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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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n’avait pas à
craindre d’attaque, personne d’autre que lui ne pouvait rouler la dalle qui
bouchait l’entrée et même si les hommes horrifiés avaient trouvé la force et le
courage de le tuer, ils se seraient en même temps condamnés à demeurer à jamais
emprisonnés.
    Pendant cette nuit interminable, Odysseus pensa à l’affreux
carnage qui s’était passé et qui serait le lot de chacun d’eux s’il ne trouvait
un moyen de fuir. Mais lorsque l’aube se leva et que le bruit du troupeau se
rassemblant à la porte réveilla le Cyclope, aucune idée ne lui était encore
venue. Il dut assister à la mort de deux de ses compagnons, car Polyphème
déjeuna comme il avait dîné. Puis, après avoir fait sortir son troupeau, il
bloqua l’entrée en y poussant la grande dalle de pierre aussi facilement qu’un
homme ouvre et ferme son carquois. Toute la journée, enfermé dans la caverne, Odysseus
réfléchit. Quatre de ses hommes avaient péri d’une mort hideuse. Allaient-ils
tous subir le même sort ? Enfin, un plan prit forme dans son esprit. Dans
un coin, près des parcs à moutons, il y avait un pieu énorme, aussi grand et
aussi épais que le mât d’un vaisseau à 20 rames. Odysseus en coupa une bonne
partie, puis avec l’aide de ses compagnons, il en aiguisa et durcit une
extrémité en la tournant et la retournant dans le feu. Ils avaient à peine
achevé et caché le pieu quand le Cyclope revint, et une nouvelle fois, impuissants,
ils durent assister à l’horrible festin. Quand il prit fin, Odysseus remplit
une coupe du vin qu’il avait apporté avec lui et l’offrit au Cyclope ; celui-ci
le but avec délices et en réclama encore et encore – jusqu’à ce qu’enfin il
succombât à un sommeil d’ivrogne. Alors, Odysseus et ses hommes sortirent le
grand pieu de sa cachette et en chauffèrent la pointe dans la braise. Un
pouvoir venu d’en-haut leur insuffla un courage désespéré et ils enfoncèrent le
pieu incandescent dans l’œil du Cyclope. Avec un hurlement effroyable, celui-ci
se leva d’un bond et arracha le pieu de son œil. Il se ruait d’un côté à l’autre
de la caverne, cherchant ses bourreaux, mais aveugle comme il l’était à présent,
il ne put en atteindre aucun.
    Enfin, il repoussa la dalle de pierre et s’assit à l’entrée
de la caverne, les bras étendus, pensant ainsi les saisir quand ils tenteraient
de sortir. Mais là encore, Odysseus avait un plan. Il pria chaque homme de
choisir trois béliers à la toison bien fournie et de les lier l’un à l’autre
avec des écorces flexibles et solides, puis d’attendre le lever du jour et le
moment où le troupeau serait envoyé au pâturage. L’aube vint enfin ; tandis
que les animaux se pressaient pour sortir, Polyphème les fit passer entre ses
jambes et leur tâta le dos pour s’assurer qu’aucun d’eux ne portait un homme. Pas
un instant il ne pensa à leur tâter le ventre et cependant c’était là que se
trouvaient ses prisonniers, chacun d’eux accroché à la toison du bélier du
milieu. À peine sortis de l’antre du Cyclope, ils se laissèrent tomber puis, courant
vers le vaisseau, ils le mirent à l’eau et montèrent à bord. Mais Odysseus
était trop furieux pour partir en gardant un silence prudent. Par-dessus la mer,
il lança un grand cri au Cyclope aveugle, toujours debout à l’entrée de sa
caverne. « Tu n’étais donc pas assez fort pour manger tous ces hommes
chétifs, Cyclope ? Te voilà justement châtié de ce que tu as fait à ceux
qui étaient tes hôtes, dans ta maison. »
    Ces mots piquèrent Polyphème au vif. Il se leva d’un bon, saisit
un énorme quartier de rocher qui se trouvait par là et le jeta sur le vaisseau.
Le rocher manqua d’un cheveu la proue du navire mais souleva un tel remous que l’équipage
dut appuyer de toutes ses forces sur les rames pour s’éloigner de la terre. Quand
Odysseus vit qu’ils étaient enfin en sécurité, il ne put résister à l’envie de
crier de nouveau, d’un ton de mépris provocant : « Cyclope, Odysseus,
le destructeur de cités, a crevé ton œil – dis-le à tous ceux qui te poseront
des questions. »
    Le géant ne pouvait plus rien, ils étaient déjà trop loin. Il
s’assit sur la grève, aveugle.
    Pendant bien des années, ce fut le seul récit consacré à
Polyphème. Les siècles passaient, il restait le même monstre immense, effrayant,
sans forme, avec un œil crevé. Puis il se transforma,

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