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La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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l’extérieur, sans doute…
    Le secrétaire s’interrompit encore, sentant une présence à ses côtés. Édouard se tenait à quelques pas, une expression de colère sur le visage.
    Thomas n’entendit pas les derniers mots, ne remarqua pas le nouveau venu. La douleur irradia dans sa nuque, un brouillard sembla réduire sa vision. Il sentit ses jambes ployer sous son poids, réussit à se retenir à la poignée de porte avec assez de vigueur pour ne pas choir comme un sac. Tout de même, quand le mot « Papa! » retentit, il se trouvait sur ses genoux.
    * * *
    Trois employés furent nécessaires pour le conduire jusqu’à la Buick stationnée près du service de livraison. Heureusement, un monte-charge permit un départ assez discret. Alarmer les employés ou susciter les ragots des clients ne servirait en rien le bien de l’entreprise.
    Une fois installé sur la banquette arrière de la voiture, l’homme avait retrouvé peu à peu ses esprits, la douleur dans son crâne s’estompait. Une fois à la maison, il avait assez récupéré pour descendre du véhicule avec la seule aide de son fils et marcher jusqu’à la porte en s’appuyant sur son bras.
    Il aurait voulu donner le change, évoquer encore un malaise digestif. L’acuité du regard d’Élisabeth ne négligeait rien.
    â€” Mon Dieu! Dans quel état es-tu! s’écria-t-elle en arrivant dans l’entrée, attirée par le bruit inhabituel à cette heure.
    â€” Ce n’est rien! Un petit étourdissement. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre.
    Plutôt que de lui arracher des bribes d’information, la femme préféra s’adresser à une autre source. Des yeux, elle interrogea Édouard. Jamais le garçon n’avait pu sciemment lui mentir. En cette circonstance, il n’avait aucun motif de le faire :
    â€” Papa s’est effondré devant la porte de son bureau.
    â€” Je n’ai même pas vraiment perdu conscience, protesta-t-il. Un petit étourdissement, mes genoux ont cédé.
    Elle posa ses yeux bleus dans les siens. Un peu comme un gamin pris en faute, il baissa la tête et admit :
    â€” Bon, peut-être une seconde d’inconscience, pas plus.
    Saisissant son bras, Élisabeth dit, la sollicitude se mêlant au reproche :
    â€” Et tu restes debout devant la porte. Viens t’asseoir.
    Elle le guida vers la bibliothèque aux murs lambrissés de noyer noir. Deux fauteuils se trouvaient de part et d’autre d’un foyer, heureusement éteint en cette saison. La pièce fournissait un endroit idéal pour le travail, où le maître des lieux allongeait indûment ses journées depuis plus de vingt ans.
    â€” Édouard, appelle immédiatement le docteur Caron. Insiste au nom de notre vieille amitié, il doit venir tout de suite.
    â€” Un petit cognac et je serai totalement remis.
    Le regard de sa compagne convainquit Thomas d’abandonner l’idée d’un médicament de ce genre.
    * * *
    Le docteur Caron arriva environ trente minutes plus tard, moins au nom d’une vieille amitié qu’en raison du temps, superbe en ce 8 juin. La maladie paraissait sévir plus souvent quand il devenait maussade, pour se retirer les jours de grand soleil. En conséquence, son cabinet se vidait.
    Thomas se trouvait toujours affalé dans un fauteuil couvert de cuir, les yeux mi-clos. Sa femme ne savait trop si gravir l’escalier, pour regagner son lit, présentait un danger pour lui. Elle avait préféré le laisser là. Le praticien commença par demander :
    â€” Alors, voisin, vous avez décidé de ruiner mon samedi en tournant de l’œil?
    â€” Mais non, ce n’est rien. Cependant, ma femme insiste.
    â€” Je me disais aussi qu’il se trouvait au moins une personne raisonnable dans cette maison.
    Le ton badin dissimulait une efficacité discrète. Il souleva les paupières du malade pour lui regarder le blanc des yeux, posa le bout de ses doigts sous les oreilles pour tâter le pouls une première fois, confirma son impression première en saisissant l’intérieur de son poignet gauche.
    â€” Maintenant, madame Picard, comme votre mari doit me montrer sa poitrine, je vais vous demander de quitter la pièce.
    â€” Voyons, c’est mon

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