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La Marquis de Loc-Ronan

La Marquis de Loc-Ronan

Titel: La Marquis de Loc-Ronan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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lui qui a accompli ce que tu viens de me dire ? C’est lui qui a tué seul près de vingt sans-culottes ?
    – Lui, aidé de deux autres.
    – Quel est son nom ?
    – Marcof le Malouin.
    – Marcof le Malouin ? Marcof qui a attaqué le convoi des prisonniers venant de Saint-Nazaire ?
    – Lui-même.
    – Et les deux hommes qui accompagnaient ?
    – J’ignore qui ils sont.
    – Que devons-nous faire pour nous emparer de ces brigands ?
    – Mettre toute la police sur pied ; donner le signalement de Marcof ; je vais l’écrire. Fouiller Nantes jusque dans les moindres cachettes de ses plus humbles demeures ; faire donner l’ordre de veiller attentivement aux portes de la ville, arrêter tous ceux qui inspireraient le plus léger doute. En un mot, redoubler d’attention et de rigueur.
    – C’est facile, répondit Carrier ; je vais faire faire des arrestations sur une grande échelle ; par exemple, il faudra nous hâter de vider les prisons, augmenter le nombre des baignades et des mitraillades, car du diable si je sais où fourrer un prisonnier. Les dépôts regorgent ! Enfin, n’importe ! on trouvera un moyen ! Je vais faire arrêter, arrêter quand même, arrêter en masse, arrêter sans trêve, sans relâche, et on exécutera tous ces brigands ! Dans le nombre, nous aurons bien la chance de nous débarrasser de quelques-uns de ceux qui conspirent contre la République !
    Fougueray regardait Carrier avec une sorte de stupéfaction. Tout scélérat qu’il fût, il avait peine à comprendre que la manie du meurtre pût être portée à un point aussi épouvantable. Il contemplait avec stupeur cet homme qui parlait d’arrêter, de noyer, de mitrailler, avec un calme, un sang-froid qui décelaient l’indifférence de son âme et le peu de trouble que ressentait sa conscience.
    – Mais, fit observer l’Italien, as-tu le droit d’arrêter ainsi sans preuves, sans indices de culpabilité ?
    – Ce droit-là, je le prends, répondit le proconsul.
    Puis, haussant les épaules et présentant à Fougueray une feuille imprimée placée sur le bureau, il ajouta en souriant :
    – D’ailleurs, lis la loi contre les suspects , et tu verras qu’on peut arrêter tout le monde. Tiens, écoute ce décret.
    Et il lut à haute voix, en soulignant pour ainsi dire chacune des phrases :
    « Doivent dorénavant être considérés comme suspects et mis en état d’arrestation et d’incarcération :
    « 1º Ceux qui, dans les assemblées du peuple, arrêtent son énergie par des discours astucieux, des cris turbulents et des menaces.
    « 2º Ceux qui, plus prudents, parlent mystérieusement des malheurs de la République, s’apitoient sur le sort du peuple et sont toujours prêts à répandre de mauvaises nouvelles avec une douleur affectée.
    « 3º Ceux qui ont changé de conduite et de langage selon les événements, qui, muets sur les crimes des royalistes et des fédéralistes, déclament avec emphase contre les fautes légères des patriotes, et affectent, pour paraître républicains, une austérité, une sévérité étudiées, et qui cèdent aussitôt qu’il s’agit d’un modéré ou d’un aristocrate.
    « 4º Ceux qui plaignent les fermiers, les marchands contre lesquels la loi est obligée de prendre des mesures.
    « 5º Ceux qui, ayant toujours les mots de « liberté, république ou patrie » sur les lèvres, fréquentent les ci-devant nobles, les contre-révolutionnaires, les aristocrates, les feuillants, les modérés, et s’intéressent à leur sort.
    « 6º Ceux qui n’ont pris aucune part active dans tout ce qui intéresse la révolution, et qui, pour s’en disculper, font valoir le payement de leurs contributions, leurs dons patriotiques, leur service dans la garde nationale par remplacement ou autrement.
    « 7º Ceux qui ont reçu avec indifférence la constitution républicaine, et ont fait part de fausses craintes sur son établissement et sa durée.
    « 8º Ceux qui, n’ayant rien fait contre la liberté, n’ont aussi rien fait pour elle.
    « 9º Ceux qui ne fréquentent pas leur section et donnent pour excuse qu’ils ne savent pas parler, ou que leurs affaires les en empêchent.
    « 10º Ceux qui parlent avec mépris des autorités constituées, des signes de la loi, des sociétés populaires, des défenseurs de la liberté.
    « 11º Ceux qui ont signé des pétitions contre-révolutionnaires ou fréquenté des clubs et sociétés

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