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La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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bouche de la jeune femme, comme si elle nommait un démon nouvellement recruté dans les armées de Lucifer. Ses dernières paroles, au moment de sortir, confirmèrent l’impression de Fernand :
    â€” Vos parents ont tellement prié.
    * * *
    Une ambiance plutôt étrange régnait dans le grand magasin PICARD, à cause des allées à peu près désertes. L’obligation de fermer à quatre heures de l’après-midi ne changerait pas grand-chose : les consommateurs se terraient chez eux, ne sortant plus que pour faire des achats absolument nécessaires. Ils ne s’attardaient guère et se tenaient à distance.
    Ã‰douard quitta son bureau, demeura interdit en posant les yeux sur sa secrétaire. Celle-ci portait désormais un masque lui couvrant la moitié du visage.
    â€” De plus en plus de gens en portent un, plaida-t-elle en fixant un regard contrit sur son patron.
    Elle s’inquiétait un peu de son initiative. Aussi elle insista :
    â€” Il y a même des vendeurs…
    â€” Vous faites bien. Écrivez une note recommandant au personnel de faire la même chose et placez-la bien en vue. Avec ce qui est arrivé au pauvre Louis…
    La jeune femme hésita un moment avant de demander :
    â€” Avez-vous reçu des nouvelles alarmantes?
    â€” Certaines informations sont alarmantes, les autres optimistes. Je désire me faire une idée moi-même : je vais le voir.
    â€” … Soyez prudent.
    Les yeux bruns exprimaient de l’inquiétude. Le masque lui donnait une curieuse allure. Dans un autre contexte, il s’en serait amusé.
    â€” Promis. Je commencerai par prendre un déguisement comme le vôtre au rez-de-chaussée.
    Une demi-heure plus tard, il stationnait sa voiture en face d’une charmante petite maison de la rue Saint-Jean. Son collègue vivait tout près de son paternel, cela devait favoriser la concertation entre les deux hommes.
    Â«Â Au fond, se dit Édouard, il se trouve sous une surveillance presque aussi étroite que moi. »
    En quelques pas, il parcourut l’allée, gravit les trois marches conduisant à la galerie s’étendant sur toute la largeur de la demeure, frappa à la porte. Comme rien ne se produisait, il donna du poing un peu plus fort, se pencha afin de coller son front contre la vitre découpée au milieu de la surface de bois.
    Le rideau de dentelle n’empêchait pas totalement de voir à l’intérieur. Il aperçut la petite silhouette de la femme de son collègue. Elle tenait sa fille âgée d’environ six mois dans les bras.
    â€” C’est moi, Édouard, cria-t-il contre la vitre. Laissez-moi entrer. Je viens voir Louis.
    Elle s’approcha d’un pas hésitant. L’homme distingua bientôt le visage défait, les paupières enflées, les joues barbouillées de larmes.
    â€” Est-ce que je peux entrer? Je désire voir Louis, insista le visiteur.
    â€” … Il est malade.
    Si le son ne parvint pas à ses oreilles, il devina le sens des mots.
    â€” Je sais. Je voudrais l’encourager un peu.
    Une grimace se dessina sur le petit visage, cette fois, il perçut des sanglots. Une silhouette parut au fond du couloir, vint vers la porte. À l’uniforme, le visiteur reconnut une infirmière de l’Ordre de Victoria. Depuis quelques jours, ses collègues et elle devaient réaliser des affaires d’or. Elle posa les mains sur les épaules de la maîtresse de maison, la poussa doucement vers une pièce s’ouvrant sur la gauche, puis revint près de la porte.
    Elle portait un masque et ses cheveux étaient enfermés dans un bonnet ressemblant fort à celui d’une cuisinière.
    â€” Vous ne pouvez pas entrer ici, commença-t-elle.
    Le marchand trouva d’autant plus difficile de la comprendre qu’il ne voyait pas ses lèvres. Un peu comme un sourd, il désigna son oreille en secouant la tête de droite à gauche.
    L’infirmière lui fit signe de reculer un peu, attendit qu’il se trouve près de l’escalier avant de tourner le verrou et d’ouvrir la porte d’une largeur de six pouces environ.
    â€” Ne vous approchez pas, pour votre propre bien.
    â€” Je porte un masque.
    â€” Ce n’est pas un talisman. Gardez vos distances.
    Elle s’exprimait bien en français, mais avec un lourd

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