La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
change
en ombre
Dans l’abîme ténébreux de la mort.
C’est ce que fit Chiron cependant, et Zeus semble avoir
accepté la substitution. On nous dit encore qu’Héraclès tua l’aigle et libéra
Prométhée de ses chaînes, et que Zeus ne s’y opposa pas. Mais nous ne savons
pas pourquoi Zeus changea d’avis ni si Prométhée révéla le secret. Une chose
est certaine néanmoins ; de quelque façon que s’opérât la réconciliation, ce
ne fut pas Prométhée qui céda. À travers tous les siècles, depuis les Grecs
jusqu’à nos jours, son nom est resté celui d’un grand rebelle dressé contre l’injustice
et l’abus du pouvoir.
Il existe encore un autre récit de la création du monde. Selon
celui des cinq âges successifs, les hommes descendent de la race du fer. Dans l’histoire
de Prométhée, on ne nous dit pas clairement si les hommes qu’il sauva de la
destruction appartenaient à cette même race ou à celle du bronze ; à l’une
comme à l’autre, le feu aurait été tout aussi nécessaire. Suivant la troisième
légende, les hommes seraient issus d’une race de pierre et leur histoire
commence par le Déluge.
Sur toute l’étendue de la terre, les hommes étaient devenus
si pervers que Zeus décida de les exterminer.
D’envoyer l’orage et la tempête jusqu’aux
limites du monde
Et d’en finir avec l’homme mortel.
Il envoya le déluge. Avec son frère, le dieu de la Mer dont
il réclama le concours, il noya toute la surface de la terre sous les eaux du
ciel tombant en pluies torrentielles et celles des rivières sorties de leur lit.
Les puissances de l’eau submergèrent la sombre terre
jusqu’aux plus hauts sommets des montagnes. Seul le pic le
plus élevé, le Parnasse, ne fut pas entièrement recouvert et c’est à cet étroit
espace que le genre humain doit d’avoir échappé à la destruction. Quand il eut
plu pendant neuf jours et neuf nuits, ce qui semblait être un grand coffre de
bois s’en vint en dérivant vers cet endroit, et dans cet esquif, sains et saufs,
se trouvaient deux êtres humains, un homme et une femme, Deucalion et Pyrrha. Il
était le fils de Prométhée et elle, sa nièce, fille d’Epiméthée et de Pandore. Prométhée,
l’être le plus sage de l’univers, avait su protéger sa famille. Sachant que le
déluge viendrait, il avait prié son fils de construire un coffre et d’y monter
avec sa femme, non sans l’avoir, au préalable, chargé de provisions.
Zeus, par bonheur, ne s’en offensa pas, car ils étaient tous
deux de pieux et fidèles adorateurs des dieux. Lorsque l’esquif aborda et qu’ils
en descendirent, ils ne virent autour d’eux aucun signe de vie, rien qu’une
immensité d’eau ; et Zeus les prit en pitié ; il ordonna aux eaux de
se retirer. Lentement, comme une marée baissante, la mer et les rivières se
retirèrent et la terre réapparut. Seules créatures vivantes dans un monde mort,
Pyrrha et Deucalion descendirent du Parnasse. Ils trouvèrent un temple couvert
de vase et de mousse mais pas tout à fait en ruines et là, ils rendirent grâce
aux dieux de leur protection et les prièrent de les aider dans cette solitude désolée.
Ils entendirent une voix : « Voilez-vous la face, sortez du temple et
jetez derrière vous les os de votre mère. » Cet ordre les frappa d’horreur.
« Jamais nous n’oserons faire une chose pareille », dit Pyrrha. Deucalion
ne pouvait que lui donner raison, mais après avoir longuement réfléchi au sens
peut-être caché de ces mots, il l’entrevit tout à coup : « La terre
est notre mère commune », dit-il à sa femme, « les pierres sont ses
os et nous pouvons les jeter derrière nous sans faire le mal. » C’est ce
qu’ils firent, et les pierres en tombant prirent formes d’hommes ou de femmes
selon qu’elles étaient jetées par Deucalion ou Pyrrha. Ce fut le peuple de
Pierre, une race dure et endurante ainsi qu’il fallait s’y attendre et telle qu’il
lui fallait bien être pour arracher la terre à la désolation laissée par le
déluge.
Les premiers héros
Prométhée et Io
Les sujets de ce récit sont empruntés à deux poètes, le
Grec Eschyle et le Romain Ovide, séparés l’un de l’autre par 450 années et plus
encore par leurs dons et leurs tempéraments. Cette légende trouve en eux ses
meilleures sources et il est aisé de distinguer quel est, tour à tour, le
narrateur, Eschyle grave et direct, Ovide plaisant et léger. Le trait
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