité les signatures.
    – Dame ! j’y avais mis tous mes soins.
    – Aussi, je te le répète, cela marchera tout seul.
    – Tu as vu comme j’ai joué mon rôle.
    – Et moi qui t’ai demandé ton nouveau nom !
    – C’était superbe !
    – Carrier partagera avec moi les rançons.
    – Bonne affaire ; et pour le marquis ?
    – Je lui ai promis moitié.
    – Moitié ! s’écria Pinard ; es-tu fou ! Quoi ! tu partagerais ?
    – Allons donc !… quelle bêtise ! Il n’aura rien !
    – Et si Carrier se fâche ?
    – Tant pis pour lui !
    – Il pourrait te causer des désagréments.
    – Et à toi aussi.
    – Oh ! moi, je ne le crains pas ; la compagnie Marat m’obéit au doigt et à l’œil ; je l’ai formée, tous ces hommes me sont dévoués, et je leur dirais de massacrer Carrier qu’ils obéiraient.
    – Très bien.
    – Mais toi ?
    – Bah ! j’ai libre accès à Richebourg, maintenant. Que Carrier m’inquiète, et son affaire sera claire !
    – Ah ! nous sommes de rudes joueurs.
    – C’est pour cela que nous gagnerons la partie.
    – Espérons-le.
    En ce moment les deux hommes s’engageaient dans une rue étroite, au bas de laquelle demeurait Pinard.
    – À propos, fit le sans-culotte en approchant de sa maison, j’ai placé l’homme que tu m’as adressé.
    – Piétro ?
    – Oui.
    – C’est un bon garçon, qui m’est dévoué. Tu en as fait ce que je t’ai dit ?
    – Oui.
    – Il est guichetier à la prison ?
    – C’est lui qui veille sur Jocelyn et sur le marquis.
    – Très bien !
    – Mais, vois-tu, Diégo, il faut nous hâter. Tous les jours on me parle de ces deux hommes ; on s’étonne qu’ils soient encore vivants.
    – Ils vivent encore, n’est-ce pas ?
    – Certainement.
    – C’est que Carrier m’avait parlé du typhus.
    – Je les avais fait mettre à part par précaution, sachant ce qu’ils valent. Mais je te le dis encore, dépêchons-nous. Je ne sais plus que répondre à ceux qui m’interrogent à ce sujet ; et j’ai été contraint de les faire remettre dans la salle commune.
    – Avant quatre jours la chose sera faite, et nous pourrons les laisser noyer ou fusiller, à leur choix.
    – Pourquoi quatre jours encore ?
    – Parce que le marquis n’est pas facile à intimider, et que je compte beaucoup sur l’effet des exécutions qui commenceront ce soir. D’ailleurs j’attends de nouveaux renseignements indispensables.
    – Nous voici arrivés, dit Pinard en s’arrêtant et en poussant la porte d’une allée étroite. Entre et monte ;

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