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La mort bleue

La mort bleue

Titel: La mort bleue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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peur », se répétait-il Peut-être pour la cent millième fois. Un nez plus fin que le sien aurait reconnu l’encaustique, l’alcool et la sueur, dans ce bouquet prenant.
    Depuis quelques jours, plusieurs de ses patients présentaient une toux tenace. Il allait d’une salle à l’autre, son stéthoscope autour du cou, multipliant les bons mots et les médicaments à l’efficacité douteuse. Au moment où il allait entrer dans la dernière d’entre elles, il aperçut une religieuse augustine marchant vers lui d’un pas vif.
    â€” Bonjour, ma mère, commença-t-il avec un sourire témoignant d’une connivence de quelques années déjà. Comment s’est passée la fin de semaine?
    â€” Bonjour, docteur. Les admissions se font de plus en plus nombreuses, alors ces derniers jours ont été fort occupés.
    â€” Toujours cette mauvaise grippe?
    â€” … La plupart du temps, oui.
    Le praticien laissa échapper un soupir de lassitude. Tous les ans, cette infection revenait inlassablement, toujours dangereuse pour les plus âgés.
    â€” Tout de même, c’est curieux, l’été ne se terminera que dans une semaine. D’habitude, cela survient au plus fort de l’hiver.
    â€” La chose n’est pas inédite, pourtant, commenta la religieuse. J’espère seulement que nous ne revivrons pas la réédition de l’épidémie de 1885.
    â€” Vous deviez être une toute jeune fille, alors. Vous en souvenez-vous vraiment?
    Un bref moment, le visage de la femme s’éclaira au souvenir de ces années. La lourde coiffe blanche et l’habit de grosse toile, ample au point de gommer sa silhouette, ne suffisaient pas à faire oublier tout à fait la personne qui, en son temps, avait fait se retourner des têtes.
    â€” Cessez vos flatteries, je m’en souviens même plutôt bien. Les corbillards paraissaient toujours en mouvement dans les rues, les cloches des églises sonnaient le glas avec une affreuse régularité.
    â€” Quant à moi, je ne me rappelle de rien, mais les professeurs de la Faculté de médecine nous en ont beaucoup parlé. Avec un peu de chance, nous éviterons la répétition de ces événements. Puis, nous sommes mieux armés qu’à l’époque pour y faire face.
    Elle préféra taire son scepticisme devant les avancées de la science moderne. Le médecin marqua une pause, puis continua :
    â€” Voulez-vous me parler d’un cas en particulier?
    La directrice ne passait tout de même pas ses journées à rechercher les rencontres avec lui, même pour le plaisir d’une allusion à sa jeunesse.
    â€” L’une des personnes dont vous avez demandé l’admission a connu une très mauvaise nuit.
    La religieuse passa la porte de la salle la plus proche. Une douzaine de lits s’alignaient de part et d’autre d’une allée centrale. Tout de suite, le docteur Hamelin perçut la respiration sifflante d’un commis de vingt-deux ou vingt-trois ans. En s’approchant de sa couche, il distingua la pâleur du patient, ses lèvres, et même la peau de son visage, un peu bleuies.
    â€” Docteur, plaida une voix à peine audible, je suis très malade.
    L’affirmation se révélait cruellement exacte. Le médecin posa les bouts de son stéthoscope dans ses oreilles, déplaça le disque de métal sur la poitrine maigre, couverte de sueur, du jeune homme. Un chuintement malsain venait des poumons, alors que le rythme cardiaque s’affolait un peu. Le mucus devait s’accumuler dans les alvéoles, privant d’oxygène tout l’organisme.
    â€” Votre vilaine grippe se transforme en pneumonie, j’en ai bien peur, expliqua-t-il en prenant la main droite de son patient dans la sienne.
    Les doigts étaient très froids, les ongles d’un vilain violet. L’autre ferma les yeux, puis les ouvrit bientôt pour exprimer sa terreur nue.
    â€” C’est grave?
    â€” Oui.
    â€” Je vais mourir?
    Respirant avec une extrême difficulté, un pareil dénouement hantait l’esprit du malade depuis des heures. Hamelin chercha à se faire rassurant :
    â€” Nous allons nous attaquer à cette complication. Vous êtes jeune, robuste…
    Le ton sonnait un peu faux, aussi il préféra

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