La mythologie : Ses dieux, ses héros, ses légendes
du
prosateur Apollodore, qui l’écrivit sans doute au I er ou au II e siècle de notre ère. Celui-ci se
montre habituellement fort peu intéressant, mais lorsqu’il traite des événements
qui amenèrent la Guerre de Troie et qui furent plus tard décrits dans l’Iliade,
il est apparemment touché par la grandeur du sujet et il s’y révèle moins
ennuyeux que dans presque toutes les autres parties de son œuvre.
Plus de mille ans avant le Christ, à l’extrémité orientale
de la Méditerranée, il y avait une grande cité qui ne le cédait à aucune autre
en richesse et en puissance. Son nom était Troie, et aujourd’hui encore nulle n’est
plus fameuse. La cause de cette renommée immortelle est une guerre chantée par
l’un des plus grands poèmes jamais écrits, et la cause de cette guerre remonte
à une querelle entre trois déesses jalouses.
Prologue : le Jugement de Pâris
Eris, la méchante déesse de la Discorde, n’était guère
populaire dans l’Olympe – ce qui ne surprendra personne – et lorsque les dieux
donnaient un banquet, ils avaient tendance à l’oublier. Profondément froissée, elle
résolut de se montrer désagréable et y réussit parfaitement. À l’occasion d’un
mariage fort important, celui du Roi Pélée et de la Néréide Thétis, auquel
seule de tous les dieux, elle n’avait pas été conviée, elle jeta dans la salle
du festin une pomme d’or portant l’inscription : « A la plus belle ». Bien entendu, toutes
les déesses la convoitaient, mais le choix se limita enfin à trois d’entre
elles : Aphrodite, Héra et Pallas Athéna. Elles demandèrent à Zeus de leur
servir d’arbitre, mais très sagement, il refusa de se mêler de cette affaire. Il
leur dit de se rendre sur le Mont Ida, non loin de Troie, où le jeune Prince Pâris
(appelé aussi Alexandre) faisait paître les troupeaux de son père. C’était un
excellent juge en beauté, leur dit Zeus. Bien que prince royal, Pâris était
berger parce que Priam, son père, Roi de Troie, ayant été averti que son fils
causerait un jour la ruine de son pays, avait jugé plus prudent de l’éloigner. Pâris,
au moment qui nous occupe, vivait avec une nymphe ravissante nommée Œnone.
On imagine sa stupéfaction lorsqu’il vit apparaître devant
lui les formes merveilleuses des trois grandes déesses. Cependant, on ne lui
demanda pas de contempler les radieuses divinités et de désigner ensuite celle
qui lui paraîtrait la plus belle ; on le pria seulement de considérer les
cadeaux que chacune lui apportait dans le but de le soudoyer et de choisir
celui qui lui semblerait le plus avantageux. Le choix n’était pas facile. Tout
ce qui plaît le plus aux hommes lui fut proposé. Héra lui promit la
souveraineté sur l’Europe et l’Asie ; Athéna, qu’il mènerait les Troyens à
la victoire contre les Grecs et la Grèce à la ruine ; Aphrodite, que la
plus belle femme du monde lui appartiendrait. Pâris, qui était de caractère
faible et quelque peu lâche aussi comme les événements le prouvèrent dans la
suite, choisit la dernière offre. Il donna la pomme à Aphrodite.
Ce fut le Jugement de Pâris, bien connu dans le monde parce
qu’il fut la cause réelle de la Guerre de Troie.
La guerre de Troie
La plus belle femme du monde était Hélène, fille de Zeus et
de Léda, et sœur de Castor et Pollux. La renommée de sa beauté était telle qu’il
n’existait pas un seul jeune prince, en Grèce, qui ne souhaitât l’épouser. Quand
ses prétendants se rassemblèrent dans sa demeure pour demander officiellement
sa main, ils étaient si nombreux que son père putatif, le Roi Tyndare, époux de
sa mère, s’effraya d’en élire un parmi eux dans la crainte que les autres s’unissent
tous contre lui. C’est pourquoi il commença par exiger d’eux le serment qu’ils
soutiendraient la cause du mari d’Hélène, quel qu’il fût, si jamais un tort lui
était fait à la suite de son mariage. Somme toute, tous trouvaient avantage à
ce serment puisque chacun d’eux espérait être l’heureux élu ; tous s’engagèrent
donc à châtier avec la plus extrême rigueur quiconque enlèverait ou tenterait d’enlever
Hélène. Tyndare choisit alors Ménélas, frère d’Agamemnon, et le fit Roi de
Sparte par surcroît.
Les choses en étaient là quand Pâris donna la pomme d’or à
Aphrodite. La déesse de l’Amour et de la Beauté savait fort bien où trouver la
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