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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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nouvelle frappa Mordret de stupeur. Non seulement il ne s’attendait pas qu’Arthur vînt si tôt l’attaquer mais, même amoindrie par la guerre contre Lancelot et la lignée du roi Ban, la puissance militaire de son oncle lui faisait peur. Aussi convoqua-t-il sur-le-champ ses plus fidèles conseillers pour leur exposer la situation. « Seigneur, opinèrent-ils, le seul conseil que nous puissions te donner est de rassembler tes hommes et de marcher hardiment contre Arthur en le faisant sommer de vider cette terre qui ne lui appartient plus. S’il ne veut pas quitter cette île, tu as à ta disposition plus d’hommes qu’il n’en a, Attaque-le donc en toute sécurité, car ses gens ne pourront te résister ; ils sont las et affaiblis, tandis que nous sommes frais et dispos, n’ayant pas porté les armes depuis fort longtemps. Fais rassembler tes troupes et place à leur tête les meilleurs et les plus fidèles de tes barons. »
    Mordret les remercia de leurs conseils et s’empressa d’envoyer des messagers porter par tout le pays l’ordre à ses vassaux de se rassembler immédiatement dans la grande plaine de Salisbury, près de Stonehenge. Il espérait en effet voir Arthur y déployer ses troupes, déploiement dont lui-même profiterait pour les attaquer sur plusieurs fronts simultanément. Cela dit, il leva le siège de la tour de Kamaalot et mena ses gens vers ce qu’il prévoyait devoir être le lieu de la rencontre décisive.
    En voyant ses ennemis abandonner leurs positions au bas de la tour, puis, une fois regroupés, quitter la forteresse de Kamaalot, la reine Guenièvre n’en crut d’abord pas ses yeux. Mais, bientôt, la rumeur du dehors lui apprit le retour d’Arthur et son intention de livrer bataille à Mordret. Elle en fut à la fois joyeuse et inquiète : joyeuse de se voir enfin délivrée, inquiète de voir le roi périr durant la lutte. Et elle se trouvait ainsi déchirée par ces sentiments contradictoires quand reparut à Kamaalot le fidèle Labor. Il vint aussitôt rendre compte à la reine du résultat de sa mission et la trouva tout en pleurs, ne cessant de se lamenter. Il tenta de la raisonner : « Dame, dit-il, réjouis-toi désormais ! Le roi va sous peu dissiper la menace que Mordret faisait peser sur toi. – Ah ! répondit Guenièvre, ne vois-tu pas, mon cousin, dans quelle affreuse situation je me trouve ? D’un côté, je vois le roi engagé dans un combat terrible, et j’ai peur que Mordret, s’il l’emporte, ne se venge mortellement de moi. De l’autre, si le roi gagne la bataille, pourra-t-il jamais croire qu’en dépit de son acharnement à s’emparer de moi, Mordret n’a pu me posséder charnellement {74}  ? Je suis sûre qu’il me tuera aussitôt que je serai en son pouvoir. Ainsi, tu le vois, je ne puis échapper à la mort d’un côté ni de l’autre. Voilà pourquoi tu me vois si malheureuse ! » Alors, Labor tenta de lui démontrer qu’Arthur avait confiance en elle et ne songeait qu’à la délivrer ; mais elle, sans seulement l’écouter, s’enferma dans un profond chagrin.
    Aussi ne dormit-elle guère, cette nuit-là, tourmentée qu’elle était par ses sombres pensées. Du moins, l’aube la trouva-t-elle résolue. Après avoir éveillé deux de ses suivantes en qui elle avait toute confiance et leur avoir commandé de s’habiller sans retard, Guenièvre quitta subrepticement Kamaalot en leur compagnie, n’emmenant pour escorte que deux écuyers et pour équipage que deux mulets chargés d’or et d’argent, de sorte que nul ne prit garde à sa fuite. Après avoir longuement chevauché par vaux et forêts, elle parvint au crépuscule aux abords d’un ermitage qu’elle connaissait fort bien, pour en avoir jadis fait bâtir la chapelle.
    Les ermites la reconnurent et l’accueillirent avec grande joie. Elle leur exposa point par point sa situation, sans leur cacher qu’elle craignait autant de périr de la main de Mordret que de son propre époux. Les ermites la rassurèrent en lui promettant de ne révéler à personne sa présence en ces lieux. Ainsi pourrait-elle séjourner près d’eux aussi longtemps qu’elle le voudrait, et ce en toute sécurité. Alors, elle fit décharger le trésor qu’elle avait apporté et le confia à ses hôtes, puis congédia ses gens, non sans leur avoir fait jurer de garder un secret absolu sur le lieu de sa retraite. Les yeux pleins de larmes, les suivantes reprirent donc le chemin de

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