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La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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s’arrêter. Il échangea un regard avec la directrice de l’institution et jugea bon d’ajouter :
    â€” Tout de même, comme nous vous soignons, mais que Dieu seul peut guérir, vous devriez parler un peu avec l’aumônier. Cela ne nuira pas à votre santé, bien au contraire.
    Ce serait à ce dernier d’évoquer la confession et, sans doute aussi, l’extrême-onction. Le malade ferma les yeux, trop faible déjà pour se révolter contre le sort. Hamelin se déplaça au pied du lit, actionna la manivelle d’un mouvement énergique tout en expliquant à la jeune religieuse responsable de la salle :
    â€” Gardez-le toujours en position assise, cela facilitera sa respiration.
    â€” Dans son état de faiblesse…
    â€” Placez des oreillers sous ses bras pour aider à le soutenir. Demeurer à plat sur le dos augmente beaucoup son inconfort.
    Elle fit un signe d’assentiment. Le docteur continua :
    â€” Allez me chercher une seringue de camphre.
    Elle s’esquiva en direction de la pharmacie de l’hôpital. Le docteur revint vers le chevet du malade pour demander :
    â€” Respirez-vous un peu mieux, maintenant?
    â€” … Oui, un peu, je crois.
    Le patient adoptait le ton du bon élève, désireux de plaire au maître. Hamelin demeurait toutefois convaincu que dans quelques minutes, ce jeune homme se sentirait légèrement mieux, sans que cela ne change vraiment la suite des choses. L’hypothèse se confirma quand celui-ci murmura :
    â€” Quand pourrai-je sortir d’ici? Si je ne reviens pas très vite au travail, mon employeur va me remplacer.
    Se préoccuper de ce genre de chose, c’était une autre façon de nier la gravité du mal.
    â€” Ne pensez pas à cela, songez seulement à vous reposer. Le seul avantage de la guerre, c’est que les emplois sont devenus plus nombreux que les travailleurs. Personne ne vous volera le vôtre.
    â€” Avec tous les gars qui ont été conscrits…
    L’autre s’interrompit dans une quinte de toux. Son vain retour à ses préoccupations habituelles s’arrêterait là. Son visage bleuit encore un peu plus sous l’effort. Quand il remit sa tête sur l’oreiller, les yeux posés sur le médecin rappelaient ceux d’une bête aux abois, traquée par un ennemi implacable.
    Heureusement, la religieuse arriva à ce moment avec une seringue à la main.
    â€” Ceci va vous faire le plus grand bien, déclara le docteur en enfonçant l’aiguille dans le bras.
    Le malade se désespérait de le croire. Un rictus sur ses lèvres pouvait passer pour un sourire. Avant de se lever, le praticien toucha encore la main froide et moite, échangea un regard avec lui.
    Au moment où il tendit la seringue vide à la jeune augustine, celle-ci fut prise à son tour d’une quinte de toux. Quand elle retrouva sa contenance, il prit son menton entre le pouce et l’index pour contempler le petit visage, puis lui dit :
    â€” Vous paraissez fatiguée.
    â€” Ce n’est rien. Avec l’affluence des derniers jours, nous devons toutes redoubler nos efforts.
    â€” Je comprends. Essayez tout de même de vous reposer.
    Au moment où il sortait de la salle, la directrice lui demanda à voix basse :
    â€” Que pensez-vous de l’état de cet homme?
    â€” L’injection va agir comme un coup de fouet. Mais ses poumons sont pleins de mucus. Il peut à peine respirer…
    â€” Il ne passera pas la nuit.
    Placée tous les jours en présence de patients depuis trente ans, cette femme savait établir ce genre de pronostic mieux que la plupart des médecins.
    â€” … Vous avez probablement raison.
    Il se déplaça vers la sortie de l’édifice, la directrice toujours à côté de lui.
    â€” Cette jeune religieuse aussi a mauvaise mine.
    â€” Nous sommes vraiment surchargées. Chacune de nos sœurs travaille plus de quatorze heures par jour.
    â€” Vous l’avez comme moi entendue tousser. Laissez-la se reposer, tout comme ses consœurs, avant qu’il ne soit trop tard. Le moment serait mal choisi pour fermer vos portes, faute de personnel.
    Son interlocutrice le dévisagea un moment, puis elle conclut :
    â€” Je vous souhaite une bonne journée, docteur Hamelin.
    â€” La même chose pour

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