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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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réunion favori, soit pour y danser, soit
pour s’y baigner, ou encore pour y cueillir des fleurs.
    Cette fois, sachant que les fleurs avaient atteint le moment
de leur perfection, toutes se munirent de paniers. Celui d’Europe était en or
délicatement ciselé de silhouettes qui racontaient — le fait est à
souligner – l’histoire d’Io, ses voyages sous la forme d’une vache, la mort d’Argus,
et enfin Zeus la touchant légèrement de sa main et lui rendant sa forme humaine.
C’était, on s’en doute, une merveille digne d’admiration et l’œuvre d’un
personnage qui n’était rien moins qu’Héphaïstos, le célèbre ouvrier de l’Olympe.
    Si le panier était charmant, les fleurs destinées à le
remplir ne l’étaient pas moins, narcisses odorants, jacinthes, violettes et
crocus jaunes, et par-dessus tout la splendeur cramoisie de la rose sauvage. Enchantées,
les fillettes poursuivaient leur cueillette, passant d’une prairie dans l’autre.
Elles étaient toutes ravissantes mais Europe brillait parmi elles comme la
déesse de l’Amour dépasse les Grâces en éclat. Et ce fut précisément cette
déesse de l’Amour qui provoqua ce qui allait ensuite se passer. Tandis qu’accoudé
aux célestes balcons, Zeus observait ce joli spectacle, celle qui seule avait
le pouvoir de subjuguer le dieu — seule, mais avec le concours de son fils,
le malicieux Cupidon – celle-là, donc, prit son arc et d’une flèche perça le
cœur de Zeus qui à l’instant même s’éprit d’un fol amour pour Europe. Bien qu’Héra
fût pour l’instant absente, il pensa qu’il valait mieux montrer quelque
prudence, aussi jugea-t-il plus sage de se changer en taureau pour paraître
devant Europe. Non de ces taureaux que l’on voit dans une étable ou paissant
dans un pré mais un taureau superbe, comme on n’en avait jamais vu et comme on
n’en verra jamais plus, avec une robe couleur de châtaigne, un front marqué d’un
disque d’argent et surmonté d’une come en croissant de lune. Il semblait si
doux que les jeunes filles ne s’effrayèrent pas de le voir approcher ; elles
l’entourèrent et le caressèrent à l’envi, respirant avec délices le parfum qui
venait de lui, un parfum plus odorant encore que celui des fleurs de la prairie.
Ce fut vers Europe qu’il se tourna et tandis qu’elle le flattait gentiment de
la main, il meugla si harmonieusement que même une flûte n’eût pu rendre un son
plus mélodieux.
    Alors il se coucha à ses pieds, semblant lui offrir son
large dos, et elle cria aux autres de la rejoindre et de le monter avec elle,
    Car, j’en suis sûre, il pourrait nous porter
toutes ;
    Et il semble si doux, si gentil à voir,
    Il ressemble plus à un homme qu’à un taureau
    Sauf qu’il ne parle pas.
    Elle s’assit en souriant sur le vaste dos, mais les autres, toutes
vives qu’elles fussent, n’eurent pas le temps de l’imiter. Le taureau fit un
bond et s’en fut à toute allure vers la mer, puis, non dedans mais au-dessus de
la grande étendue d’eau. Et tandis qu’il les foulait, les vagues se calmaient
sous lui, et toute une procession surgit des profondeurs et le suivit – les
étranges divinités marines, Néréides chevauchant des dauphins, Tritons
soufflant dans des conques, et le puissant Seigneur de la Mer lui-même, le
propre frère de Zeus.
    Effrayée tout autant par ces étonnantes créatures que par
les eaux mouvantes qui l’entouraient de toutes parts, Europe se retenait d’une
main à la corne du taureau et de l’autre relevait sa robe pourpre pour éviter
de la mouiller, et les vents :
    En gonflaient les plis comme une voile
    Gonfle sur un bateau, et avec douceur
    Ils la faisaient voguer.
    Ce ne peut être un taureau, mais certainement un dieu, pensait
Europe ; et elle l’implora d’avoir pitié d’elle et de ne pas l’abandonner,
seule, sur quelque terre étrangère. Il répondit, montrant ainsi qu’elle avait
justement deviné ce qu’il était en réalité. Il lui dit de ne pas s’épouvanter. Il
était Zeus, le plus grand de tous les dieux, et tout ce qu’il faisait en ce
moment lui était inspiré par son amour pour elle. Il l’emmenait en Crète, son
île, où sa mère l’avait caché dès sa naissance pour le soustraire à Cronos, son
père, et là, elle lui donnerait :
    Des fils glorieux dont les sceptres
exerceraient leur pouvoir
    Sur tous les hommes de la terre.
    Bien entendu, tout se passa comme Zeus l’avait dit.

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