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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tapisserie s’ouvrit aussitôt.
    Il laissa cette porte ouverte, traversa un boudoir dans lequel il venait de pénétrer, et parvint dans une pièce faiblement éclairée, – sorte de salle à manger pour tête-à-tête, la grande salle à manger de l’hôtel se trouvant au rez-de-chaussée.
    Là, un homme attendait, immobile et debout…
    Il portait, comme un laquais de confiance, une livrée sombre et sans ornement ni chiffre, qui se rapprochait de l’habit bourgeois, mais avec quelque chose de raide dans les lignes et de sévère dans la couleur.
    Sans doute il était absorbé dans des pensées lointaines, car il n’entendit pas d’Etioles quand il entra, et il tressaillit violemment lorsqu’il se sentit touché au bras.
    Cet homme, c’était François Damiens, le piéton poudreux de la clairière de l’Ermitage, l’homme au placet de l’hôtel d’Argenson, celui-là même qu’Henri d’Etioles avait fait monter dans son carrosse.
    Une grande transformation s’était opérée en lui.
    Outre le costume qui le rendait méconnaissable, sa tête avait pris un autre caractère : ses longs cheveux étaient coupés, sa barbe broussailleuse avait disparu ; son visage ainsi dégagé présentait une expression d’amertume plus accentuée. Il était peut-être moins sauvage d’apparence : il était plus terrible, plus fatal. Son large front se plissait sous l’effort d’une pensée tyrannique et il y avait une étrange profondeur dans ses yeux fixes.
    – Eh bien, mon maître ? dit Henri d’Etioles.
    – Pardonnez-moi, monsieur… me voici… à vos ordres…
    – Bon, bon… remettez-vous, mon brave. Vous avez vos pensées comme j’ai les miennes, c’est tout simple… mais à quoi diable pouviez-vous bien songer ?
    – Je ne songeais pas, monsieur ; je vous attendais, selon vos ordres.
    Il parlait sans humilité, mais avec une sorte de timidité farouche.
    – Eh bien, reprit d’Etioles, le service ne vous paraît pas trop dur ?…
    – Jusqu’ici, monsieur, je n’ai rien eu à faire. Vous m’avez offert deux cents livres par mois, la nourriture, le logement et les habits, pour entrer chez vous en qualité de laquais…
    – Fi donc !… de secrétaire !
    – De laquais, monsieur ! Je n’ai pas l’instruction suffisante pour être votre secrétaire. Mais peu importe. J’ai accepté un emploi domestique pour gagner ma vie. Que suis-je après tout ? Rien ! moins que rien !… Et notre destinée à nous autres, du peuple, n’est-elle pas…
    Sa voix, qui commençait à gronder, s’arrêta net. Une flamme avait jailli de ses yeux.
    Il poursuivit plus doucement :
    – Pardon, monsieur… Je voulais vous dire seulement ceci : Ce que vous me donnez comme gages est énorme…
    – Je crois bien, mon cher ! Ce sont les appointements d’un sous-chef de bureau de ministère !
    – C’est donc comme je vous dis : énorme. Or, jusqu’ici, vous ne m’avez pas encore dit ce que j’aurais à faire.
    – Rien ! répondit d’Etioles.
    Damiens jeta un profond regard sur son maître, et dit :
    – C’est trop !… Laissez-moi m’expliquer… Si vous me donnez deux cents livres par mois pour ne rien faire, c’est que j’aurai à un moment donné contracté vis-à-vis de vous une dette terrible, et alors…
    – Alors, interrompit d’Etioles, il n’y aura rien de changé. J’ai besoin d’un dévouement près de moi, voilà tout. Ce dévouement, je le paie. Vous me serez dévoué. Voilà votre service… Je vous demanderai, à vous, ce que je ne pourrais demander à personne, ami ou domestique ! Si j’entre en lutte contre de puissants personnages, si je me heurte à quelqu’un… fût-ce le roi !…
    – Le roi ! gronda Damiens en pâlissant.
    – Eh ! oui… alors, je vous demanderai de m’aider… Cela vous va-t-il ?…
    – Oui ! fit Damiens, les dents serrées.
    – Ce n’est pas tout, et vous allez voir que ce rien dont nous parlions pourrait bien devenir quelque chose. Je viens de me marier, mon cher…
    De pâle qu’il était, Damiens devint livide. Un léger tremblement le secoua.
    – Eh bien ! continua d’Etioles en l’examinant avec une attention soutenue, je me défie de ma femme… je crois qu’elle ne m’aime pas…
    – Et alors ?…
    – Alors ! s’il arrive que je sois obligé de m’absenter comme je vais le faire…
    – Vous allez vous absenter ! s’écria Damiens avec un frémissement de joie furieuse. La nuit de vos

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