La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
La Crète
fut bientôt en vue ; ils abordèrent et les Saisons, ces gardiennes des
portes de l’Olympe, parèrent la jeune fille pour ses noces. Ses fils furent
célèbres non seulement en ce monde mais dans l’autre – où deux d’entre eux, Minos
et Rhadamanthe, devinrent les juges des morts, en récompense de la justice qu’ils
avaient montré sur la terre. Mais c’est le nom d’Europe qui demeure à jamais le
mieux connu.
Le cyclope Polyphème
La première partie de ce récit
remonte à l’Odyssée ; la seconde n’est contée que par Théocrite, un poète
qui vivait au III e siècle, à
Alexandrie ; seul le satiriste Lucien (II e s. après J.—C.) pouvait écrire la troisième
partie. Mille ans au moins séparent le début de cette légende de sa fin. La
vigueur et la puissance de narration d’Homère, les fantaisies aimables de
Théocrite, le cynisme intelligent de Lucien apportent tour à tour leur
contribution particulière à la littérature grecque.
À l’exception des Cyclopes, toutes les formes monstrueuses
de vie créées aux débuts du monde – les êtres aux cent mains, les Géants et les
autres – furent, après leur défaite, à jamais bannies de la terre. Aux Cyclopes
seuls, il fut permis de revenir et ils devinrent finalement les grands favoris
de Zeus. Excellents ouvriers, ils forgeaient les éclairs du dieu. Ils n’étaient
que trois au début, mais plus tard, ils devinrent plus nombreux. Zeus les
installa dans une contrée fortunée, où les vignes et les champs portaient d’eux-mêmes
des fruits abondants sans qu’il fût nécessaire de labourer ou de semer. Les
Cyclopes possédaient de grands troupeaux de brebis et de chèvres et vivaient
fort à leur aise. Cependant, leur férocité et leur barbarie restaient entières ;
ils n’avaient ni lois ni cours de justice et chacun agissait selon son bon
plaisir. C’était un pays que les étrangers faisaient bien d’éviter.
Longtemps après que Prométhée eut été châtié, lorsque les
descendants des hommes qu’il avait secourus furent devenus civilisés et qu’ils
eurent appris à construire des bateaux de grande envergure, un prince grec
échoua son navire sur le rivage de cette contrée dangereuse. Son nom était
Odysseus (nom grec d’Ulysse) et il s’en revenait chez lui après avoir participé
à la destruction de Troie. Jamais au cours des plus durs combats contre les
Troyens il n’avait d’aussi près approché la mort.
Non loin de l’endroit où son équipage avait amarré le
vaisseau, il y avait une caverne largement ouverte sur la mer. Elle semblait
inhabitée ; une barrière solide en défendait l’entrée. Avec douze de ses
hommes, Odysseus s’en fut l’explorer. Ils étaient à court de vivres et il prit
avec lui une outre en peau de chèvre remplie d’un vin moelleux et puissant qu’il
donnerait à l’éventuel habitant de ce lieu en échange de son hospitalité. La
barrière n’étant pas fermée, ils entrèrent dans la caverne. Personne ne s’y
trouvait mais il sautait aux yeux qu’elle servait de demeure à un personnage
fort prospère. Tout au long de ses parois, des enclos retenaient une foule de
chevreaux et d’agneaux, et sur des étagères s’empilaient fromages et seaux
remplis de lait crémeux, vision délectable pour les voyageurs exténués, qui
mangèrent et burent en attendant le retour du maître de céans.
Il vint enfin, hideux et immense, aussi haut qu’un pic
montagneux. Poussant son troupeau devant lui, il entra et ferma l’orifice de la
caverne avec une énorme dalle de pierre. Regardant alors autour de lui, il
aperçut les étrangers et cria d’une voix tonnante : « Qui êtes-vous
pour oser pénétrer sans en être priés dans la maison de Polyphème ? Des
commerçants ou des pirates ? » Sa vue les avait tous frappés de
terreur et d’horreur, mais Odysseus s’avança pour répondre, et avec fermeté :
« Nous sommes des naufragés, combattants de Troie, et tes suppliants, sous
la protection de Zeus, le dieu des suppliants. » Mais Polyphème rugit qu’il
s’intéressait fort peu à Zeus. Lui-même était plus grand que n’importe quel
dieu et n’en craignait aucun. Ayant dit, il étendit deux bras puissants, dans
chacune de ses mains il saisit un homme et fit jaillir sa cervelle en lui
écrasant le crâne sur le sol. Lentement il se régala de cet affreux festin, puis,
repu, il s’étendit en travers de la caverne et s’endormit. Il
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