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La Marquise de Pompadour

Titel: La Marquise de Pompadour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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depuis toujours… Si vous saviez comme j’ai pleuré lorsqu’on vous ramena malade, lorsque tout Paris pleurait ! Si vous saviez comme j’ai prié, les genoux sur les dalles des églises !… Oh ! je ne puis tout vous dire, car je sens bien que je n’arriverai pas à traduire ce que je pense… mais depuis si longtemps… depuis que je sens battre mon cœur, vous êtes le souverain de mon âme… Tenez… lorsque j’allais à cette clairière où vous m’avez rencontrée, que de fois j’ai écouté au fond du bois le son du cor de votre chasse ! Que de fois j’ai espéré vous voir passer ! Et alors je souhaitais d’être la biche qu’on poursuit ! que sais-je ? J’avais des rêveries de folle !… Je songeais parfois que vous n’étiez pas le roi de France, et qu’un jour vous me trouveriez sur votre chemin, que vous me prendriez dans vos bras… et qu’en cette clairière, nous bâtirions l’ermitage d’amour où, loin du monde, nous passerions notre heureuse vie à nous adorer !…
    – Chère âme ! s’écria Louis, remué cette fois jusqu’au fond de l’âme, je veux que votre rêve s’accomplisse ! Je veux faire bâtir à l’Ermitage un palais digne de votre beauté !…
    – Oh ! non !… pas un palais !… Sire ! Sire !… pardonnez-moi… je vous aime pour vous… c’est vous que j’aime… le reste me fait horreur… Fêtes, grandeur, gloire, puissance… est-ce que tout cela existe devant l’amour !…
    – L’amour !… Je connaîtrai donc enfin l’amour vrai !…
    Plus étroitement, Louis, pâli, Louis, bouleversé, enlaça Jeanne ; ils étaient l’un contre l’autre ; maintenant elle avait ouvert les yeux… elle osait regarder le soleil en face… ils frémissaient… Leurs lèvres, doucement, se rapprochèrent, se cherchèrent… se touchèrent et s’unirent…
    Dans le lointain de la fête, les violons, accompagnés de harpes, jouaient un air de gavotte infiniment doux et tendre…
    Sous le baiser du roi de France, le baiser de Louis… du Bien-Aimé… son premier baiser d’amour, Jeanne devint blanche comme une morte…
    – Je t’adore ! murmura Louis palpitant.
    – Je vous aime, bégaya-t-elle, je vous aime… de toute mon âme… ah ! de tout mon être…
    A ce moment, les tentures de la portière se soulevèrent.
    Une tête hideuse se montra et contempla un instant ce couple harmonieux.
    C’était Henri Le Normant d’Etioles !…
    Il eut un sourire livide, et, se retournant, il fit signe à quelqu’un d’approcher, de regarder…
    Et ce quelqu’un regarda à son tour…
    Cet homme, à la vue du tableau d’amour qu’il avait sous les yeux, poussa un rauque soupir, ses ongles déchirèrent sa poitrine ; il devint si pâle qu’on eût dit qu’il allait tomber là, foudroyé !…
    D’Etioles le prit par la main et l’entraîna.
    Quand ils furent dehors, il gronda :
    – Eh bien, maître Damiens, ne vous l’avais-je pas dit ? N’avais-je pas raison de croire que M me  d’Etioles avait un amant ?…
    Damiens poussa un sourd gémissement.
    – Je vous ai adopté pour le confident de mes chagrins, reprit d’Etioles… vous m’avez juré de veiller…
    – Je veillerai ! Oh ! Je veillerai !
    – De me venger, s’il le faut !
    Et Damiens, crispant les poings, serrant les dents, répondit :
    – Oui !… je vous vengerai !…
    q

Chapitre 21 CAGLIOSTRO
    L e comte de Saint-Germain rentra dans l’Hôtel de Ville, et, aux rumeurs qui, dans ce monde de courtisans, se transmettaient avec une rapidité et une discrétion inouïes, il comprit qu’un événement grave venait de se passer.
    Un événement de cour ! Une révolution dans la vie du roi !…
    Chose plus considérable, alors, qu’une déclaration de guerre !
    Que se passait-il ?… Des ministres effarés passaient comme des ombres et se réunissaient dans une embrasure de fenêtre pour tenir conseil !
    Des maréchaux, des dignitaires du Parlement, le lieutenant de police, tous ces hommes, un peu pâles, échangeaient des mots rapides, à voix basse, ou des clignements d’yeux significatifs…
    Les dames, les lèvres pincées, discutaient entre elles avec une étrange animation…
    Et malgré ces inquiétudes, cette attente générale, la fête semblait battre son plein. On souriait, on échangeait de galants propos, on dansait, on tourbillonnait lentement de salon en salon… Il fallait tout l’œil exercé de Saint-Germain pour deviner la

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