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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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étaient pas hier soir, madame, mais ils peuvent bien être venus cette nuit ; aussi, pour plus de précaution, ai-je donné l’ordre de ne pas laisser accoster le canot.
    – Et si ce sont des amis ?
    – Ils se feront reconnaître.
    – Tenez ! je crois entendre le bruit des rames.
    – Vous ne vous trompez pas, madame, répondit Bervic en quittant la religieuse pour monter sur le bastingage.
    Puis, portant la main à son sifflet et le sifflet à ses lèvres, il en tira un son aigu accompagné de modulations. Tous les hommes de quart se précipitèrent vers les carabines suspendues au pied du grand mât et s’en saisirent vivement. Trois matelots s’approchèrent d’une caronade. Les deux servants se mirent de chaque côté de l’affût mobile, l’un un goupillon, l’autre un refouloir à la main, puis le chef de pièce pointa le petit canon dans la direction de la chaloupe qui semblait vouloir accoster le lougre.
    Alors se reculant et se plaçant de côté, il prit une mèche allumée et attendit.
    – Tout est paré ! dit-il en s’adressant à Bervic.
    – Bien ! répondit le vieux maître d’équipage.
    Un profond silence se fit à bord du navire et suivit ce court échange des paroles sacramentelles que nous venons de transcrire. La religieuse s’était remise à prier avec une ferveur nouvelle. On entendait alors très distinctement le bruit des avirons criant sur le bordage de l’embarcation inconnue dont on distinguait nettement l’ombre sur les flots et le sillage plus clair. Bervic jeta un coup d’œil rapide autour de lui, et, assuré que tous ses hommes étaient à leur poste et prêts au combat, il se pencha alors sur le bastingage de l’arrière.
    – Oh ! du canot ! cria-t-il d’une voix impérieuse.
    Aucune réponse ne lui fut faite.
    – Oh ! du canot ! répéta-t-il une seconde fois.
    Un nouveau silence suivit ces paroles.
    – Oh ! du canot ! répondez ou je vous coule ! fit le vieux marin en se redressant avec colère et en sautant sur le banc de quart.
    Le chef de pièce approcha sa mèche de la lumière ; il attendait le commandement de : feu ! Mais au moment même où Bervic allait donner l’ordre, le cri de la chouette retentit faiblement.
    – Ce sont des amis ! murmura un matelot.
    – C’est peut-être une ruse, mes enfants ! répondit Bervic. Parez vos carabines et attention !
    Le canot entrait alors dans les eaux mêmes du lougre.
    – Le commandant ! s’écria le mousse avec joie.
    – Marcof ! fit la religieuse en s’approchant vivement. Oh ! Dieu soit loué ! le Seigneur a exaucé ma prière.
    Bervic, en reconnaissant son chef, avait lancé dans la nuit un nouveau coup de sifflet. Tous les hommes, se portant vivement à tribord, s’apprêtèrent à rendre les honneurs militaires en se rangeant sur une double ligne de la tête de l’escalier d’honneur au pied du grand mât. L’embarcation accostait, et l’un de ceux qui la montaient, saisissant un bout d’amarre lancé du haut du lougre, la contraignait à demeurer bord à bord avec le petit navire. Marcof, suivi de Boishardy et de Keinec, s’élança sur le pont et promena autour de lui un regard attentif.
    – Bien, mes enfants, dit-il de sa voix franche et sympathique, vous faites bonne veille et on ne peut vous surprendre ; très bien ! je suis content, vous êtes de vrais matelots.
    Puis, se tournant vers le vieux maître :
    – Bervic ! ajouta-t-il d’un ton amical.
    – Mon commandant ? répondit le marin en s’avançant respectueusement.
    – Tu feras donner double ration à l’équipage.
    – Oui, commandant.
    En ce moment la religieuse s’avança vers Marcof et lui tendit sa petite main.
    – Vous ici, à pareille heure ! fit le marin d’un ton de doux reproche et en portant à ses lèvres la main qui lui était offerte avec une grâce chevaleresque, digne d’un preux du moyen âge.
    – Oui, mon ami, répondit la religieuse : je veillais près de ces braves gens qui sont pour moi pleins de complaisance et de respect.
    – Ils ne font que leur devoir, madame ; vous êtes, à mon bord, maîtresse souveraine.
    Pendant ce temps Keinec échangeait quelques poignées de main amicales avec le vieux Bervic et les autres matelots, et M. de Boishardy, examinant curieusement le pont du navire, jetait autour de lui un regard où se peignaient l’étonnement et l’admiration. Enfin il s’approcha de Marcof qui venait de quitter Julie, laquelle, sur

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