Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
Vom Netzwerk:
durera-t-il ? continua-t-il après avoir réfléchi un instant. Bah ! que m’importe ! Ce qu’il me fallait, c’était vingt-quatre heures de pouvoir absolu, et je les ai. Demain, ou pour mieux dire ce matin, car voici bientôt le jour, j’aurai vu Loc-Ronan et je l’aurai contraint à me donner une lettre pour Julie de Château-Giron. Oui, mais le difficile ne sera pas fait ; il me restera à voir la religieuse. Or, elle est à bord du Jean-Louis .
    Ici Diégo tira un portefeuille de la poche de son habit, l’ouvrit et y prit une lettre qu’il parcourut du regard.
    – Oui, continua-t-il, ces renseignements doivent être exacts. Julie était au nombre des prisonniers de Saint-Nazaire, puisque Pernelles, le patron du navire sur lequel s’était embarqué Philippe, m’avait annoncé que le marquis avait avec lui une religieuse et un vieillard. Ce vieillard, c’est Jocelyn : la religieuse est sa femme sans doute. Damné Marcof ! Grâce à mon génie, à mon habileté, je les avais tous trois entre mes mains. Dénoncés par mes soins, ils sont arrêtés à leur débarquement, et il faut que ce démon incarné vienne se jeter au travers de mes projets et qu’il arrache Julie aux soldats qui escortaient les prisonniers. Maintenant, voyons encore ce que me dit Agésilas.
    Diégo prit une seconde lettre et lut à voix basse :
    « La Roche-Bernard, 22 frimaire. Le lougre le Jean-Louis est à l’ancre près de la ville ; il est admirablement gardé. Celui dont tu me parles n’est pas à bord. »
    – Ce n’est pas cela, interrompit Diégo en refermant la lettre.
    Il en ouvrit une autre.
    « 20 frimaire, lut-il. »
    – Ah ! c’est cela.
    « Un homme et une religieuse sont arrivés cette nuit. L’homme est le patron du lougre ; quant à la religieuse, je lui ai entendu donner le titre de madame la marquise. La religieuse est restée à bord ; le patron est revenu à terre. S’il survient un événement, je t’en donnerai avis. »
    Diégo s’interrompit une seconde fois dans sa lecture, et, ne terminant pas la lettre, il la replaça dans le portefeuille.
    – Et rien depuis ce moment, dit-il ; donc Julie est encore à bord du Jean-Louis et Marcof n’est pas retourné à la Roche-Bernard ; or, il est incontestable que c’est lui qui a tué les sans-culottes dans l’auberge du quai. C’est lui qui a enlevé Pinard, qu’il aura reconnu, malgré le changement de nom et de condition. Eh bien ! qu’il demeure vingt-quatre heures seulement à Nantes ou dans les environs, et j’aurai eu le temps d’agir. Je verrai la religieuse tandis qu’il sera absent de son bord, et j’enlèverai l’affaire à leur nez et à leur barbe ! Qu’il sauve son frère s’il le veut, peu m’importe, quand j’aurai les écus ! Allons, j’étais un sot de me tourmenter ! Tout est pour le mieux, au contraire ! Pinard disparu, je n’ai plus de moyens à trouver pour éviter le partage. Quelle heureuse inspiration que de n’avoir pas agi précipitamment et d’avoir attendu ! Les noyades et les mitraillades auront dû, grâce à leur aimable perspective, rendre le cher marquis souple comme un gant, et quant à Carrier, il n’aura rien ! c’est convenu ! Allons, Diégo ! tu es né sous une heureuse étoile, mon cher ami, et la sorcière qui, dans ta jeunesse, t’a prédit une triste fin, a volé l’argent de ta mère. Corpo di Bacco ! quelle succession de bonheurs !
    Ici Diégo s’arrêta brusquement.
    – Si Pinard allait tout révéler !… dit-il. Non ! reprit-il au bout d’un moment de réflexion, non, il ne le fera pas… Et puis, le fit-il, j’agirai si vite que l’on n’aura pas le temps d’entraver mes desseins !
    Sur ce, Diégo s’assit, et attirant à lui les feuilles revêtues de la signature du proconsul, il se mit à écrire rapidement. Le jour parut et le surprit encore dans ces occupations. Alors Diégo se leva, mit les différents ordres dans sa poche, et, regardant à sa montre :
    – Sept heures et demie, dit-il ; il est temps d’aller au Bouffay et de voir le marquis de Loc-Ronan ! C’est ce jour qui doit décider de ma fortune !

XXIII – L’ENTREPÔT
    L’entrepôt était le nom que les sans-culottes donnaient à la prison principale. Cette prison, située près de l’endroit où se dressait la guillotine, se trouvait à une distance assez considérable de Richebourg où demeurait le proconsul. Diégo-Fougueray, avant de quitter la maison de

Weitere Kostenlose Bücher