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La mémoire des flammes

La mémoire des flammes

Titel: La mémoire des flammes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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que les brûlures ont été infligées avant la mort.
    — Certes, l’absence de crispation des traits est plutôt en faveur de ton hypothèse. Mais ce n’est qu’un argument, pas une preuve. Cela n’élimine pas le deuxième cas de figure que je viens de formuler et qui, lui, au moins, expliquerait comment est morte cette personne. Une frayeur intense et brève parce que fatale ne laisse pas systématiquement sa marque sur les traits du visage.
    — Pourrais-tu faire une autopsie ?
    — Si le motif du décès était évident, comme pour le colonel Berle, j’aurais refusé, car nous recevons tous les jours des blessés. Mais là, c’est différent. Un médecin ne doit jamais laisser dans l’ombre la cause d’une mort. Autrement, un jour ou l’autre, cette cause qu’il a négligée croise à nouveau sa route...
    — Je t’en remercie ! Je me charge d’obtenir l’accord de l’inspecteur Sausson.
    — Et de la bande de hargneux qui me sont tombés dessus tout à l’heure...
    Un motif de décès inconnu... Jean-Quenin était en proie à une agitation inhabituelle. Il ne s’avouait pas vaincu ! Il allait alerter d’autres confrères pour discuter de ce mystérieux cas. Chaque échec dans son combat contre la mort le conduisait non pas à concéder sa défaite, mais à fomenter une contre-attaque, et ainsi de suite, sans fin. Il lui arrivait même de reparler de patients morts dix ans auparavant comme s’il s’agissait de gens disparus la veille.
    Margont lui raconta le peu qu’il savait au sujet du comte Kevlokine et lui indiqua à quelle adresse résidait Lefine, pour qu’il lui fasse parvenir ses conclusions. Puis il rappela Sausson et lui formula sa demande. Jean-Quenin ajouta qu’il fallait faire transporter le corps dans son hôpital, le plus vite possible. Sausson avait l’esprit prompt.
    — À la condition expresse que j’assiste à cette autopsie. Comme cela, au moins, je serai sûr que vous ne m’en cacherez pas les résultats.
    Tandis que Sausson organisait le déplacement de la dépouille, Jean-Quenin collectait tout ce qui avait été susceptible de contenir une boisson ou de la nourriture : un verre et un broc d’eau dans la chambre, des assiettes et trois tasses sales dans la cuisine...
    En aparté, Margont interrogea Keberk. Il lui fit la description des membres des Épées du Roi qu’il connaissait, afin de savoir si celui-ci avait un jour aperçu l’un d’eux. Mais Keberk, toujours, secouait la tête, et il était impossible de savoir s’il n’avait effectivement jamais vu ces personnes ou s’il mentait pour protéger ses employeurs. En outre, il était si éprouvé que ses réponses paraissaient peu fiables...
    Enfin, Margont se rendit sur le lieu de l’effraction. Comme pour Berle, les volets avaient été fracturés, probablement avec un pied-de-biche, et la fenêtre avait été ouverte après le bris d’une vitre.
    Lorsque Margont se résolut à partir, Sausson l’interpella :
    — Vous savez ce qu’il veut dire, n’est-ce pas, ce petit emblème royaliste ?
    — Au revoir, inspecteur...

 
    CHAPITRE XXVI
    Le soir même, par l’intermédiaire de Lefine, Jean-Quenin Brémond fit savoir à Margont qu’il devait le voir le plus vite possible. Ce dernier s’irrita de cette demande, mais s’y conforma. Il quitta l’imprimerie et, après bien des précautions, se rendit devant l’église Saint-Gervais, où Jean-Quenin lui avait donné rendez-vous. Le médecin-major était en civil, ce qui était rare. Margont apprécia cette mesure de prudence.
    — Que se passe-t-il, Jean-Quenin ?
    Celui-ci était agité, excité... C’était la première fois de sa vie que Margont le voyait dans cet état ! Jean-Quenin – qui maîtrisait habituellement si bien ses émotions, même quand il amputait sur les champs de bataille – semblait en proie à une fièvre maligne qui mettait son sang en ébullition.
    — Quentin, je sais ce qui a tué le comte Kevlokine. Durant l’autopsie, j’ai fait semblant de ne rien comprendre pour cacher ma découverte à l’inspecteur Sausson, puisque tu souhaites le tenir à l’écart de ton enquête... Je n’ai trouvé aucune trace de poison dans les restes de nourriture, le verre et les tasses trouvés chez les Gunans, alors ce policier ne se doute de rien. C’est... C’est...
    Margont était fier de sa capacité à conserver son sang-froid, mais il considérait que Jean-Quenin le surclassait dans ce domaine. En

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