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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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la main.
    – Adopté ! cria-t-il.
    – Et l’autre manière ? fit observer Diégo en souriant.
    – Cela n’empêchera pas.
    – C’est juste ! nous irons plus vite.
    Carrier alors communiqua à son tour à ses trois amis le plan qu’il avait conçu, plan qui non seulement avait été approuvé par la Convention, mais encore avait été honorablement mentionné au procès-verbal de la séance .
    En comprenant que l’eau et le feu allaient venir en aide à la guillotine, et activer les moyens connus jusqu’alors d’exterminer les honnêtes gens, les farouches patriotes poussèrent des hurlements de joie. Il fut convenu que Carrier et Diégo, Angélique et Hermosa assisteraient à cinq heures à la mitraillade, et à sept heures aux noyades. Deux premières représentations en un seul jour ! Quel plaisir !
    Pinard devait être le principal metteur en scène. Il dirigerait le feu et assisterait à l’œuvre des charpentiers lorsqu’ils feraient couler le navire. Puis on s’occupa minutieusement des moindres détails de cette double opération.
    Trois heures sonnaient à la cathédrale lorsque la conférence se termina. Diégo, en sa qualité d’envoyé du Comité de salut public de Paris, avait prévenu Pinard qu’il l’accompagnerait pour assister aux dispositions que le sans-culotte allait prendre à l’occasion de la double fête du soir. Pinard et ses amis s’étaient donc éloignés en prévenant Diégo qu’il les retrouverait devant le corps de garde de la compagnie Marat. L’Italien et le proconsul restèrent seuls de nouveau.
    – J’ai encore à te parler, dit Fougueray en s’asseyant.
    – Qu’est-ce donc ? demanda Carrier.
    – Il s’agit d’une affaire importante.
    – Concernant la République ?
    – Oui et non.
    – Explique-toi.
    Au lieu de répondre, Diégo prit son portefeuille, en tira une lettre, et, la dépliant, il la présenta tout ouverte au proconsul.
    – Lis cela ! dit-il.
    Carrier se pencha en avant et lut à voix haute :
    « Je présente mes amitiés fraternelles au citoyen Carrier et lui ordonne, au nom de la République française, une et indivisible, d’avoir égard à tout ce que pourra lui communiquer le citoyen Fougueray à l’endroit d’un aristocrate caché sous un faux nom et détenu à Nantes. Il s’agit de l’un des deux hommes pour lesquels j’ai déjà donné au citoyen commissaire des ordres antérieurs.
    « Cette lettre doit être toute confidentielle, et ne pas sortir des mains du citoyen Fougueray.
    « Salut et fraternité,
    « ROBESPIERRE.
    « Paris, 24 frimaire, an II de la République française. »
    Après avoir achevé cette lecture, Carrier réfléchit quelques instants.
    – Robespierre veut parler sans doute des deux brigands dont l’un se nomme Jocelyn ? dit-il.
    – C’est cela même, répondit Diégo.
    – Il m’a écrit jadis à ce propos en me disant de ne pas faire guillotiner ces deux hommes.
    – Ainsi ils sont dans les prisons !
    – Je le crois.
    – Tu n’en es pas sûr ?
    – Non.
    – Comment cela ?
    – Il en meurt tant tous les jours dans les prisons.
    – N’as-tu pas les registres ?
    – Est-ce qu’on a le temps de tenir des comptes de la vie de ces gueux-là ?
    – Alors, j’irai voir moi-même.
    – Va, si tu veux.
    – Donne-moi un laissez-passer pour la geôle.
    Carrier prit une feuille de papier et écrivit rapidement quelques lignes qu’il signa.
    – Voici ce que tu me demandes, dit-il en tendant la feuille à Diégo.
    Celui-ci la prit et la mit dans sa poche.
    – Je vais m’y faire conduire par Pinard, répondit-il. S’ils vivent encore, je prendrai des précautions pour l’avenir.
    – Ah çà ! toi et Robespierre, vous tenez donc bien à ces brigands ?
    – Énormément.
    – Vous voulez les empêcher d’être punis comme ils le méritent ?
    – Non pas.
    – Alors que voulez-vous ?
    – Qu’ils vivent deux ou trois jours encore… Robespierre t’avait écrit de ne pas faire tomber leurs têtes, parce que je ne pouvais à ce moment venir à Nantes, et que moi seul dois agir dans cette affaire.
    – J’avoue que je ne comprends pas. Explique-toi.
    – Plus tard.
    – Et dans deux jours on pourra les envoyer avec les autres ?
    – Certainement.
    Diégo allait sortir et se dirigeait déjà vers la porte ; Carrier l’arrêta en posant la main sur son épaule.
    – J’ai une idée, fit-il. Robespierre dit dans sa lettre qu’un de ces

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