Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
sera longue.
    â€” Nous pourrons nous reprendre, j’espère… Serez-vous là demain, en soirée?
    Thomas consulta son épouse du regard, puis il répondit :
    â€” Ce sera avec plaisir. Nous rentrerons à Québec dimanche.
    Le couple trouva son chemin pour sortir du vaste édifice. La température inclémente permettait aux chauffeurs de taxi de réaliser des affaires d’or. Après avoir fait la file pour se recueillir devant le grand homme, plusieurs badauds attendraient une voiture.
    â€” Nous aurions peut-être mieux fait de profiter de l’offre de Lapointe, murmura Élisabeth après une demi-heure à patienter, debout, les pieds sur le trottoir glacé. Il peut sans doute éviter aussi les queues de ce genre.
    â€” Je ne me sens vraiment pas d’humeur à faire la conversation avec qui que ce soit, rétorqua son époux.
    Une voiture s’arrêta enfin devant eux. Après avoir donné l’adresse de leur hôtel, il continua :
    â€” D’ailleurs, j’aimerais m’étendre en arrivant dans la chambre. Tu pourras te faire livrer un repas, si tu ne désires pas aller seule à la salle à manger.
    â€” … Tu n’as rien avalé de consistant depuis ce matin. Tu n’es pas raisonnable.
    â€” Rien ne passerait.
    Elle le contempla longuement de ses yeux inquiets.
    â€” Es-tu certain de bien te porter?
    â€” Je ne croyais pas que sa mort me ferait cet effet. C’était un vieux monsieur… La première fois où je l’ai vu, il dépassait déjà les cinquante ans. Sa disparition devrait m’apparaître comme la chose la plus naturelle du monde. Et pourtant, regarde l’état où je me trouve.
    Cela ressemblait à un grand chagrin d’amour. Élisabeth se retint de le lui dire.
    * * *
    La nuit se révéla atroce. Le côté gauche du crâne vrillé par une douleur intense, Thomas aurait aimé trouver un verre de cognac bien tassé afin d’anesthésier sa peine… malgré son estomac vide. Toutefois, en ces temps de prohibition, cette quête se serait déjà montrée difficile à Québec. Dans une ville aussi puritaine qu’Ottawa, la démarche ne donnerait rien.
    En se levant, Élisabeth remarqua son teint blême dans la lumière du petit jour.
    â€” Tu ne vas pas mieux?
    â€” Je ne crois pas avoir fermé l’œil plus d’une heure.
    â€” Cela, je le sais. Tu m’as réveillée une demi-douzaine de fois.
    Son époux lui adressa un sourire gêné, afficha une mine désolée.
    â€” Quand le curé évoquait le pire, lors de notre mariage, conclut-il, il parlait sans doute des migraines.
    Elle le regarda sortir du lit, le trouva fragile dans sa chemise de nuit.
    â€” Au lieu de nous rendre aux funérailles, remarqua-t-elle, mieux vaudrait chercher un médecin. Ton état m’inquiète un peu.
    â€” Je ne veux pas rater ce dernier rendez-vous avec un vieil ami. Et puis, tu sais, je pense que tous les médecins de la ville seront avec nous, aujourd’hui, sur le trajet du cortège.
    â€” Ne commets aucune imprudence. Tu te souviens de l’été dernier.
    Thomas se souvenait très bien. Deux sujets avaient meublé ses pensées, au cours de la nuit : les réminiscences de sa longue carrière d’organisateur politique dans la Basse-Ville de Québec et ses ennuis de santé récents. Le décès d’un proche, parent ou ami, ramenait toujours à sa propre finalité. Déjà, songeait le commerçant, une majorité de ses connaissances se trouvaient dans l’autre monde.
    â€” Je suis sérieux, tous les cabinets de médecin de la ville seront fermés ce matin. Si cela ne va pas mieux cet après-midi, nous pourrons rentrer tout de suite à la maison. Je ne doute pas que Caron accepte de venir me voir en soirée.
    L’engagement parut raisonnable à Élisabeth. Un pur inconnu ne saurait pas comment interpréter les symptômes de son mari. Quand celui-ci entra dans la salle de bain, elle demanda encore :
    â€” Ce matin, tu viendras déjeuner. Ton malaise tient Peut-être seulement au fait que tu as l’estomac vide.
    â€” Je t’accompagnerai, mais ce sera sans doute pour boire une simple tasse de thé. Je garde une petite envie de vomir depuis hier. Cela tient sans doute à

Weitere Kostenlose Bücher