La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
d’ambroisie, ils se
réjouissent aux accords de la lyre d’argent du glorieux Apollon auxquels
répondent les douces voix des Muses, tandis que les Grâces dansent avec Hébé et
Aphrodite et qu’une lumière radieuse les entoure. » Mais les deux
divinités de la terre connaissaient une douleur navrante.
Qu’arrive-t-il aux tiges des blés et aux branches
luxuriantes de la vigne lorsque l’épi est moissonné et les grappes cueillies ?
Quand le gel s’installe, tuant toute vie nouvelle et verdoyante dans les
campagnes ? C’était la question que se posaient les hommes, et les premiers
récits leur furent contés pour expliquer ce qui paraissait si mystérieux :
les changements qui se produisaient sous leurs yeux tels que la nuit et le jour,
le cours des saisons et celui des étoiles. Bien que Déméter et Dionysos fussent
les dieux heureux de la moisson, il était clair qu’en hiver il en allait
différemment. Alors, ils s’attristaient et la terre avec eux. Les hommes de ce
temps s’en étonnaient et tentaient, par des apologues, d’en donner l’explication.
Déméter (Cérès)
Cette histoire n’est contée que
par un poème très ancien, l’un des tout premiers Hymnes Homériques, datant du VIII e siècle ou du VII e . L’original porte l’empreinte de la poésie
grecque du début, c’est-à-dire grande simplicité et franchise, et ravissement
profond devant la beauté du monde.
Déméter avait une fille unique, Perséphone (en latin
Proserpine), la vierge du printemps. Elle la perdit et dans son immense douleur,
elle refusa ses bienfaits à la terre. Les champs verdoyants et couverts de
fleurs furent changés en étendues stériles parce que Perséphone avait disparu.
Le souverain du sombre monde souterrain, le Roi des morts
innombrables l’avait enlevée alors que charmée par la floraison des narcisses, elle
s’était attardée pour les cueillir, s’écartant ainsi de ses compagnes. Dans son
chariot traîné par des coursiers d’un noir de jais, Pluton surgit d’un gouffre
béant et saisissant la jeune fille par le poignet, il la maintint près de lui
et l’emporta, sanglotante, dans son empire. Les hautes montagnes et l’abîme de
la mer renvoyèrent l’écho du cri déchirant de Perséphone, et sa mère l’entendit.
Comme un oiseau elle survola la mer et la terre à la recherche de sa fille, mais
personne n’osa lui dire la vérité, « ni homme, ni dieu, ni aucun sûr
messager des oiseaux ». Déméter erra neuf jours pendant lesquels elle
refusa de goûter à l’ambroisie ou d’approcher le doux nectar de ses lèvres. Enfin
elle atteignit le soleil et il lui raconta toute l’histoire : Perséphone
se trouvait dans le monde souterrain, parmi les ombres des morts.
Alors une douleur plus grande encore envahit le cœur de
Déméter. Elle quitta l’Olympe ; elle s’établit sur la terre mais si bien
déguisée que personne ne la reconnut ; il est vrai que les dieux sont
rarement reconnus par les mortels. Poursuivant sa quête désolée, Déméter
parvint à Eleusis et s’assit sur une pierre, au bord de la route. Elle
paraissait une vieille femme, pareille à celles auxquelles, dans les grandes
maisons, on confie le soin des enfants ou la garde des provisions. Quatre sœurs,
jeunes et ravissantes, s’approchèrent du puits près duquel elle se reposait, la
virent, et apitoyées, s’enquirent de ce qu’elle faisait là. Elle répondit qu’elle
avait fui des pirates qui voulaient la vendre comme esclave et qu’elle ne
connaissait personne, dans cette terre étrangère, à qui s’adresser pour
demander secours. Les sœurs lui assurèrent qu’elle serait la bienvenue partout
dans la ville mais qu’elles-mêmes se réjouiraient de la recevoir dans leur
propre maison ; elles lui demandèrent d’attendre un instant, le temps d’en
parler à leur mère. La déesse inclina la tête en signe d’acquiescement et les
jeunes filles, après avoir rempli d’eau leurs cruches de grès, se hâtèrent vers
leur demeure. Métanire, leur mère, les renvoya aussitôt inviter la déesse. En
hâte, elles retournèrent au puits et trouvèrent la glorieuse déesse, toujours
assise sur sa pierre, drapée dans ses voiles épais et couverte jusqu’aux pieds
de sa robe sombre. Elle les suivit et comme elle passait le seuil de la pièce
où se tenait la mère, son jeune fils pressé contre elle, une lumière divine les
enveloppa et Métanire se sentit envahie d’un
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