La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
au sujet
des mensonges des amants tout comme la brève histoire de Syrinx sont bien dans
la manière d’Ovide.
Prométhée venait à peine de donner le feu aux hommes et il était
depuis peu enchaîné à son pic rocheux du Caucase, quand il reçut une étrange
visiteuse. Une créature éperdue venait vers lui, escaladant gauchement falaises
et varappes. Elle s’arrêta net à la vue de Prométhée et s’écria :
Que vois-je ?
Une forme battue des vents Enchaînée au rocher.
As-tu fait le mal ?
Est-ce là ton châtiment ?
Où suis-je ?
Réponds à l’infortunée vagabonde.
Assez – oh assez – je n’ai que trop souffert
déjà –
Cette errance – cette longue, longue
errance –
Je ne trouve nul endroit où laisser ma
souffrance !
C’est une jeune fille qui te parle
Bien que sa tête porte des cornes.
Prométhée la reconnut. Il n’ignorait rien de son histoire et
il l’appela par son nom.
Je te connais, Io, fille d’Inachos.
Tu as enflammé le cœur du dieu
Et Héra t’a prise en haine.
C’est elle qui t’oblige à cette fuite qui ne
connaît pas de fin.
Io fut tellement étonnée qu’elle en oublia sa terreur. Elle
restait là, immobile, stupéfaite. Son nom – dit par cet étranger, dans ce lieu
étrange et solitaire ! Elle l’implora :
Qui donc es-tu, infortuné, toi qui dis la
vérité
À celle qui souffre ?
Et il répondit :
Tu vois Prométhée, celui qui donna le feu aux hommes.
Dans ce cas, elle le connaissait, lui et son histoire,
Toi – celui qui sauva toute la race
humaine ?
Tu serais Prométhée, l’audacieux, le vaillant…
Alors ils s’entretinrent familièrement, sans contrainte. Il
lui raconta comment Zeus l’avait traité et elle lui dit que c’était à Zeus qu’elle-même,
jadis une princesse jeune et heureuse, devait d’être changée en :
Un animal, une bête affamée
Qui fuit, affolée, par grands bonds maladroits
O honte…
Héra, l’épouse jalouse du dieu, était la cause directe de
ses infortunes mais Zeus restait le grand responsable ; il envoyait :
Dans ma chambre virginale
Toujours des rêves, pendant la nuit.
Qui murmuraient des mots tendres et doux :
« O heureuse, heureuse jeune fille.
Pourquoi garder si longtemps ta virginité ?
La flèche du désir a transpercé Zeus.
Par toi il veut capturer l’amour. »
Et toujours, chaque nuit, de tels rêves s’emparaient
de moi.
Mais la crainte que la jalousie d’Héra inspirait à Zeus
était plus grande encore que son amour et tout Père des Dieux et des Hommes qu’il
fût, il agit, en vérité, avec bien peu de sagesse lorsqu’il tenta de se cacher
– et Io avec lui – en enveloppant la terre d’un nuage si épais et si sombre que
la nuit sembla chasser le jour. Il devait y avoir une raison à cet étrange phénomène ;
Héra le comprit parfaitement et aussitôt soupçonna son époux. Elle se mit à sa
recherche et comme elle ne le trouvait nulle part au ciel, elle descendit
rapidement sur la terre et donna au nuage l’ordre de disparaître. Mais Zeus
avait été tout aussi prompt. Quand Héra l’aperçut, il se tenait debout à côté d’une
ravissante génisse – Io, bien entendu. Il jura qu’il ne l’avait jamais vue
auparavant et qu’elle venait à l’instant de jaillir de la terre. Et ceci prouve,
nous dit Ovide, que les mensonges des amants n’irritent pas les dieux. Cela ne
semble pas pour autant les rendre plus efficaces, car Héra n’en crut pas un mot.
Elle admit que la génisse était bien jolie : Zeus consentirait-il à lui en
faire présent ? Désolé, Zeus cependant comprit aussitôt qu’un refus
dénoncerait toute l’affaire. Quelle excuse pouvait-il fournir ? Une petite
vache insignifiante… À regret, il donna Io à son épouse, qui trouva sans peine
le moyen d’empêcher les amants de se retrouver.
Elle confia Io à Argus, arrangement excellent s’il en fut — en
ce qui concerne Héra, tout au moins – car Argus avait cent yeux. Avec un tel
gardien, qui pouvait dormir en fermant quelques yeux et veiller avec le reste, Zeus
semblait ne plus rien pouvoir tenter. Il vit la détresse d’Io changée en bête, arrachée
à sa famille, et il n’osa la secourir. Cependant, il alla enfin trouver son
fils Hermès, le messager des dieux, et lui dit de trouver un moyen de tuer
Argus. Aucun dieu n’était plus intelligent qu’Hermès. À peine avait-il sauté du
ciel sur la terre qu’il déposa tous ses attributs
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