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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mystérieusement, plaça un doigt sur sa bouche pour recommander le silence, et, à voix basse, prononça :
    – Je vous apporte des nouvelles de Jeanne !…
    q

Chapitre 15 MONSIEUR JACQUES
    N ous prierons le lecteur de vouloir bien revenir avec nous sur la place Saint-Germain-l’Auxerrois, à la minute précise où, après la cérémonie du mariage, Jeanne sortait de l’église, où la jeune femme apercevant Louis XV au balcon du Louvre s’évanouissait dans les bras de Tournehem, et où enfin le chevalier d’Assas, accoté à un arbre, assistait désespéré à cette double scène.
    A dix pas de lui, il y avait un homme qui, confondu dans la foule des badauds, n’avait pas perdu un détail de tout ce que nous avons raconté.
    Cet homme avait vu apparaître le roi, et il avait tressailli.
    Il avait vu Jeanne lever un long regard d’angoisse et d’amour sur le balcon, et alors ses poings étaient crispés dans un imperceptible mouvement de colère vite réprimé.
    Alors son regard était tombé sur le chevalier d’Assas.
    Avec la rapidité de conception qui était une des grandes forces de cet inconnu, il avait étudié cette charmante et loyale physionomie, si belle, si jeune et si douloureuse. Il y avait lu comme à livre ouvert l’amour le plus pur, le courage le plus aventureux, le désespoir le plus effrayant.
    Et il avait souri… d’un mince et livide sourire !…
    – Tiens, tiens ! avait-il murmuré… mais voilà une carte dans mon jeu sur laquelle je n’avais pas compté… Allons, tout peut s’arranger !… Ne perdons pas de temps !…
    Le chapeau à la main et le sourire aux lèvres, il s’était alors avancé vers le chevalier… Mais à ce moment, il avait vu surgir les sbires, et pour un pas qu’il avait fait en avant, il en fit trois en arrière… le chevalier fut arrêté, jeté dans la voiture qui allait l’entraîner dans l’antre formidable de la Bastille.
    L’homme se retourna très désappointé, et aperçut alors le comte du Barry qui causait vivement à voix basse avec le lieutenant de police, M. Berryer. Il constata que le regard du comte du Barry suivait la voiture qui emportait le chevalier. Il vit sur sa figure la haine satisfaite comme il avait vu le désespoir sur celle du jeune homme.
    Alors il attendit que le lieutenant de police se fût éloigné ; il se rapprocha vivement de du Barry qui s’éloignait à son tour, le frôla comme eût pu faire un passant, et, en le frôlant, murmura :
    – Ce soir chez moi !…
    Puis il passa sans s’arrêter, gagna la rue Saint-Antoine, atteignit la rue du Foin et entra dans cette maison modeste dont nous avons parlé, et où nous avons vu du Barry, au sortir de la Bastille, pénétrer mystérieusement.
    Cette maison, en effet, était celle de M. Jacques, et cet homme, c’était M. Jacques lui-même.
    Il s’enferma dans un cabinet dont il ferma la porte à clef, tira les rideaux épais sur la fenêtre, et, sûr que nul ne pouvait le voir, fit jouer un ressort caché dans la muraille : une sorte de placard s’ouvrit. Dans ce placard, il y avait des papiers soigneusement rangés et étiquetés, sans compter des traites de change sur les principaux financiers de Paris, sans compter un coffre plein d’or.
    M. Jacques tira une des liasses de papier, la compulsa longuement, annota quelques feuilles au crayon, puis remit la liasse à sa place.
    Alors il s’assit à une table et se mit à écrire une longue lettre en caractères bizarres qui n’étaient sûrement ni des caractères français ni des caractères d’aucune langue connue.
    Pendant trois heures, il poursuivit son travail qui devait être grave, car parfois il s’arrêtait, mettait sa tête dans ses mains, fronçait le sourcil et méditait longuement.
    Quand il eut fini, il plaça les huit feuillets qu’il venait de remplir dans une enveloppe, et écrivit l’adresse dans cette écriture inconnue que nous venons de signaler.
    Tout en écrivant cette adresse, il murmurait du bout des lèvres :
    – Pour remettre… en main propre… à… Sa Majesté… Frédéric II… roi… de Prusse… Là ! voilà qui est fait… Pourvu qu’on m’écoute là-bas, tout ira bien !
    Enfin, il glissa le tout dans une épaisse enveloppe qu’il cacheta à la cire, et sur laquelle il écrivit, en français, cette fois :
    A Monsieur Wilfried Yungman,
    marchand d’épices coloniales.
    Wilhelmstrasse.
    Berlin (Royaume de Prusse.)
    (Commande de poivre
et
gingembre

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