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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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les cacher !…
    Henri d’Etioles eut un hideux sourire de triomphe.
    Il reprit à voix basse :
    – Ainsi je reste ?
    Immobile, pareille à la statue du désespoir, elle parut n’avoir pas entendu.
    – Je reste, insista le mari.
    Et, cherchant à donner à sa voix un accent de passion, il ajouta :
    – Je vous aime, Jeanne. Je vous aime vraiment d’amour. Il faut que vous le sachiez. Jugez-moi comme vous voudrez. Croyez-moi vil, infâme, criminel. Je suis tout cela par amour. M’entendez-vous, Jeanne ? Par amour ! Pour vous posséder, je commettrais encore d’autres crimes que celui de vous avoir menacée et de vous avoir fait pleurer ! Si je vous perdais, je mourrais ! Ne croyez pas un mot de tout ce que je vous ai raconté avant notre mariage. La vérité, c’est que je vous aime. Si on vous enlevait à moi, voyez-vous, si vous en aimiez un autre…
    Jeanne tressaillit.
    – Si cet autre vous aimait… eh bien, je le tuerais !
    Jeanne eut un long frisson.
    – Si loin ou si haut qu’il se place, je l’atteindrais ! Car je vous aime, et rien n’est impossible à l’amour ! Me croyez-vous, au moins ? Croyez-vous à cette passion insensée qui me dévore… moi si chétif… si laid… si affreux !
    Oui !… Elle y croyait !
    Il le vit bien à son attitude où il y avait presque de la pitié maintenant.
    Car il jouait admirablement son rôle. Il avait la voix ardente, le geste exalté d’un fou… mais si Jeanne avait eu le courage de le regarder en face, elle aurait constaté cette chose effrayante :
    Que le regard de ce fou d’amour demeurait glacial, terne, vitreux, sans une flamme !
    Elle ne bougeait pas. Sa pensée était bien loin de ce qu’elle entendait.
    Et pourtant les paroles d’Henri lui entraient dans la tête. Ce mot qu’il répétait : « Je vous aime ! » finissait par pénétrer profondément dans son esprit.
    Lentement, il s’était approché, comme sans oser la toucher.
    Mais il était tout contre elle.
    Dans un de ces gestes de passion désordonnée qu’il multipliait, il sortit tout à coup son mouchoir et le tordit dans ses mains. En même temps, ces mains, il les tendait vers le visage de Jeanne dans un geste de supplication intense. Et en même temps aussi, lui-même rejetait le plus possible la tête en arrière.
    – Je vous aime, continua-t-il en étudiant la physionomie de la jeune femme, je vous aime comme il est impossible que jamais homme ait aimé ! Mon cœur est plein de vous ! Pour vous seule, je rêve richesse infinie et puissance ! Jeanne, écoutez-moi, entendez-moi, je vous aime… je vous aime !…
    Depuis un instant, une étrange torpeur s’emparait de la jeune femme. Il lui sembla tout à coup qu’un irrésistible besoin de dormir l’envahissait.
    Elle voulut faire un effort, esquisser un geste, mais en vain. Ses paupières, lourdement, se fermèrent.
    – Je vous aime… Je t’aime !… Ah ! tu es dans mes bras !… Jeanne, tu es à moi !…
    Comme dans un cauchemar, elle entendit ces paroles… murmurées à son oreille, elle sentit que Henri d’Etioles la prenait dans ses bras, la soulevait… puis le sens des choses s’abolit en elle… elle tomba dans un profond sommeil…
    Henri la déposa sur le lit.
    Contre les narines de la jeune femme, il appuya alors son mouchoir et l’y maintint pendant deux ou trois minutes, continuant à répéter :
    – Je t’aime, Jeanne, tu es moi !…
    Comme s’il eût voulu que ces paroles, à travers les nuées du sommeil, parvinssent jusqu’à l’esprit de Jeanne et s’y incrustassent à jamais !
    – Je t’aime… Jeanne… oui… crois-moi… c’est par amour que je suis devenu infâme à tes yeux… Mais je me réhabiliterai… car je t’aime… Et tu finiras par m’aimer… toi aussi… divine enfant !…
    Quand il la vit insensible ; lorsque, l’ayant secouée, appelée à haute voix, il se fut convaincu qu’elle ne se réveillerait pas avant plusieurs heures, il replia son mouchoir en écartant soigneusement sa tête, et l’enfouit au fond de sa poche.
    Alors il eut un haussement d’épaules et ricana :
    – Ouf ! ce ne fut pas sans mal… mais enfin, me voilà seigneur et maître !…
    q

Chapitre 13 FRANCOIS DAMIENS
    H enri d’Etioles, sans plus s’occuper de la jeune femme étendue sur son lit, sans plus lui jeter un regard, se dirigea vers une tenture qu’il souleva. Il poussa un ressort, et une porte étroite qui se confondait avec la

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