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La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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rassurera. Vous ne nous dérangerez pas.
    â€” Dans ce cas, je me joindrai à vous pour le repas.
    Les deux femmes se réfugièrent dans la chambre 302.
    â€” Elle paraît gentille, remarqua la mère, amusée de la rencontre.
    â€” Elle l’est. Quand je suis arrivée, elle a frappé à la porte pour me tendre la main comme cela.
    Thalie imita le geste en riant.
    â€” Désire-t-elle être médecin?
    â€” Avocate.
    â€” Oh! Une profession moins dangereuse que la tienne, en cas d’épidémie.
    â€” Mais moi, je ne serai pas en contact avec des criminels!
    Marie apprécia la remarque. Assise sur la chaise placée devant la table de travail, elle examina la petite pièce. Depuis septembre, les rayons s’étaient couverts de livres, il en traînait aussi quelques-uns sur le plancher.
    â€” Comme elle est en seconde année, elle m’aide à me familiariser avec la ville et l’université.
    â€” Tu n’es pas seule, cela me réconforte. Paul me dit souvent que la vie ne sera pas simple pour toi.
    â€” Ton amoureux ne vient pas semer l’inquiétude dans ton esprit, j’espère?
    â€” En réalité, ses paroles visent à me rassurer. Cela ne fonctionne pas toujours.
    Cet homme était une véritable bénédiction. Sans lui, Marie aurait mis toute son énergie à vouloir diriger la vie de ses enfants. Sa présence permettait à la femme de supplanter souvent la mère, au grand plaisir de l’étudiante. Cependant, les députés de la campagne brillaient rarement par leur avant-gardisme. Elle se méfiait un peu de son attitude à l’égard de ses projets.
    â€” Ta petite visite te tranquillisera l’esprit tout à fait, j’espère.
    â€” Ma présence ici ne te gêne pas, tu es certaine?
    â€” Pas du tout. Et toi, de ton côté, tu ne m’en veux pas d’avoir invité Catherine, ce soir?
    â€” Au contraire. Je suis sincère quand je dis que je suis soulagée. Dans ce milieu étranger, je craignais que tu ne te trouves perdue.
    Elle se leva pour lire les titres des volumes sur les étagères et amena la discussion sur leur contenu.
    * * *
    Après le départ de sa patronne et de son amie, Françoise, préoccupée, tourna en rond la majeure partie de l’après-midi. La lettre venue du Royaume-Uni la rassurait et, dans une certaine mesure, la libérait. Jusque-là, tous ses moments de loisir s’accompagnaient d’un vague sentiment de culpabilité. Mathieu souffrait, risquait la mort. Comment pouvait-elle profiter de l’existence? Le savoir en sécurité allégeait son esprit.
    Vers cinq heures, elle quitta l’appartement du dernier étage pour aller téléphoner dans le commerce, afin de profiter d’un peu de discrétion. Gertrude ne passait aucune remarque sur son comportement, mais ses yeux sombres, le pli de son front, valaient les reproches les plus sévères.
    Au moment du repas, la jeune fille balbutia :
    â€” Je vais sortir, tout à l’heure.
    â€” … Vous n’avez pas de comptes à me rendre.
    â€” Ce n’était pas mon intention de rendre des comptes.
    Cependant, comme nous vivons dans la même maison, je voulais vous le faire savoir.
    La domestique garda les yeux sur son assiette, arrivant difficilement à taire ses récriminations. Après un moment, sans un mot, elle regagna la cuisine. Françoise acheva son repas toute seule, morose.
    Un peu après sept heures, elle enfila son manteau, descendit pour se rendre sur le trottoir, devant la porte. Un moment plus tard, Gérard vint la rejoindre. Il retira son chapeau en s’approchant.
    â€” Mademoiselle, votre appel téléphonique m’a fait tellement plaisir!
    En le relançant de cette façon, elle rompait toutes les convenances. Cela lui donnait une certaine audace. Il ajouta en s’inclinant devant elle :
    â€” Me permettez-vous?
    Elle leva la tête, les yeux mi-clos. Les lèvres froides touchèrent sa joue. À la lueur des réverbères, autoriser cette privauté devenait un engagement. L’homme se redressa, un peu intimidé par sa propre hardiesse.
    â€” Maintenant, remettez votre feutre, ordonna sa compagne, amusée. La grippe a fait suffisamment de victimes dans notre ville. La politesse ne devrait pas vous amener à risquer votre

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