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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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qu’elles labouraient et semaient le grain, elles sentaient qu’une
divinité féminine serait mieux à même de comprendre et de protéger leur travail.
De leur côté, les femmes comprenaient mieux une déesse honorée, non comme les
autres dieux, par des sacrifices sanglants plaisant aux hommes, mais par chaque
humble geste qui rend l’arbre fructueux. Grâce à Déméter, le champ de blé était
sanctifié – « le grain sacré de Déméter » – et l’aire de battage
était protégé par elle ; l’un et l’autre étaient ses temples où, à tout
moment, elle pouvait être présente : « sur l’aire sacrée, à l’instant
du vannage, elle-même, Déméter aux cheveux comme des épis blonds, sépare le
grain de la balle dans le souffle du vent, et le tas de la balle blanchit. »
« Que ce soit mon lot », prie le moissonneur, « de plonger le
grand van dans les monceaux de blé près de l’autel de Déméter, tandis qu’en
souriant elle se tient tout près, les mains pleines d’épis et de coquelicots. »
    Comme il se doit, sa fête la plus solennelle se célébrait au
moment de la moisson. À l’origine, il s’agissait là probablement d’un simple
geste de gratitude de la part des moissonneurs, lorsqu’on rompait la première
miche de pain provenant du grain nouveau pour la manger ensuite avec respect, tandis
que des prières d’action de grâces montaient vers la déesse, dispensatrice du
don le meilleur et le plus nécessaire à la vie humaine. Plus tard, l’humble
fête se transforma en cérémonies mystérieuses dont nous savons fort peu. La
plus solennelle, en septembre, ne se célébrait que tous les cinq ans mais
durait neuf jours, jours sacrés entre tous et pendant lesquels la plupart des
activités quotidiennes étaient suspendues. Dans l’allégresse générale, on
organisait des processions, des sacrifices étaient offerts, accompagnés de
danses et de chants. Ceci était connu de tous et a été relaté par bien des
auteurs. Mais la partie essentielle de ces mystères avait lieu dans l’enceinte
du temple et n’a jamais été décrite. Ceux qui y participaient étaient liés par
un vœu de silence et ils le gardèrent si bien que seuls de vagues échos de ce
qui s’y passait sont parvenus jusqu’à nous.
    C’est à Eleusis, petite ville voisine d’Athènes, que s’élevait
le plus grand temple consacré à Déméter ; on y célébrait les Eleusinies, ou
mystères de Cérès. Ces mystères étaient tenus en particulière vénération tant
dans le monde grec que dans le monde romain. Cicéron, écrivant au I er siècle av. J.—C. disait : « Il n’y a rien de plus élevé que ces
mystères. Ils ont adouci nos caractères et nos coutumes ; ils nous ont
fait passer de la barbarie à une vraie humanité. Non seulement ils nous ont
montré comment vivre dans la joie mais ils nous ont appris à mourir avec une
espérance. »
    Cependant, tout sacrés et imposants qu’ils fussent, ces
mystères gardaient l’empreinte de ce qui les avait fait naître. L’une des rares
informations que nous avons à leur sujet nous apprend que leur moment le plus
solennel était celui où l’on montrait aux adorateurs « un épi de blé qui
avait été cueilli en silence. » Personne ne sait au juste quand ni comment
Dionysos, le dieu du Vin, prit place lui aussi, à Eleusis, sur un trône aux
côtés de celui de Déméter.
    Près de Déméter, lorsque résonnent les cymbales,
    Se tient Dionysos aux cheveux abondants.
    Divinités, l’une et l’autre, des largesses de la terre, présidant
toutes deux aux actes domestiques quotidiens dont dépend la vie – le pain que l’on
rompt et le vin que l’on boit – il semble naturel qu’elles fussent vénérées
ensemble. La fête de Dionysos revenait aussi aux vendanges, lorsque l’on
portait les grappes au pressoir.
    Dionysos, dieu de la joie, la pure étoile
    Qui brille pendant la récolte des fruits.
    Mais il n’était pas toujours le dieu de la joie, pas plus
que Déméter n’était toujours la déesse heureuse de l’été, et là encore ils se
trouvaient étroitement liés, car tous deux étaient des déités souffrantes, contrairement
aux autres immortels qui ne pouvaient être touchés par une peine durable :
« demeurant dans l’Olympe où jamais ne souffle le vent, où jamais ne
tombent la pluie ni la plus petite étoile blanche de neige, tous leurs jours
sont heureux ; ils se régalent de nectar et

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