La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
l’embouchure du Simoïs, l’un des
fleuves de Troie, le premier à sauter sur la grève fut Protésilas. C’était là
un acte de grande bravoure, car l’oracle avait prédit que le premier à toucher
terre serait aussi le premier à mourir. C’est pourquoi, lorsqu’il tomba percé
par une lance troyenne, les Grecs lui rendirent les honneurs dus à un dieu, et
les dieux eux aussi le distinguèrent grandement. Ils chargèrent Hermès de le
ramener du séjour des morts afin qu’il pût, une dernière fois, apercevoir sa
femme inconsolable, Laodomie. Elle refusa de le perdre une seconde fois, et
lorsqu’il retourna dans le monde souterrain, elle l’y suivit ; elle s’était
donné la mort.
Les mille vaisseaux portaient une multitude de guerriers et
l’Armée Grecque était très puissante, mais la cité Troyenne ne l’était pas
moins. Priam, le Roi, et Hécube, sa Reine, avaient des fils nombreux et
courageux pour mener l’attaque et défendre les murailles ; l’un d’eux
surtout, Hector, celui que nul et en aucun lieu ne valait en noblesse et en
bravoure et auquel on ne pouvait opposer qu’un seul plus grand guerrier, Achille,
le champion des Grecs. Chacun d’eux savait qu’il tomberait avant la chute de
Troie. Achille en avait été prévenu par sa mère : « Très bref sera
ton destin. Plût au ciel que larmes et soucis te soient épargnés, car tu ne
dureras pas longtemps, mon enfant, éphémère entre tous les hommes, et pitoyable. »
Aucune divinité n’avait averti Hector, mais sa conviction était pareille. « Dans
mon cœur et dans mon âme, je sais que le jour viendra où Troie sera détruite et
Priam et le peuple de Priam », dit-il à sa femme Andromaque. Les deux
héros combattaient à l’ombre d’une mort certaine.
Pendant neuf ans, la victoire oscilla, tantôt d’un côté, tantôt
de l’autre. Aucun n’était de force à s’assurer un avantage décisif. Alors une
querelle s’éleva entre deux Grecs, Achille et Agamemnon, et pendant quelque
temps le sort tourna en faveur des Troyens. Une fois encore, la cause en était
une femme, Chryséis, fille du prêtre d’Apollon, que les Grecs avaient enlevée
et donnée à Agamemnon. Son père vint implorer sa libération, mais Agamemnon
refusa. Alors le prêtre adressa ses prières au dieu puissant qu’il servait et
Phébus Apollon l’entendit. De son char du soleil, il décocha des flèches
embrasées sur l’Armée Grecque, et les hommes tombaient malades et mouraient en
masses, et les bûchers funérailles flambaient continuellement.
Enfin, Achille réunit une assemblée des Chefs. Il leur dit
qu’ils ne pouvaient lutter à la fois contre la peste et les Troyens, et qu’il
leur fallait ou trouver un moyen d’apaiser Apollon ou reprendre le chemin du
retour. Alors Calchas, le prophète, se leva ; il leur dit qu’il
connaissait la raison de la colère d’Apollon mais que, trop effrayé pour parler,
il ne la leur révélerait que si Achille consentait à se porter garant de sa
sécurité. « J’y consens », répondit Achille, « même si tu
accuses Agamemnon. » La signification de ces mots n’échappa à personne ;
ils savaient tous comment le prêtre d’Apollon avait été traité. Quand Calchas
déclara que Chryséis devait être rendue à son père, il eut tous les Chefs pour
lui, et Agamemnon, grandement irrité, se vit forcé de céder. « Mais si je
la perds, elle qui était ma prise d’honneur, je veux qu’une autre prenne sa
place », dit-il à Achille.
En conséquence, lorsque Chryséis l’eut quitté pour retourner
chez son père, Agamemnon envoya deux de ses écuyers dans la tente d’Achille
pour y enlever la prise d’honneur de ce héros, la vierge Briséis. De fort
mauvais gré, ils s’y rendirent et se tinrent devant Achille, dans un silence
profond. Mais lui, qui connaissait leur mission, les rassura ; il leur dit
qu’il ne les tenait pas pour responsables du tort qui lui était fait. Sans
crainte pour eux-mêmes, qu’ils emmènent la jeune fille, mais d’abord qu’ils
écoutent le serment fait par lui, Achille, devant les dieux et les hommes, d’obliger
Agamemnon à payer chèrement son forfait.
Cette nuit-là, la mère d’Achille, Thétis, la Néréide aux
pieds d’argent, vint le trouver. Elle était aussi irritée que lui. Elle lui dit
de ne plus se mêler des affaires des Grecs, et sur ces mots s’éleva jusqu’au
ciel pour prier Zeus de donner la victoire aux Troyens.
Weitere Kostenlose Bücher