La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
grande que toutes les
filles rêvaient de lui appartenir, mais il n’en regardait aucune. Il répondait
par une parfaite indifférence aux avances de la plus séduisante et les
adolescentes au cœur brisé ne l’intéressaient pas. Le chagrin de la charmante
nymphe Echo ne réussit pas davantage à l’émouvoir. Elle était une favorite d’Artémis,
la déesse des bois et des créatures sauvages, mais elle déplut à une déesse
plus puissante encore, à Héra en personne, qui vaquait à ses activités
habituelles c’est-à-dire qu’elle cherchait à découvrir celles de Zeus, son
époux. Héra soupçonnait celui-ci d’entretenir une intrigue amoureuse avec l’une
des nymphes, mais laquelle ? C’est ce qu’elle voulait savoir et elle
décida de mener une enquête. Ses investigations furent aussitôt freinées par le
gai bavardage d’Echo. Tandis que la déesse l’écoutait, amusée, les deux autres
s’esquivèrent furtivement et Héra dut renoncer pour cette fois à découvrir sur
qui s’était porté la fantaisie vagabonde du seigneur de l’Olympe. Avec son
injustice habituelle, elle tourna sa fureur contre Echo ; elle la condamna
à ne plus se servir de sa langue que pour répéter ce qui lui était dit :
« Tu auras toujours le dernier mot, mais jamais plus tu ne parleras la
première », lui dit Héra.
Le châtiment était dur, rendu plus cruel encore par l’amour
qu’Echo, comme toutes les jeunes filles, portail à Narcisse. Elle le suivait
partout, mais elle ne pouvait lui parler. Comment, dans ces conditions, parviendrait-elle
à attirer l’attention d’un jeune homme qui faisait profession de mépriser
toutes les femmes ? Un jour cependant, elle se crut sur le point de
réussir. Il appelait ses compagnons : « L’un de vous est-il ici ? »,
et elle répondit, enchantée : « Ici
– ici. » Elle était encore cachée par les arbres, il ne pouvait la voir, et
il cria : « Viens ! », le mot qu’elle avait toujours brûlé
de lui dire. Elle répéta joyeusement : « Viens ! », et elle
sortit du bois en tendant les bras. Mais il se détourna d’elle avec dégoût.
« Pas cela », dit-il. « Je mourrai avant que je te donne pouvoir
sur moi. » Humblement, d’un ton suppliant, elle ne put que dire :
« Je te donne pouvoir sur moi », mais déjà, il était parti. Elle
cacha sa rougeur et sa honte dans une grotte solitaire et ne se consola jamais.
Depuis, elle vit dans des antres et des creux de rochers, et l’on dit que ses
regrets l’ont tant fait maigrir et dépérir, que seule sa voix lui reste.
Narcisse poursuivit sa carrière cruelle, se moquant toujours
de l’amour. Mais un jour, l’une de celles qu’il avait blessées adressa aux
dieux une prière qui fut exaucée : « Que
celui-là qui n’aime aucun autre s’éprenne de lui-même ». La grande Némésis,
déesse de la juste colère, se chargea de mener ce vœu à bien. Tandis que
Narcisse se penchait pour boire sur le bord d’une claire fontaine, il y aperçut
sa propre image et s’en éprit sur-le-champ. « Je sais maintenant ce que d’autres
ont souffert par moi », s’écria-t-il, « car je brûle d’amour pour
moi-même – et cependant, comment pourrais-je approcher cette beauté que je vois
reflétée dans l’eau ? Mais je ne peux m’en éloigner. Seule la mort me
libérera ». Et il en fut ainsi. Perpétuellement penché sur l’eau limpide, ne
se lassant pas de regarder sa propre ressemblance, il languit et dépérit. Echo
se tenait à ses côtés, mais elle ne pouvait rien pour lui ; seulement, quand
en mourant il s’adressa à son image : « Adieu, – adieu », alors
elle répéta ces mots, comme une dernière plainte.
On dit que lorsque l’ombre de Narcisse traversa la rivière
qui encercle le monde des morts, elle se pencha par-dessus le bord de la barque
pour entrevoir une dernière fois son reflet dans l’eau.
Une autre fleur naquit de la mort d’un bel adolescent :
l’Hyacinthe, ou jacinthe. Elle n’a rien de commun, elle non plus, avec la fleur
que nous appelons de ce nom ; autrefois, elle était pourpre – d’aucuns
disent cramoisie – son calice avait la forme de celui du lys. Ce fut une mort
tragique et elle était commémorée chaque année par :
Le festival d’Hyacinthe
Qui dure tout au long de la nuit tranquille.
Au cours d’une joute avec Apollon, il mourut.
Ensemble, ils jouaient aux palets
Et celui du dieu dépassa le but qu’il
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