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La mort du Roi Arthur

La mort du Roi Arthur

Titel: La mort du Roi Arthur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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revêtu une cape, longue, large et sans manches, qui appartenait à l’ermite, et s’était couvert la tête d’un capuchon, de sorte que nul ne pût voir son visage. Ainsi échappa-t-il à ses poursuivants, et aucun d’entre eux ne soupçonna un seul instant qu’il se trouvait précisément en présence de Karadoc de Vannes.
    En dépit de cela, Arthur et ses compagnons poursuivirent leur quête à travers toute la Bretagne armorique, mais en vain, et ils en éprouvèrent tant d’affliction que, décidant alors de revenir dans l’île de Bretagne, ils s’y lancèrent à nouveau dans des recherches qui se révélèrent aussi désespérées. À bout de résistance et désormais convaincus que leurs efforts étaient inutiles, ils se résignèrent et, se séparant, se dispersèrent à travers le royaume afin de regagner chacun son foyer. Et dès lors, deux ans s’écoulèrent, voire davantage, sans qu’on entendît mot de Karadoc. Personne ne put rien apprendre à son sujet.
    Un seul homme ne perdit pas l’espoir, Cador de Cornouailles. Il persista dans ses recherches, çà et là, dans bien des pays des deux côtés de la mer, en compagnie de sa sœur, la belle Guinier, qui refusait aussi de croire que Karadoc fût mort. Cador affirmait et jurait que, loin d’être jamais déloyal envers son ami, il n’aurait de cesse qu’il ne l’eût retrouvé, en quelque lieu qu’il fût. Aussi, chaque fois qu’il arrivait dans une forteresse ou un village, dans une ville ou un ermitage, demandait-il : « Au nom de Dieu, braves gens, auriez-vous vu un homme qui porte un serpent lié à son bras ? » Hélas ! la réponse était invariable : « Dieu merci, nous ne l’avons pas vu par ici ni n’avons jamais entendu parler d’une horreur semblable ! »
    Karadoc, cependant, ne se nourrissait plus que d’herbes, car, cet été-là, il avait quitté l’ermite auprès duquel il avait vécu près de deux ans pour se mettre à la recherche d’autres saints hommes. Explorant forêts, landes et bocages, il mangeait des racines crues. Le serpent le tourmentait toujours aussi fort en lui suçant la chair et le sang, et il était désormais si abattu et si affaibli qu’à peine pouvait-il se déplacer. Finalement, il élut domicile dans des fourrés, au milieu d’un bois, non loin d’un bel ermitage. Là séjournaient plusieurs serviteurs de Dieu, aussi généreux que discrets. Leur église, toute petite, dominait un mince ruisseau qui prenait sa source aux flancs de la vallée. Peu de gens se risquant par là, l’endroit était calme et tranquille.
    Au fond du buisson dans lequel il s’était installé, Karadoc vivait donc en attendant la mort, sans plus rechercher nul remède. Chaque jour de la semaine, un étroit sentier le menait prier à la chapelle, puis il assistait à l’office. Les reclus lui donnaient des vêtements et le nourrissaient du peu qu’ils avaient pour eux-mêmes, en dépit du serpent diabolique qui lui étreignait le bras, et tout émus de l’entendre se plaindre si doucement du mauvais sort qui lui avait infligé cette cruelle pénitence. Après s’être un peu restauré, Karadoc retournait à sa tanière. Il n’espérait pas d’autre soulagement que la mort, aussitôt que Dieu daignerait la lui envoyer.
    Or, un jour, Cador de Cornouailles, toujours par monts et par vaux, laissa sa sœur, épuisée par ce voyage perpétuel, dans la maison d’une veuve dame qui leur avait offert l’hospitalité. Dès le matin, il résolut d’explorer toute la région, mais la nuit le surprit près de l’ermitage dans les parages duquel se trouvait Karadoc. Il y demanda l’hospitalité et les ermites l’accueillirent avec bonté, lui offrant pour repas la maigre chère qui était la leur. Sur ce, Cador leur demanda s’ils connaissaient ou avaient rencontré un homme aux manières nobles qui portait, attaché à son bras, un horrible serpent qui lui suçait la chair et le sang. « Cher seigneur, répondit l’un des ermites, nous le connaissons. Il habite dans le voisinage et demain, tu pourras le voir ici même, car il vient tous les jours entendre la messe. »
    La joie fit battre le cœur de Cador. « Est-ce un homme brun et de belle taille ? » demanda-t-il. On lui répondit : « Cher seigneur, il est comme tu dis, mais dans quel état ! Il n’a plus que la peau sur les os. Quant à son nom, nous l’ignorons. » Sans insister, Cador alla se coucher, si heureux de ce qu’il venait

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