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La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes

Titel: La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edith Hamilton
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faut qu’elles t’aperçoivent. Sinon, tu deviendrais pour moi
la cause d’une grande peine et pour toi, celle de ta propre destruction. »
Elle promit de ne pas se laisser voir, mais passa toute la journée
suivante à pleurer en pensant à ses sœurs et à la défense qui lui était faite
de les consoler. Elle pleurait encore quand son mari revint et même les
caresses qu’il lui prodigua ne purent tarir ses larmes. Enfin, avec chagrin, il
céda : « Fais ce que tu veux », dit-il, « mais je te le
répète, tu prépares toi-même ta propre destruction ». Alors, solennellement,
il lui dit de ne se laisser persuader par personne de tenter à le voir, sous
peine d’être à jamais séparée de lui. Psyché se récria. Elle ferait comme il l’en
priait. Elle préférait mourir cent fois à vivre sans lui. « Mais
accorde-moi la joie de revoir mes sœurs », dit-elle. Tristement, il le lui
promit.
    Le lendemain, portées par Zéphyre, les deux sœurs
descendirent de la montagne. Heureuse, le cœur battant, Psyché les attendait. Avant
que toutes trois pussent se parler, un long moment s’écoula ; leur joie
était trop grande pour s’exprimer sauf par des larmes et des étreintes. Enfin, elles
entrèrent dans le palais et les deux aînées en virent tous les trésors sans
pareils ; attablées devant le somptueux festin, elles entendirent la
merveilleuse musique. Et l’envie, l’amère envie s’empara d’elles, ainsi qu’une
curiosité dévorante. Qui était le seigneur de toute cette magnificence ? Qui
était l’époux de leur sœur ? Elles voulaient le savoir. Mais Psyché tint
parole. Elle se contenta de répondre que son mari était un homme jeune et que
pour le moment il participait à une expédition de chasse. Puis, après avoir
rempli leurs mains d’or et de joyaux, elle pria Zéphyre de les ramener sur la
colline. Elles quittèrent Psyché assez volontiers, mais le feu de la jalousie
brûlait dans leurs cœurs. Comparées à celles de Psyché, toutes leurs propres
richesses et leur heureuse fortune leur semblaient réduites à néant, et leur
colère envieuse grandit tellement en elles, qu’elles en vinrent finalement à
comploter ensemble la perte de leur sœur.
    Cette nuit-là, l’époux de Psyché la mit une fois de plus en
garde. Mais elle ne voulut rien écouter quand il la supplia de ne pas laisser
revenir ses sœurs. Elle lui rappela qu’elle ne pouvait jamais le voir. Fallait-il
qu’on lui interdît de voir qui que ce soit, même ses sœurs qui lui étaient si
chères ? Il céda de nouveau, et bientôt les deux méchantes femmes
arrivèrent, leur complot soigneusement mis au point. Les mots hésitants de leur
sœur et ses réponses pleines de contradictions quand elles lui avaient demandé de
leur décrire son mari avaient alerté leur attention, et elles étaient
maintenant convaincues que non seulement Psyché n’avait jamais posé les yeux
sur lui mais qu’elle ignorait aussi ce qu’il était en réalité. Elles ne lui
dirent rien de tout ceci mais elles lui reprochèrent de dissimuler sa désolante
condition à ses propres sœurs. Elles avaient appris, ajoutèrent-elles, et elles
étaient maintenant assurées du fait, que son mari n’était pas du tout un homme
mais bien l’affreux serpent annoncé par l’oracle d’Apollon. Il se montrait doux
pour l’instant, mais une nuit viendrait où il se jetterait sur elle pour la
dévorer.
    Psyché, consternée, sentait que la terreur envahissait son
cœur et en chassait l’amour. Elle-même s’était si souvent demandé pourquoi il ne
lui permettait pas de le voir. Il devait y avoir à cela une terrible raison. Que
savait-elle de lui, en réalité ? Et s’il n’était pas affreux, pourquoi
avait-il la cruauté de se dérober à sa vue ? Misérable à l’excès, troublée,
balbutiante, elle laissa entendre à ses sœurs qu’elle ne pouvait nier ce qu’elles
lui avaient dit car jusqu’ici, son mari ne l’avait rejointe que dans l’obscurité
la plus profonde. « Il doit y avoir quelque chose d’horrible en lui pour
qu’il craigne ainsi la lumière du jour », dit-elle en sanglotant, et elle
les pria de lui donner un conseil.
    Elles le tenaient tout prêt, l’ayant préparé à l’avance. Cette
nuit-là, Psyché devrait cacher un couteau bien effilé et une lampe à côté de
son lit. Quand son mari serait profondément endormi, elle se lèverait, elle
allumerait la lampe et se saisirait du couteau,

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