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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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réaliserait donc sans effort apparent !
    Quoi ! c’était bien le roi de France qui était assis près d’elle, qui tenait sa main et qui lui parlait si doucement… qui lui parlait d’amour !…
    Un sourire d’extase voltigeait sur ses lèvres.
    Elle ne songeait à cacher ni son bonheur ni la joie intense qui débordait de son cœur.
    Et elle était adorable…
    Il eût fallu une âme de poète, d’artiste ou d’amoureux pour comprendre et admirer ce qu’il y avait de pur, de radieux et de profond dans cette passion qui éclatait à chacun de ses gestes…
    Hélas ! Louis XV n’était qu’un roué !
    Il ne voyait là qu’une amourette dont il s’amuserait huit jours… et puis il passerait à d’autres jeux !…
    Il était bien loin de penser que cette petite fille pût prendre un empire quelconque sur lui…
    Mais l’amour vrai, la passion sincère, possède de magnétiques effluves qui peu à peu pénètrent, attirent et fascinent…
    Quelle que fût sa froideur, Louis XV fut ému de ce qu’il entrevoyait.
    Et cette émotion, si Jeanne eût connu la véritable insensibilité du roi, eût été déjà pour elle un triomphe.
    Mais bien loin de songer à analyser les sensations de Louis, la pauvre enfant n’avait même pas la force ou la volonté de s’observer soi-même.
    Elle était comme un de ces jolis oiselets qu’on a longtemps retenus en cage, dans l’obscurité, sous des voiles, et qu’on lâche tout à coup au grand soleil.
    La mignonne créature éperdue bat des ailes, toute ravie, toute éblouie ; son cœur bat, elle ne sait où se réfugier, la clarté l’inonde, la transporte de joie… mais ose-t-elle seulement lever son regard timide vers l’astre éblouissant ?…
    Ainsi Jeanne sentait son cœur éperdu voler de place en place, avec l’unique sensation délicieuse qu’il éprouvait un intense éblouissement.
    Sans doute Louis se rendit compte de ce qui se passait en elle.
    Car, soudainement, il quitta ce sourire affecté qu’il avait gardé jusque-là.
    Son regard se troubla.
    Il se pencha un peu vers l’exquise amante qui semblait s’offrir de toute son âme candide au premier baiser d’amour. Et il reprit :
    – Oui, depuis que je vous ai vue si jolie, si douce ; depuis que j’ai entendu votre voix me demander la grâce du pauvre cerf traqué, je n’ai plus songé qu’à vous… j’ai cherché à vous revoir… et je vous ai revue… il me semblait que j’avais bien des choses à vous dire… et maintenant, je n’ose plus…
    Elle avait penché la tête.
    Deux larmes de bonheur, deux perles admirables brillèrent entre ses cils.
    Le roi se laissa glisser presque à genoux, et reprenant ce style maniéré qu’il croyait plus apte à frapper l’imagination d’une petite fille comme Jeanne, il murmura :
    – Vous régnez déjà sur le cœur du roi… et quand il vous plaira, vous régnerez à la cour…
    Mais ces paroles produisirent un tout autre effet que celui qu’il attendait.
    Jeanne essaya de dégager ses mains.
    – Sire, murmura-t-elle, je ne puis désirer d’aller à la cour, car si j’y allais, ce serait…
    – Ce serait pour y triompher, interrompit ardemment le roi. Ce serait pour y être admirée, enviée, pour être l’aimable reine d’un monde aimable, élégant et fastueux… Mais ma pensée n’est pas de vous offenser, madame… elle est de me soumettre à vos désirs qui seront pour moi des ordres… Oh ! je vous en prie en grâce, parlez-moi selon votre cœur ; car moi, c’est avec tout mon cœur que je vous parle… Dois je vous le dire ? Ne l’avez-vous pas deviné déjà ?… Faut-il prononcer ce mot qui fait de moi votre serviteur ?… Eh bien, je vous aime…
    Jeanne ferma les yeux.
    Son sein palpita.
    Louis enlaça sa taille de ses deux bras, et répéta :
    – Je vous aime… Et vous ?… Parlez ! oh ! de grâce !… dites-moi si je dois vivre ou mourir…
    Hélas, encore une de ces phrases qui faisaient partie du bagage séducteur des roués d’alors.
    Mais ce mot « mourir » produisit sur Jeanne un prodigieux effet.
    Elle devint très pâle et laissa tomber sa tête sur l’épaule de Louis. Les larmes, des larmes délicieuses, une à une, débordèrent de ses yeux fermés.
    – O mon roi ! balbutia-t-elle, s’il ne faut que mon amour pour vous empêcher de mourir… eh bien… vivez… car Dieu m’est témoin que je vous aime !… Depuis quand ? Je ne sais pas… Je crois que je vous aime

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